Des motivations profondes pour venir en aide aux autres
Les personnes qui choisissent de travailler dans le domaine humanitaire ont des origines et des parcours très variés. À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire en 2015, nous avons demandé à plusieurs membres de l’équipe d’Oxfam au Soudan du Sud de nous expliquer en quoi consiste leur travail humanitaire et ce qui les pousse à aider les autres.
Matthew Bida, Sud-Soudanais, Chef d’équipe Sécurité alimentaire et moyens de subsistance en situation d’urgence
Originaire du Soudan du Sud, Matthew sait ce que signifie être un réfugié : “J’ai moi-même été réfugié au camp de Kabolgo en Ouganda de 1993 à 2003. Oxfam était présent et nous fournissait de la nourriture et de l’eau. J’ai pu aller à l’école et grandir, mais j’ai toujours su que je voulais aider les personnes qui se trouvaient dans la même situation que moi. En travaillant dans différentes régions du Soudan du Sud, je sais que nous apportons une amélioration, de la même manière que quelqu’un avait amélioré les choses pour moi.”
Namaru Florence, Sud-Soudanaise, Chargée de sécurité alimentaire et moyens de subsistance en situation d’urgence
“À l’époque de notre accession à l’indépendance, j’ai eu le privilège de travailler avec des Sud-Soudanais qui étaient revenus dans leur pays. L’espoir était à son comble. Les gens revenaient avec des rêves et des attentes pour le Soudan du Sud et notre avenir. Les côtoyer était une grande source d’inspiration pour moi. Leur espoir était aussi le mien.
Cela semble si loin maintenant. Nous sommes en guerre et beaucoup d’entre nous sont perdus. Certains ont perdu des êtres chers et d’autres ont dû quitter leur foyer. L’espoir qui m’avait inspirée tend également à s’estomper.
Je suis une humanitaire parce que je crois qu’il y a encore de l’espoir pour le Soudan du Sud. J’ai la chance de travailler avec les communautés et de discuter avec elles des problèmes auxquels nous sommes confrontés et des moyens pour les surmonter. Je crois que la seule façon de surmonter les difficultés que nous rencontrons est de nous écouter mutuellement et de conjuguer nos efforts. Ensemble, nous devons prendre le chemin d’un avenir meilleur. Les réponses sont en chacun d’entre nous.”
Emma Jane Drew, Australienne, Responsable de programme humanitaire
“Je voulais améliorer la vie des autres. Quand je travaillais dans le secteur privé en Australie, j’ai réalisé qu’il devait y avoir un autre type de travail. J’ai commencé à réfléchir à l’impact positif que mon travail quotidien pouvait avoir sur autrui. Cela ne signifie pas que je voulais sauver le monde, mais avoir une petite influence sur la vie des gens. Mon travail me permet aujourd’hui d’évaluer mon objectif dans la vie et ma contribution au bien commun. C’est pourquoi j’aime toujours autant mon travail, après plus de dix ans passés à œuvrer dans le domaine humanitaire sur le terrain et à rencontrer les personnes que nous aidons. Ce sont ces personnes qui me rappellent pourquoi je fais ce travail.”
Isabel Martins, Portugaise, Coordinatrice de projet
“Notre travail a un réel impact : nous changeons les choses en aidant les femmes et les hommes à revendiquer leur droit à une vie digne et épanouissante. Un droit qui est acquis au Portugal, mon pays d’origine. Peu importe les difficultés à surmonter et les conditions souvent difficiles dans lesquelles nous vivons, les humanitaires ont le privilège de voir la ténacité et l’état d’esprit inspirants des personnes que nous aidons.”
Alfred Bekit, Sud-Soudanais, Chargé de promotion de la santé publique
“Je fais partie d’une communauté, et cela signifie s’entraider dans les bons moments comme dans les moments difficiles. J’ai commencé à travailler dans l’humanitaire pour aider ma propre communauté. Maintenant, j’aide les communautés qui ont besoin de mon aide, peu importe qui elles sont. Je le fais parce que c’est mon devoir.”
