Pourquoi les voitures électriques finissent-elles à la casse plus rapidement que les voitures thermiques ?

Pourquoi les voitures électriques finissent-elles à la casse plus rapidement que les voitures thermiques ?

Les voitures électriques connaissent une popularité croissante, mais l’enquête de Reuters révèle un problème majeur : elles se retrouvent à la casse beaucoup plus souvent que les voitures thermiques, malgré leur faible présence sur les routes. Alors, pourquoi tant de voitures électriques sont-elles jetées alors qu’elles ne représentent que moins de 15 % des véhicules en circulation ?

Des batteries coûteuses à réparer

L’enquête de Reuters a révélé un nombre élevé d’épaves de voitures électriques, de toutes marques, des deux côtés de l’Atlantique. Que ce soit Tesla, Hyundai, Renault, Peugeot, BMW ou encore Volkswagen, le constat est le même : même en cas d’accidents mineurs ou de faible kilométrage, les voitures électriques sont envoyées à la casse plutôt que d’être réparées.

Selon les conclusions de l’enquête, cela est dû au coût élevé des batteries et aux politiques d’assurance. Les batteries sont l’un des éléments les plus chers sur une voiture électrique. Dans certains cas, le pack de batteries peut représenter jusqu’à 50 % du prix de vente, soit plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cependant, leur réparation n’est pas aussi simple. Elle est coûteuse, nécessite beaucoup de temps et comporte des risques.

Avant de pouvoir envisager une réparation, il est indispensable d’effectuer un diagnostic. Malheureusement, cela est pratiquement impossible sur les batteries endommagées des voitures électriques. Pourquoi ? Les constructeurs ne permettent pas d’accéder aux données liées aux cellules, afin de protéger leur compétitivité et leurs secrets industriels. Par conséquent, il est impossible pour un réparateur ou tout autre tiers d’estimer le coût d’une intervention. Face à cela, les assureurs préfèrent mettre les voitures à la casse plutôt que de se lancer dans des opérations coûteuses et risquées.

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Un nouveau défi pour les constructeurs ?

L’enquête de Reuters met en évidence, non seulement le comportement des assureurs, mais aussi le rôle des constructeurs dans la conception et l’intégration des batteries dans leurs voitures. Alors que certaines marques travaillent sérieusement pour rendre leurs packs de batteries plus accessibles et réparables, comme Ford ou General Motors, d’autres font l’inverse. C’est le cas de Tesla, par exemple, qui colle les cellules 4680 du Model Y entre elles et au châssis pour optimiser leur fonctionnement. Bien que cela réduise les coûts de production, cela rend la réparation de l’accumulateur impossible.

Les batteries sur le SUV de Tesla sont considérées comme irréparables. Quant à la Model 3, leur réparation coûte environ 20 000 euros, sur un véhicule qui en coûte 45 000.

Des conséquences écologiques et économiques

Ce choix des constructeurs a évidemment des conséquences pour les utilisateurs. On peut légitimement se demander s’il est vraiment “écologique” d’acheter un véhicule électrique compte tenu de ce risque. De plus, cette donnée doit être prise en compte lors de la comparaison de l’impact environnemental d’une voiture électrique par rapport à une voiture thermique. En ce qui concerne l’économie circulaire, tant vantée par les constructeurs de voitures électriques, sa pertinence doit être remise en question. Matthew Avery, directeur de recherche chez Thatcham Research, un cabinet de conseil en automobile, explique : “Nous achetons des voitures électriques pour des raisons environnementales, mais un véhicule électrique n’est pas vraiment respectueux de l’environnement s’il faut jeter sa batterie après un petit accident.”

Enfin, une autre conséquence se fait sentir au niveau des primes d’assurance. Les professionnels du secteur augmentent leurs tarifs pour assurer les voitures électriques. Reuters évoque une augmentation de la franchise de l’ordre de 27 % aux États-Unis.

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Face à ce problème, plusieurs solutions existent. Les institutions européennes ont récemment modifié la réglementation sur les batteries des voitures électriques, mais sans imposer de contraintes aux fabricants. La Commission a encouragé l’adoption de normes permettant de faciliter leur maintenance, leurs réparations et leur réutilisation. Cependant, il n’est pas certain que cela suffise à changer l’attitude des constructeurs. Pourtant, leur capacité à ouvrir l’accès aux données des batteries afin de faciliter le diagnostic et la réparation semble essentielle si l’on souhaite réduire le nombre de voitures électriques envoyées à la casse.

Source : Reuters