Quand les dieux parcouraient la terre, ils ont laissé derrière eux une multitude d’histoires. Ces récits, venus de Grèce il y a environ 3500 ans, nous parlent de déesses, dieux, demi-dieux, héroïnes et héros.
Pourquoi raconter ces histoires ? Tout simplement parce que ces êtres étranges et anciens ont encore quelque chose à nous dire.
Bien qu’ils soient apparemment morts depuis longtemps, leur culte persiste. Le grand temple d’Apollon à Delphes, au cœur de la Grèce, a été définitivement fermé par l’Empire romain en l’an 392 de notre ère. Les fidèles se sont détournés des dieux et ont embrassé une autre religion, le christianisme.
Aujourd’hui, nous ne croyons plus en Zeus, Athéna, Apollon, Poséidon, Aphrodite et les autres. Nous ne les prions plus, nous ne leur sacrifions plus de moutons et de bœufs dans de sanglants rituels. Lorsqu’un étranger arrive, nous ne nous demandons plus s’il est un dieu ou un humain. Le soir, lors d’un concert enivrante, nous ne rendons pas hommage à Dionysos, dieu de l’ivresse et de la fête. Les oiseaux ne nous révèlent plus la volonté des dieux. Tout cela est révolu. Les dieux nous ont quittés pour de bon. Ils ne rôdent plus parmi nous.
Pourtant, malgré leur mort apparente, ils continuent de vivre en nous, de manière persistante et inextinguible. Il suffit de prononcer Aphrodite, Zeus, Dionysos, Athéna, Artémis pour que surgissent immédiatement des mondes extraordinaires, attirants et inépuisables. Comment cela est-il possible ? C’est ce que je voudrais essayer de comprendre, d’explorer.
Références
- Hésiode, Théogonie, épisode de Prométhée : vers 507-616 (extraits). Traduction personnelle inédite.
- Hésiode, Les Travaux et les Jours, mythe de Pandore : vers 42-105 (extraits). Traduction personnelle inédite.
Pour lire les poèmes d’Hésiode :
- Hésiode, Théogonie, texte établi par Paul Mazon, introduction et notes par Gabriella Pironti, Paris, Les Belles Lettres, Classiques en Poche, 2005.
- Hésiode, La Théogonie, les Travaux et les Jours et autres poèmes, édition par Marie-Christine Leclerc, traduction par Philippe Brunet, Paris, Le Livre de Poche, 1999.
- Eschyle, Prométhée enchaîné, v. 447-453, traduction par Myrto Gondicas et Pierre Judet de La Combe, Chambéry, comp’Act, 1996.
Sur l’épisode de Prométhée dans la Théogonie d’Hésiode :
- Jean-Pierre Vernant, « Le mythe prométhéen chez Hésiode », dans Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, Maspero, 1974, p. 177-194. Réédition en poche, La Découverte, 2004.
- « À la table des hommes. Mythe de fondation du sacrifice chez Hésiode », dans Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant (éds.), La Cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, Gallimard, 1979, p. 37-132.
Ces deux textes sont repris dans : Jean-Pierre Vernant, Œuvres. Religions, rationalités, politique, volume 1, Paris, Éditions du Seuil, 2007, respectivement p. 751-764 et p. 891-973.
Sur Pandore :
- Nicole Loraux, « Sur la race des femmes et quelques-unes de ses tribus », dans Les Enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Paris, Maspero, 1981, p. 75-117. Réédition en poche, Éditions du Seuil, 2007.
- Pierre Judet de La Combe, « La dernière ruse : ‘Pandore’ dans la Théogonie », dans Fabienne Blaise, Pierre Judet de La Combe, Philippe Rousseau (éds.), Le Métier du mythe. Lectures d’Hésiode, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996, p. 263-299.
Les extraits sonores
- Extraits de Prométhée enchaîné, texte d’Eschyle traduit et adapté, et mis en scène par Olivier Py lors du festival d’Avignon 2016, avec Philippe Girard, Frédéric Le Sacripan et Mireille Herbstmeyer.
- Interview de Jean-Pierre Vernant, “La mort pour les Grecs”, Panorama 21.03.1989.
- Gaston Bachelard, Le feu appelle un vertige. Le feu est la plus grande image de l’anéantissement, 1952.
- Extrait de la série “Real Humans”.
- Extrait du film “Simone”, réalisé par Andrew Niccol.
- Edgar Morin, “Refuser le prométhéisme”, Les nouveaux chemins de la connaissance, France Culture 10/01/2008.