Les voitures au Portugal sont incroyablement chères. Cette situation est principalement due à l’ISV, un impôt spécial considéré comme injuste.
Lorsque l’on compare les prix des voitures au Portugal avec ceux de la France, de l’Espagne et du reste de l’Europe, on est toujours surpris par la différence de tarif. Les versions portugaises sont bien plus coûteuses.
Un exemple concret : l’achat d’une voiture neuve
Prenons l’exemple d’une voiture ordinaire, une Mazda 3 d’entrée de gamme, essence. En France, elle est vendue à 24 400 euros (prix constaté sur leur site), alors qu’au Portugal, le même modèle est vendu 26 000 euros. On pourrait penser que l’écart de 1600 euros n’est pas si important.
Maintenant, passons à un modèle plus haut de gamme, toujours chez Mazda. Prenons un Mazda CX-5 diesel. En France, il est vendu à 33 000 euros, tandis qu’au Portugal, le prix atteint les 41 000 euros ! Soit un écart de 8000 euros. Les moteurs et les finitions sont pourtant identiques.
Si vous avez le malheur d’acheter un modèle 4×4, vous devrez également payer une taxe de classe 2 sur les autoroutes, soit presque le double du tarif.
Les calculs de l’ISV
L’ISV, ou Impôt Sur les Véhicules, existe depuis un certain temps. Avant 2007, cet impôt était connu sous le nom d’”Imposto Automóvel”. Autrefois, le calcul de cet impôt se basait principalement sur la cylindrée du véhicule. Aujourd’hui, il prend également en compte les émissions de gaz polluants ainsi que l’impact sur les routes et les risques d’accident.
Regardons les tarifs appliqués en Portugal :
En somme, il s’agit d’un véritable “malus écologique”.
Importer une voiture à moindre coût
On pourrait être tenté d’acheter sa voiture à l’étranger et de l’immatriculer au Portugal. Au vu des tarifs pratiqués dans le pays, cela permettrait de réaliser de sérieuses économies. Cependant, l’État a tout prévu.
L’ISV doit être payé, même sur les véhicules achetés à l’étranger ou d’occasion. Seules les personnes qui déménagent définitivement au Portugal sont exemptées de cet impôt. Cependant, les conditions pour bénéficier de cette exemption sont très strictes :
- Il faut posséder la voiture depuis plus d’un an.
- Seule une seule voiture peut être légalement importée.
Les formalités sont également décourageantes, avec de nombreux justificatifs à fournir et des allers-retours avec les administrations.
La lutte contre l’importation de véhicules d’occasion
Malgré tout, il reste avantageux d’acheter une voiture d’occasion à l’étranger et de payer l’ISV. Pour contrer cette importation, qui nuisait aux concessionnaires automobiles portugais, l’État a eu une idée intelligente (ou perverse).
Depuis 1992, la date de première immatriculation est indiquée sur la plaque minéralogique. Ainsi, il est impossible pour une personne qui vient d’acheter sa voiture à l’étranger de faire croire qu’elle est neuve.
De cette manière, l’État peut continuer de taxer fortement les voitures vendues au Portugal. En 2020, cette plaque a été modifiée, sans date en jaune, peut-être parce qu’ils ont enfin réalisé que cela ne servait à rien.
Les injustices de cet impôt
Tout d’abord, parlons de la TVA. La TVA au Portugal est déjà de 23%, soit 23% de plus que le prix de base. Mais au Portugal, cette TVA est calculée non seulement sur le prix de base, mais aussi sur l’ISV lui-même !
De nombreuses associations de consommateurs ainsi que le lobby automobile portugais ont tenté à plusieurs reprises de modifier ce calcul, mais sans succès jusqu’à présent.
De plus, l’Impôt Unique de Circulation (IUC), équivalent français de la vignette automobile, est toujours en vigueur en 2019 et est encore plus injuste pour les véhicules importés. En effet, son tarif est dégressif en fonction de l’ancienneté du véhicule. Cependant, un véhicule d’occasion importé est considéré comme neuf par le fisc.
En ce qui concerne la sécurité, il est un fait que les voitures haut de gamme sont plus sûres. On a moins de chances de mourir dans une Jaguar récente que dans une vieille Fiat Panda. Alors pourquoi les voitures haut de gamme sont-elles si lourdement pénalisées ?
On nous dit qu’elles polluent davantage. C’est peut-être vrai pour les grosses voitures de sport, mais certainement pas pour une voiture hybride. Par exemple, une Toyota RAV 4 Hybride coûte 34 000 euros en France et… 39 000 euros au Portugal.
Un Portugais disposant d’un budget de 35 000 euros se tournera donc vers une autre voiture, probablement plus polluante, ou gardera son ancienne voiture plus longtemps.
Le parc automobile portugais est l’un des plus anciens et des plus polluants d’Europe. Nous pensons qu’une réduction de l’ISV serait le meilleur moyen de renouveler le parc automobile portugais. Les voitures récentes, qui respectent les normes antipollution européennes, sont bien plus respectueuses de l’environnement que nos anciens véhicules.
Tout n’est pas la faute de l’ISV
Parfois, le même modèle de véhicule électrique peut présenter de grandes différences de prix entre le Portugal et un autre pays de l’Union européenne. Avant d’acheter une voiture, il est toujours bon de vérifier son prix de l’autre côté de la frontière, on ne sait jamais, on peut avoir des surprises.
Les concessionnaires portugais, qui ne souffrent pratiquement pas de la concurrence des autres concessionnaires européens, en profitent. C’est pourquoi il est souvent avantageux d’acheter un véhicule à l’étranger, en dehors du Portugal.
Si vous voulez rouler dans une belle voiture, la location est la meilleure option !
Nous en sommes arrivés à un point absurde. Il est préférable de louer une voiture plutôt que de l’acheter… surtout si vous ne conduisez pas tous les jours. Nous savons que les Portugais roulent au quotidien dans des voitures ordinaires, mais qu’ils adorent les belles voitures. Ceux qui ne peuvent pas se permettre de gaspiller leur argent en payant un ISV injuste peuvent se faire plaisir en louant occasionnellement une belle voiture de luxe.
Je suggère à mes amis bretons de reproduire cette idée au Portugal en proposant leurs services de location de voitures. Ainsi, les amateurs de belles voitures pourraient profiter de leurs vacances au volant d’une voiture de luxe. À n’en pas douter, ils trouveraient un public intéressé au Portugal.
Donc oui, les Portugais sont souvent critiqués pour louer des voitures de luxe ou acheter des voitures à crédit sur 50 ans plutôt que de payer le chauffage. Et alors ? Chacun place son argent où il le souhaite. Combien de franco-portugais ont fait la même chose, en louant une belle voiture en France pour frimer sur les plages portugaises pendant le mois d’août ?
Ce n’est pas forcément pour faire croire qu’ils sont riches (même si la location n’est pas bon marché), mais surtout pour avoir l’opportunité, pendant leurs vacances, de poser leurs mains sur le volant d’une Lamborghini… ou même d’une simple Mercedes, plutôt que de conduire leur Twingo de tous les jours, la seule voiture “autorisée” pour le commun des mortels au Portugal, compte tenu des impôts élevés…
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