Pourquoi les prix du gaz augmentent

Pourquoi les prix du gaz augmentent

La facture de gaz d’une partie des Français risque d’être plus salée cet hiver. Les tarifs réglementés d’Engie vont encore augmenter de 12,6 % à partir du 1er octobre, par rapport au barème en vigueur applicable depuis le 1er septembre. Il s’agit de la plus forte hausse constatée depuis 2013 et la mensualisation du calcul – qui se faisait auparavant par trimestre.

Pour les ménages, cette flambée des prix risque de se faire ressentir à la période hivernale, lorsqu’il faudra se chauffer. Pour les industriels gros consommateurs (chimie, sidérurgie, agroalimentaire…), la facture est plus lourde dès aujourd’hui. La montée des cours renchérit aussi le prix de l’électricité produite par les centrales à gaz.

De quoi est composé le prix du gaz en France et pourquoi est-il si volatil ?

La loi prévoit que les tarifs réglementés couvrent les coûts du fournisseur historique qui les commercialise. C’est pourquoi ces tarifs peuvent évoluer tous les mois. La Commission de régulation de l’énergie (CRE), en charge de faire ces calculs, se base sur les coûts d’approvisionnement, les coûts de transport, de distribution, de stockage et de commercialisation du gaz.

Dans le détail, les coûts d’approvisionnement couvrent l’achat de gaz naturel auprès des producteurs et prennent en compte les extractions des gisements et le transport jusqu’aux frontières françaises. « La France ne dispose pas de gaz sur son territoire et importe 99 % de sa consommation de gaz naturel, elle est donc exposée, comme le reste de l’Europe, aux variations des prix de marché européens et mondiaux », rappelle la CRE dans son dernier communiqué.

À lire aussi  Les secrets des Boosters de Cartes Pokémon

CRE

Ainsi, au 1er octobre, le montant de la facture TTC d’un ménage chauffé au gaz et disposant d’un contrat au TRVG d’Engie, est de 1.482 euro/an, soit une hausse de 29 % depuis le 1er janvier 2019 et de 44 % depuis le 1er janvier 2020.

Quels facteurs expliquent cette flambée des prix ?

En premier lieu, cette hausse s’explique par le redémarrage simultané des économies mondiales après la crise sanitaire. Les ressources énergétiques, dont le gaz, sont tout à coup très demandées, ce qui fait automatiquement remonter les prix.

C’est particulièrement le cas en Chine. « Selon nos statistiques, la Chine est devenue ce mois-ci le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié, devant le Japon », expliquait récemment aux « Echos » Tom Marzec-Manser, analyste chez ICIS.

Autre facteur invoqué par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) : les prix des quotas d’émission de CO₂ en Europe, ces « droits à polluer » qui s’échangent sur le marché européen, ont bondi, ce qui fait progresser la consommation de gaz pour la production d’électricité au détriment du charbon.

Enfin, l’hiver dernier a été relativement froid en Europe et surtout plus long que d’habitude. Cela a poussé à la consommation de gaz pour le chauffage, qui a été 15 % supérieure à celle de 2020 lors des cinq premiers mois de l’année en France, selon GRTgaz. Résultat, les stocks européens ont été sérieusement entamés et n’ont pas pu être totalement reconstitués durant l’été, en raison, encore une fois, de la forte demande mondiale.

Faut-il blâmer la Russie ?

Les sources d’approvisionnement en gaz de la France et de l’Europe sont largement dépendantes de la Norvège et de la Russie, comme le montre ce graphique de la Commission de régulation de l’énergie :

À lire aussi  La mise à pied disciplinaire

En mer du Nord, la production a été ralentie par des arrêts techniques d’infrastructures, retardés l’an dernier à cause de la pandémie. C’est donc sur la Russie que repose actuellement l’approvisionnement de l’Europe. Et plus particulièrement sur Gazprom, le géant russe du secteur, qui détient le monopole des exportations vers l’Europe par gazoduc.

En temps normal, Gazprom aurait augmenté ses exportations pour répondre à la demande. Mais cette année, le géant du gaz était en pleine construction du gazoduc Nord Stream 2, récemment achevé. Le chantier avait longuement été retardé par les sanctions américaines contre Moscou.

Quel rapport avec la flambée des prix ? Le groupe proche du Kremlin est soupçonné – notamment par une quarantaine d’eurodéputés qui ont demandé une enquête auprès de la Commission – d’avoir réduit ses approvisionnements de gaz passant par l’Ukraine pour pousser l’Allemagne à approuver plus rapidement l’entrée en service de ce gazoduc à travers la mer Baltique – ce que Gazprom dément.

De nouvelles hausses sont-elles à craindre cet hiver ?

La Commission de régulation de l’énergie dit anticiper « un maintien de ces niveaux de prix très élevés pendant l’automne 2021 et l’hiver 2021-2022, puis une baisse à partir du printemps et de l’été 2022, avant un retour à la normale pour l’année 2023 ».

Cette hausse est toutefois à relativiser. Les prix payés par le consommateur français n’ont pratiquement pas augmenté par rapport à leur niveau de l’automne 2018, au moment de la crise des « gilets jaunes ». En effet, aucune hausse du prix du kWh n’a été notifiée entre janvier et octobre 2019. Durant la crise sanitaire, au moment des confinements, les prix se sont aussi retrouvés extrêmement bas en raison d’une faible demande.

À lire aussi  Ce que vous devez absolument savoir avant de signer une convention de stage

CRE

Comment adoucir la facture ?

La hausse des tarifs réglementés (TRV) ne concerne pas directement tous les foyers français abonnés au gaz, mais seulement ceux ​titulaires d’un contrat au TRV auprès d’Engie. Cela représente environ 3,1 millions de consommateurs sur les ​10,7 millions de particuliers connectés au réseau gazier. Ce tarif esten voie d’extinction : sa suppression totale est programmée pour l’été 2023.

Parmi les 7,6 millions de consommateurs résidentiels disposant d’un contrat en offre de marché, « plus de la moitié ont pris des contrats à prix fixe sur plusieurs années et ne sont pas concernés à court terme par cette hausse », affirme la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans son dernier communiqué.

Par ailleurs, anticipant les difficultés que la hausse des tarifs du gaz et de l’électricité risquent d’entraîner chez de nombreux ménages, pendant l’hiver notamment, le gouvernement a annoncé le versement en décembre d’une aide « exceptionnelle » de 100 euros aux 5,8 millions de Français du « chèque énergie ». De nouvelles mesures d’aide seront également annoncées « avant la fin octobre », a déclaré une source gouvernementale.