Imaginez un monde post-COP 21, où les véhicules électriques auraient remplacé tous les moteurs cracheurs de particules fines. Les stations de recharge seraient présentes à chaque coin de rue et le calme régnerait dans les centres-villes. Vous pourriez ouvrir grand vos fenêtres, même au rez-de-chaussée, sur les grands axes. Mais arrêtons-nous un instant. Revenons en arrière et changeons de scénario. Pour la sécurité des piétons, il est essentiel de réintroduire le bruit dans l’environnement sonore des véhicules électriques. En effet, leur silence est un danger potentiel.
Le problème du silence
Le problème se pose principalement à faible vitesse, jusqu’à environ 30 km/h. Au-delà de cette vitesse, les véhicules électriques émettent presque autant de décibels que les véhicules à moteur thermique. Cependant, en dessous de cette limite, ils sont pratiquement inaudibles. Cette situation crée des risques, surtout dans certaines circonstances particulières, telles qu’un piéton traversant une intersection où une voiture tourne à droite, ou sur un parking lorsqu’une voiture quitte une place de stationnement. Cela est également problématique pour les personnes malvoyantes.
Une réglementation harmonisée
Pour résoudre ce problème tout en évitant le développement de solutions propres à chaque constructeur, la Commission européenne a lancé le projet eVADER (Electric Vehicle Alert for Detection and Emergency Response) en 2011. L’objectif était de créer un signal sonore identifiable, harmonisé et limitant les nuisances sonores. Ce projet a permis de réunir des solutions technologiques qui ne pouvaient être développées par un seul constructeur. La réglementation entrera en vigueur en 2019 et s’appliquera à tous les véhicules hybrides et électriques produits après le 1er juillet 2021.
Renault Zoé : pionnier en la matière
La Renault Zoé respecte déjà cette future réglementation européenne. Renault a fait partie du consortium eVADER et a piloté certains groupes de travail. Le système “Z.E. Voice” est implanté sur toutes les Zoé. Grâce à un petit haut-parleur placé dans le moteur, il diffuse automatiquement un bruit de moteur modulé en fonction de la vitesse, jusqu’à 30 km/h. Trois sons sont disponibles : “clinquant”, “sportif” et “neutre”. Le conducteur peut sélectionner celui qui lui convient grâce à une commande sur le tableau de bord.
Des sons futuristes
Pour concevoir les sons de la Zoé, Renault a travaillé en collaboration avec l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (Ircam). L’objectif était de créer des sons suffisamment alertants mais pas trop perturbants, et un peu futuristes. Pour cela, ils se sont inspirés des véhicules des films de science-fiction et d’anticipation. L’Ircam a travaillé à partir de photos, de textures et de valeurs fournies dans le brief de Renault. Les sons ont été conçus pour être audibles dans le bruit de fond de la ville. Le résultat est un son complexe, une nappe basse fréquence sur laquelle émergent des événements en fonction de l’allure du véhicule.
Nissan : dans le futur aussi
Nissan, également participant du projet eVADER, a développé un prototype de la Leaf doté d’un signal sonore associé à six haut-parleurs et une caméra, fixée sur le pare-brise, qui reconnaît les piétons et les cyclistes. Lorsque le système détecte un usager à alerter, le son est diffusé précisément dans sa direction. Le son semble tout droit sorti d’une soucoupe volante en vol stationnaire au-dessus de David Vincent.
Conclusion
Pour conclure, il est essentiel que les voitures électriques fassent du bruit pour assurer la sécurité des piétons. La réglementation européenne prévoit déjà l’obligation pour les nouveaux modèles de délivrer un avertisseur sonore. Des solutions harmonisées sont en cours de développement, avec des sons futuristes inspirés du cinéma. Renault et Nissan sont des leaders dans ce domaine, garantissant ainsi des voitures électriques plus sûres et plus respectueuses de l’environnement.