Depuis notre enfance, nos grands-mères nous mettent en garde contre cet insecte que nous n’avons jamais vu. Or, les punaises de lit sont bien réelles et, mauvaise nouvelle, elles semblent faire leur grand retour en France. Les signalements les concernant se multiplient en effet sur le territoire. « Depuis quelques années, les infestations de maisons et d’hôtels sont en augmentation », révèle l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France.
Les urgences du CHU de Nantes perturbées
Pendant une semaine en septembre, ce sont les urgences du CHU de Nantes qui ont eu affaire à ces petits nuisibles. Les dortoirs de l’hôpital en étaient infestés, poussant les patients à être accueillis sous des tentes devant l’établissement et soignés à l’Hôtel-Dieu de la ville.
A Nice, ce sont deux bâtiments d’une résidence étudiante qui ont dû être évacués le 19 septembre suite à une infestation.
Une recrudescence liée à l’augmentation des échanges mondiaux
Mais comment expliquer une telle recrudescence ? Les punaises de lit sont par nature vulnérables aux insecticides, plus particulièrement aux organophosphorés ou DDT, utilisés massivement dans les années 1950-1960. Mais l’interdiction progressive, depuis les années 1970, de ces produits pour des raisons d’écologie et de santé publique aurait pu contribuer à leur retour.
L’augmentation des échanges mondiaux et le tourisme de masse seraient également en cause selon Mehdi, employé de la société Technic 3d, spécialisée dans l’élimination des nuisibles : « Le développement du tourisme pousse les gens à voyager de plus en plus, et donc à ramener ces bêtes dans leur valise. Les punaises de lit sont ainsi principalement concentrées dans les grandes villes comme Paris, Londres ou encore New York. » L’ARS confirme : « Les voyages internationaux contribuent probablement à la propagation des infestations. » Les hôtels sont ainsi particulièrement touchés, puisqu’un afflux de touristes y circule continuellement.
Pas de risque majeur pour la santé
Ces insectes nuisibles ne représentent toutefois pas de réel danger pour la santé. « C’est surtout psychologique, explique Mehdi, on se réveille la nuit, on commence à se gratter et après on ne dort plus. Rarement, on peut avoir une réaction allergique. Il faut alors aller voir un médecin. » Beaucoup de gens vivent même aux côtés de ces insectes sans s’en rendre compte : « Lorsque l’on commence à s’en rendre compte ou qu’on les voit, c’est que l’infestation est avancée », ajoute-t-il. « Les piqûres de punaises de lit ne présentent pas un risque de transmission vectorielle d’agents infectieux », confirme l’ARS.
Mais alors, que faire pour remédier à ce phénomène ? L’Agence régionale de santé préconise plusieurs méthodes, parmi lesquelles : « l’aspiration en prenant soin de nettoyer l’aspirateur après et l’élimination immédiate du sac, le nettoyage à la vapeur à 120°, l’obturation des fissures et des fentes se trouvant entre les plinthes, sur les cadres de lit en bois et sur les murs, ainsi que le lavage à la machine à plus de 55° des vêtements, oreillers et linge de maison suspects d’être contaminés ». L’ARS recommande également « une vigilance lors de séjour dans des hôtels et autres lieux d’hébergements et l’inspection minutieuse des meubles achetés d’occasion avant leur installation au domicile. »
Une étude réalisée par William Hentley de l’Université de Sheffield au Royaume-Uni a en effet établi une corrélation entre la saleté des vêtements et l’apparition des punaises de lit. Selon l’étude, les punaises de lit étaient deux fois plus nombreuses à avoir préféré les vêtements sales, imprégnés de l’odeur humaine.