Pourquoi les voitures hybrides rechargeables perdent-elles en popularité ?

Pourquoi les voitures hybrides rechargeables n'ont plus la cote

Dans une Europe en pleine transition énergétique, les voitures hybrides rechargeables semblaient être le choix idéal pour rouler à la fois de manière électrique et avec un carburant traditionnel. Elles permettaient de réaliser les trajets du quotidien en mode “zéro émission” et de disposer d’un réservoir de carburant pour les longues distances, comme les départs en vacances. Cependant, ces derniers temps, ces véhicules ont connu une baisse de popularité.

Des ventes en baisse de 6% sur un an

Malgré leurs nombreux avantages, les ventes de voitures hybrides rechargeables ont connu une première baisse en Europe au troisième trimestre. Selon l’association européenne des constructeurs (ACEA), ces véhicules représentaient 8,5% des ventes de voitures neuves, soit environ 184 000 unités. Le communiqué de l’ACEA souligne une chute importante des ventes en France (-14,3%) et en Italie (-22,2%).

Les ventes d'hybrides rechargeables ont reculé de 6% en Europe au troisième trimestre 2022.
Les ventes d’hybrides rechargeables ont reculé de 6% en Europe au troisième trimestre 2022. © ACEA

Cette baisse est d’autant plus marquante dans un marché européen en légère reprise après plusieurs mois de chute des ventes. De plus, les voitures électriques à 100%, qui représentent 11,9% des ventes de voitures neuves en Europe au troisième trimestre, ont connu une augmentation de 22%, tandis que les hybrides classiques ont augmenté de 6,9%, atteignant une part de marché de 22,6%.

Les raisons d’un désamour

Face à cette baisse de popularité, on peut se demander pourquoi les voitures hybrides rechargeables perdent du terrain, surtout lorsque plusieurs constructeurs misent sur ce type de motorisation pour faciliter la transition vers les véhicules électriques à 100%. Par exemple, Peugeot propose sa nouvelle 408 en version hybride rechargeable uniquement pour la finition de lancement “First edition”. En revanche, Renault a fait le choix inverse pour son nouveau SUV, l’Austral, qui ne sera disponible qu’avec des motorisations hybrides “classiques”. C’est intéressant de constater que le Peugeot 3008, principal concurrent du Renault Austral, mise quant à lui sur l’hybride rechargeable pour électrifier son mix de ventes.

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Plusieurs éléments peuvent expliquer cette tendance. D’abord, le contexte actuel avec l’objectif de l’Europe d’imposer des ventes de voitures neuves uniquement électriques à partir de 2035. Cette perspective focalise l’attention du public sur les voitures électriques au détriment des autres motorisations, notamment l’hybride rechargeable qui est critiquée pour son bilan carbone réel.

“On a tellement parlé de véhicules électriques, le véhicule électrique et 2035, qu’aujourd’hui, les clients sont perdus et se posent beaucoup de questions sur le véhicule à acheter. Or, quand on achète un véhicule, on pense à la revente dans cinq, six ans et ce que vaudra la voiture à ce moment-là. La question se pose fortement sur l’hybride rechargeable. Est-ce le bon choix ?”, souligne Flavien Neuvy, économiste, président du directoire de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile.

On peut également mentionner l’impact des zones à faibles émissions (ZFE), dont la mise en place va s’accélérer en France dans les années à venir. Par exemple, dans le Grand Paris, il sera interdit de rouler avec des véhicules thermiques (y compris les hybrides) à partir de 2030. Bien que cette échéance soit encore lointaine, les acheteurs prennent en compte l’impact sur la valeur résiduelle du véhicule. Les constructeurs eux-mêmes réduisent progressivement leurs investissements dans le moteur thermique.

“Les constructeurs ont compris que les hybrides rechargeables ne passeraient pas dans le Cafe 2035 (la réglementation européenne qui encadre les émissions de CO2, ndlr). Ce sont des véhicules très chers car il y a deux technologies. Or, les constructeurs vont devoir développer la prochaine génération et n’investissent plus sur le moteur thermique”, explique Eric Champarnaud, associé au cabinet C-Ways, pour qui cette motorisation ne dépassera pas les 10% des ventes.

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Enfin, un contexte économique complexe incite les entreprises à repousser leurs achats automobiles. Les voitures hybrides rechargeables étaient principalement achetées par les entreprises, contrairement aux véhicules électriques purs. Toutefois, avec le contexte économique actuel, les entreprises réduisent fortement leurs dépenses, ce qui impacte également les ventes de ces modèles.

Malgré ces difficultés, les voitures hybrides rechargeables restent une option intéressante pour réduire les émissions de CO2 des véhicules thermiques. Elles représentent toujours la deuxième motorisation la plus vendue en Europe, derrière l’essence, avec une part de marché de 37,8% au troisième trimestre, bien devant le Diesel, qui ne représente que 16,5% du marché. Dans cette période de transition vers des véhicules plus écologiques, il sera intéressant de voir comment évolueront les ventes de voitures hybrides rechargeables et si elles sauront retrouver leur popularité d’antan.