Pourquoi Toyota préfère l’hybride à l’électrique : Découvrez la mystérieuse règle 1:6:90

Une règle mystérieuse explique pourquoi Toyota préfère l’hybride à l’électrique

Malgré les récents changements de direction, Toyota continue de susciter l’intérêt en matière de voitures électriques. Un récent courrier adressé aux concessionnaires américains de la marque a suscité beaucoup de questions. Bien que le document ne mentionne pas explicitement les problèmes liés aux voitures électriques, il sous-entend clairement que Toyota ne les favorise pas. Il est évident qu’aucun constructeur automobile ne motivera ses troupes en admettant les problèmes liés aux minerais, aux recharges et aux prix des véhicules.

Malgré le discours du nouveau directeur, Koji Sato, les analystes ont vite compris que Toyota ne semblait pas vouloir accélérer le développement de ses voitures électriques pour ne pas manquer le train de l’innovation. Bien que Toyota se soit engagé à sortir davantage de véhicules électriques, il continue à soutenir que seul le “multi-énergie” a de l’avenir. La promotion de ses voitures hybrides est également liée à une règle peu connue, la règle 1:6:90.

Qu’est-ce que la règle du 1:6:90 de Toyota ?

Cette règle explique que pour le même volume de matières premières nécessaire à la fabrication d’une batterie de voiture électrique à grande autonomie, Toyota peut équiper 6 voitures hybrides rechargeables (PHEV) ou 90 voitures hybrides classiques.

Toyota et sa règle 1:6:90Toyota et sa règle 1:6:90.

Toyota apprécie ce calcul, qu’il a déjà partagé à plusieurs reprises, pour critiquer la logique du “tout électrique” soutenue par certains gouvernements. En raison des problèmes d’approvisionnement en batteries, Toyota estime qu’il est absurde d’utiliser toutes ces ressources pour une seule voiture électrique, alors que ces mêmes matières premières pourraient alimenter 90 voitures hybrides à faibles émissions de carbone.

La logique de Toyota n’est pas fausse, mais en défendant ce point de vue, la marque semble s’accrocher désespérément au passé. De plus, elle oublie que même si les voitures hybrides sont excellentes dans certaines situations, elles ne représentent pas la solution parfaite.

Des problèmes pour l’électrique, mais surtout un manque d’aides à l’achat

Selon le courrier adressé aux concessionnaires américains de Toyota, l’adoption généralisée des voitures électriques aux États-Unis est entravée par trois obstacles majeurs :

  • Les ressources minérales essentielles,
  • Le manque de bornes de recharge rapide,
  • L’accessibilité financière des modèles électriques.

Ces arguments avancés par Toyota peuvent faire sourire les équipes de Tesla, mais la marque a parfaitement le droit de les considérer comme de véritables freins :

  • Les ressources minérales et leur extraction sont des sujets complexes, mais ils ne sont pas aussi bloquants que ce que Toyota laisse entendre. Les avancées en matière de batteries sont rapides et de nombreuses solutions voient le jour pour éviter les pénuries redoutées.
  • En ce qui concerne le réseau de recharge, si Tesla a su développer son propre réseau pour répondre aux besoins de ses clients depuis 10 ans, pourquoi Toyota ne ferait-il pas de même ? Il est facile de dire qu’il vaut mieux opter pour une voiture hybride en attendant que d’autres acteurs prennent des mesures. De plus, les premiers modèles développés par Toyota ne sont pas vraiment adaptés aux longs trajets : leur efficacité sur autoroute est moyenne voire mauvaise, et les recharges rapides en courant continu (jusqu’à 150 kW) sont rares.
  • Il est vrai que les voitures électriques ne sont pas encore abordables. Cependant, les constructeurs automobiles, dont Toyota, proposent volontairement des véhicules haut de gamme. Il est donc normal que l’offre ne corresponde pas à la demande des consommateurs. De plus, Toyota semble avoir oublié que ses modèles électriques ne bénéficient plus de l’incitation fiscale de 7 500 $ (prévue par l’Inflation Reduction Act américain) et ne pourront pas bénéficier du futur bonus écologique en France.

“Les BEV ne sont qu’une option”

Avant le G7, Gill Pratt, directeur général du Toyota Research Institute, a déclaré que les “Prius sont un choix plus réaliste pour certains marchés et conducteurs”. Il s’inquiète du fait qu’une transition trop rapide vers les voitures électriques incite les conducteurs à conserver leurs vieux véhicules à essence plus longtemps. Il a également répété que les voitures électriques ne sont qu’une option, tout comme l’hydrogène.

Nouvelle Toyota Prius rechargeableNouvelle Toyota Prius rechargeable.

Il est évident que Toyota a décidé de continuer à explorer toutes les alternatives possibles, y compris les carburants synthétiques. Cependant, cette stratégie comporte des risques. Si Toyota excelle dans les domaines de l’hybride et de l’hydrogène, ce n’est pas le cas pour les autres technologies. Il est donc peu probable que l’entreprise puisse innover simultanément dans cinq domaines différents.

En attendant, l’option 100% électrique de Toyota tarde à arriver en France. Alors que les États-Unis reçoivent des BZ4X depuis près d’un an, les premières livraisons en Europe viennent tout juste de commencer, avec plus de 6 mois de retard par rapport au planning annoncé lors des essais en juillet dernier. À la fin du mois de mars, seulement 3 746 BZ4X ont été immatriculés en Europe, dont aucun en France.

Si Toyota s’accroche à l’hybride, il est intéressant de se pencher sur l’avenir de la mobilité électrique. Abonnez-vous à Watt Else pour recevoir gratuitement chaque semaine la newsletter de Numerama, garantie 100% sans langue de bois.

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez certainement les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.