Khan Wal, Sud-Soudanais, Ingénieur en santé publique
“Je suis devenu humanitaire parce que je sais ce que c’est d’être dans le besoin au Soudan du Sud. J’en ai fait l’expérience quand je travaillais à Djouba, dans la base de l’ONU où beaucoup d’autres, comme moi, se sont réfugiés. Et je le vis aujourd’hui à Lankien, où beaucoup souffrent encore. Je fais ce que je fais parce que je veux aider les gens au moment où ils en ont le plus besoin.”
Naser Shawkat Haider, Pakistanais, Responsable de programme
“Je suis fier d’être travailleur humanitaire, car j’éprouve une satisfaction inestimable à consacrer toutes mes connaissances et compétences à soulager les souffrances des personnes en détresse et à préserver leur dignité en temps de crise.”
Daniel, Sud-Soudanais, Chargé de sécurité alimentaire et moyens de subsistance en situation d’urgence
“J’ai vécu la guerre en 1991 et, plus récemment, lors des violences de décembre 2013. Avec ma femme et des proches, j’ai fui notre ville natale de Bor, dans l’État de Jonglei, lorsque les combats ont éclaté en décembre 2013. Nous nous sommes cachés dans la brousse pendant dix jours, revenant en ville discrètement pour vérifier si les combats étaient terminés.
Il y avait des cadavres partout. Nous ne pouvions pas rentrer chez nous. Nous avons décidé de traverser le Nil pour venir ici, à Minkaman. Toute notre vie était à Bor. J’étais sur le point de terminer mes études à l’université et ma femme avait ses propres activités. La vie était belle. Nous avons dû tout recommencer à zéro dans un nouvel endroit.
Beaucoup d’habitants de Bor sont venus à Minkaman. Ils souffraient. J’avais souffert aussi. Je me sentais comme l’un d’entre eux, car je savais ce qu’ils avaient vécu et ce dont ils avaient besoin. J’ai rapidement commencé à travailler avec Oxfam, à aider lors des distributions alimentaires.
J’aide parce que je fais partie de la même communauté. Ce sont des êtres humains. Nous ne pouvons pas nous soustraire à cette situation. Il faut être courageux et faire preuve de résilience. Ici, les gens m’appellent “l’homme de la nourriture”. Ils savent que je suis dans la même situation qu’eux et que j’aide.”
Marianne Moller, Anglaise, Ressources humaines
“Je fais ce travail parce que je partage l’espoir d’un avenir meilleur qui permettra à la population du Soudan du Sud de ne pas abandonner. Je tiens aussi à contribuer à construire une meilleure vie pour les autres. Cette volonté est nourrie par un profond sentiment d’égalité : nous sommes tous des êtres humains et nous avons les mêmes aspirations dans la vie. Nous voulons un foyer, un endroit sûr où vivre et cohabiter harmonieusement avec nos voisins et la nature qui nous entoure. Nous pleurons lorsque nous sommes tristes ou que nous ressentons une grande joie. Quand les tambours battent au rythme de notre cœur, nous avons envie de danser. Si je peux contribuer à ma manière à construire un avenir meilleur pour mes semblables, je me sens plus humaine, je me sens partie prenante de notre monde. Et cela justifie largement les changements profonds auxquels je suis confrontée et le sentiment parfois d’être un peu perdue.”
Theodros Eshetu Tefera, Éthiopien, Coordinateur Sécurité alimentaire
“Je sais ce que cela signifie d’avoir faim ! Je connais la faiblesse et le désespoir qui vous envahissent lorsque vous avez faim. J’ai étudié l’agriculture, la production végétale et animale, afin d’aider mes frères et sœurs à produire leur propre nourriture et à atteindre l’autosuffisance. Sur le terrain, je suis profondément heureux de voir les agriculteurs récolter les fruits de leur travail ou traire les vaches dont ils prennent soin depuis des mois, voire toute une vie.”