Pourquoi les Tesla affichent moins d’autonomie que promis ?

Pourquoi les Tesla affichent moins d’autonomie que promis ?

Les véhicules électriques de Tesla, dirigés par Elon Musk, sont parmi les meilleurs du marché pour les longs trajets. Leurs autonomies WLTP affichées sont excellentes : jusqu’à 626 km pour la Model 3 Grande Autonomie et même 734 km pour la Tesla Model S.

Cependant, une fois que la voiture est entre les mains de son propriétaire, une petite surprise peut survenir : l’autonomie affichée sur la voiture ne correspond en rien à ces chiffres. Pourquoi les Tesla semblent plus sujettes à ce problème que les autres véhicules électriques ? Voici les raisons qui expliquent cette différence.

Comment les constructeurs estiment-ils l’autonomie restante des voitures électriques ?

Que ce soit pour une voiture électrique ou non, la plupart des constructeurs utilisent la même formule pour estimer l’autonomie restante en fonction de l’énergie disponible dans la batterie ou du carburant restant dans le réservoir. En pratique, l’ordinateur de bord prend en compte la consommation moyenne des kilomètres précédents pour afficher un nombre de kilomètres restants avant que le véhicule ne soit à sec, en supposant que la consommation reste la même.

En d’autres termes, l’autonomie restante affichée est une estimation basée sur la conduite antérieure. Par exemple, si vous parcourez de longues distances à haute vitesse, l’autonomie affichée sur votre voiture électrique sera bien inférieure à l’autonomie WLTP annoncée par le constructeur. En revanche, si la consommation est faible en milieu urbain, une voiture annoncée avec 300 km d’autonomie pourra en afficher plus.

Ceci est valable pour la grande majorité des constructeurs de voitures électriques, à une exception près : Tesla. La société américaine ne souhaite pas faire comme tout le monde et utilise une méthode particulière pour estimer son autonomie restante.

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Chez Tesla, une norme américaine même pour les voitures françaises

Selon le manuel des véhicules Tesla, l’autonomie affichée ne tient pas compte des habitudes de conduite et des conditions climatiques. Au lieu de cela, elle est basée sur une constante de consommation de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA).

En Europe, la norme en vigueur pour l’autonomie des véhicules électriques est le WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures ou procédure d’essai mondiale harmonisée pour les véhicules légers). Comme vous pouvez l’imaginer, ce n’est pas le même protocole que celui des États-Unis.

Concrètement, pour un même véhicule, l’autonomie EPA diffère de l’autonomie WLTP. Par exemple, une Tesla Model 3 Grande Autonomie affiche une autonomie de 602 km sur le site Tesla France et 626 km avec des jantes de 18 pouces. Sur le site canadien de Tesla, qui utilise l’autonomie EPA, cette même voiture affiche 534 km d’autonomie avec des jantes de 18 pouces.

C’est donc une différence de 15 % par rapport à l’autonomie WLTP utilisée en Europe. Cependant, même en ayant expliqué tout cela, il reste difficile de comprendre ce qui est affiché sur l’écran principal d’une Tesla. Le constructeur a choisi d’afficher une autre valeur, différente de celle indiquée sur le site américain de l’entreprise.

Ainsi, aux États-Unis et au Canada, les nouveaux propriétaires de Tesla sont souvent agréablement surpris, tandis que nous, Européens, avons moins de chance. L’affichage des kilomètres d’autonomie restants d’une Tesla provient des chiffres donnés par FuelEconomy.gov, un site du gouvernement fédéral américain pour aider les conducteurs à économiser du carburant. Par exemple, il affiche une autonomie maximale de 573 km pour une Tesla Model 3 Grande Autonomie.

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Ce site est géré par l’EPA, mais Tesla n’utilise pas nécessairement ces chiffres pour mettre en avant l’autonomie de ses voitures lors de la commande. Tout cela rend les choses compliquées, en particulier pour les nouveaux propriétaires qui ne sont pas encore familiers avec la mobilité électrique.

L’application énergie de Tesla est-elle la solution ?

Lorsque vous indiquez une destination sur l’ordinateur de bord d’une Tesla, le logiciel calcule correctement le niveau de batterie estimé à l’arrivée. Par exemple, si vous partez sur une autoroute avec 100 % de batterie et 500 km affichés, et que votre destination se trouve à 200 km, le système embarqué peut estimer une arrivée avec 20 % de batterie, et non pas 40 % comme on pourrait spontanément le penser.

L’ordinateur de bord anticipe avec plus ou moins de précision la consommation future en fonction de la vitesse, du profil de la route et des conditions météorologiques. Cependant, tout cela n’est pas facilement visible sur l’écran du véhicule, à moins de chercher comment l’afficher.

Il existe une application énergie sur les Tesla, symbolisée par une icône ressemblant à un graphique. Lorsque vous cliquez dessus, vous pouvez voir la consommation des 10, 25 ou 50 derniers kilomètres, ainsi qu’une estimation de l’autonomie restante si la consommation ne change pas.

Cette indication est particulièrement utile lorsque vous savez à l’avance que le profil de route et les conditions ne changeront pas, car cela permet d’estimer assez précisément votre autonomie.

Bien sûr, en fonction de la consommation des derniers kilomètres, il est possible que des valeurs aberrantes soient affichées, comme on peut le voir ci-dessus : avec 197 km d’autonomie affichés, l’application estime une autonomie de 999 km avant d’être à sec. Tout cela n’a que peu de sens dans ces circonstances. Nous allons voir qu’il existe une meilleure façon de faire pour éviter de se prendre la tête.

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Afficher l’autonomie en pourcentage évite les prises de tête

Au terme de cet article, il est évident que l’affichage en kilomètres de l’autonomie dans une Tesla n’a que peu de sens. Cette information peut être plus anxiogène qu’utile, surtout pour les novices dans le monde des voitures électriques.

Il est donc conseillé de basculer l’affichage en pourcentage en appuyant sur les kilomètres à côté de l’icône de batterie, ou en modifiant les préférences dans les menus. Une fois les premiers jours passés, vous vous sentirez plus en paix en regardant une batterie affichée à 70 % plutôt qu’à 350 km, alors que vous ne pouvez en parcourir que 250.

De la même manière qu’avec un smartphone ou un ordinateur portable, il est préférable de parler en termes de niveau de batterie plutôt qu’en heures d’utilisation restantes. L’autonomie d’une voiture électrique doit être considérée en pourcentage. Sur une Tesla en particulier, si vous planifiez un long voyage sur l’écran principal du véhicule, vous verrez un niveau de batterie exprimé en pourcentage à chaque étape, et non pas une autonomie en kilomètres. Cela prouve que cette dernière n’est globalement pas très utile au quotidien.

La seule utilité que l’on peut voir, pour les personnes intéressées, est une indication de la dégradation de la batterie. Si l’autonomie maximale affichée à 100 % et exprimée en kilomètres diminue avec le temps, c’est probablement dû à une diminution de la capacité de la batterie.

Par exemple, si après 2 ans d’utilisation de votre Tesla, vous êtes passé de 500 à 475 km d’autonomie (soit une perte de 5 %), cela signifie sans doute qu’il y a une dégradation de la batterie d’environ 5 %. Cependant, cela signifie également que la batterie est à la bonne température et que le système de gestion est correctement calibré. Pour éviter les prises de tête, faites comme nous : passez votre affichage en pourcentage et dites adieu aux kilomètres affichés inutilement.