Prostate : quand s’inquiéter ?

Prostate : quand s’inquiéter ?

Le cancer de la prostate est un sujet qui préoccupe de nombreux hommes. À partir de la cinquantaine, cette glande commence à attirer l’attention. Tahar Ben Jelloun, écrivain, s’interroge sur les problèmes de prostate que peuvent rencontrer les hommes de plus de cinquante ans dans son livre L’Ablation. En effet, le grossissement naturel de la prostate comprime l’urètre, provoquant des problèmes urinaires chez 50% des hommes de 50 ans, 60% des hommes de 60 ans et 70% des hommes de 70 ans. En France, plus d’un million d’hommes de plus de 50 ans sont atteints d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Bien que cette affection soit généralement sans gravité, elle peut être très gênante et nécessiter une prise en charge médicale, voire une intervention chirurgicale.

Le cancer de la prostate est également une préoccupation, bien qu’il soit moins fréquent. Chaque année, plus de 50 000 cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués en France, dont 66% chez des hommes âgés de 65 ans et plus. Ce cancer a un bon pronostic et la mortalité a diminué depuis les années 1990. Cependant, il reste difficile de distinguer les tumeurs non agressives qui ne nécessitent pas de traitement de celles qui présentent un risque de métastases.

Qu’est-ce que la prostate ?

La prostate est une glande située sous la vessie, cachée à l’intérieur du corps masculin. Elle produit un liquide essentiel à la nutrition des spermatozoïdes, constituant ainsi un tiers du volume du sperme.

  • Une glande creuse : la prostate est une glande creuse, traversée par l’urètre et le canal éjaculateur. Elle a la taille et la forme d’une châtaigne, mesurant entre 3 et 4 cm de long et entre 3 et 5 cm de large.
  • Deux types de tissus : la prostate est constituée d’un tissu glandulaire composé de petites glandes qui produisent du liquide, ainsi que d’un tissu de soutien appelé stroma.
  • Une enveloppe protectrice : la prostate est enveloppée par une capsule, à l’exception de ses parties supérieure et inférieure où se trouvent des sphincters. Elle est également parcourue par un sillon médian séparant deux lobes, avec deux glandes annexes, les vésicules séminales.

Quels symptômes doivent alerter ?

Toute modification de la prostate en termes de taille, de volume ou de tissus peut entraîner des troubles sexuels ou urinaires.

La prostate entoure l’urètre, le canal par lequel l’urine est évacuée de la vessie. Les problèmes de prostate peuvent entraîner des symptômes urinaires tels qu’un jet d’urine faible, une sensation de mauvaise vidange de la vessie, une présence de gouttes retardataires, des mictions fréquentes, un besoin d’uriner peu de temps après la dernière miction ou des difficultés à se retenir, nécessitant de se lever plusieurs fois par nuit.

La prostate joue également un rôle dans l’éjaculation. Les problèmes de prostate peuvent donc entraîner des difficultés d’éjaculation et des perturbations de la fonction sexuelle.

Quels sont les examens clés ?

Plusieurs examens permettent d’évaluer la prostate et de diagnostiquer d’éventuels problèmes :

  • Le dosage sanguin : une prise de sang permet de mesurer le taux de l’antigène spécifique de la prostate (PSA), une protéine produite naturellement par la prostate. Une élévation de ce taux peut indiquer une anomalie.
  • Le toucher rectal : cet examen consiste à évaluer la taille, la souplesse et la consistance de la prostate en insérant un doigt ganté et lubrifié dans l’anus.
  • La biopsie : des morceaux de cellules prostatiques sont prélevés à l’aide d’une sonde introduite par l’urètre et analysés au microscope.
  • L’analyse d’urine : un examen cytobactériologique des urines peut être prescrit pour rechercher une éventuelle infection urinaire.

Comment est mesurée la taille de la prostate ?

Les urologues utilisent le volume plutôt que le poids pour caractériser la taille de la prostate, car cela peut être mesuré par échographie. Une petite prostate a un volume de 30 à 40 ml ou un poids compris entre 20 et 70 g, tandis qu’une grosse prostate a un volume de 40 à 100 ml et un poids compris entre 40 et 125 g.

Souffrez-vous de troubles urinaires ?

Le questionnaire International Prostate Symptom Score (IPSS) permet d’évaluer les troubles mictionnels liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate. Ce questionnaire aide au diagnostic et au suivi des symptômes urinaires survenus au cours du dernier mois.

Selon ce score, les symptômes sont considérés comme légers si le score est compris entre 0 et 7, modérés s’il est compris entre 8 et 19, et sévères s’il est compris entre 20 et 35.

Les chiffres

  • 3 à 4 heures : C’est l’intervalle normal entre deux mictions, ce qui signifie qu’en moyenne, on urine de 5 à 7 fois par jour. Un lever nocturne pour uriner n’est pas pathologique.
  • 2 millions : C’est le nombre de consultations effectuées chaque année en France pour une infection ou une inflammation de la prostate. Ces affections sont courantes entre 40 et 60 ans et représentent 9% des rendez-vous chez l’urologue et 1% des visites chez le médecin généraliste.

Mictions fréquentes : ce n’est pas toujours la prostate

Lorsque l’on se lève plusieurs fois la nuit pour uriner, cela peut être dû à différentes causes : une hypertrophie bénigne de la prostate, une vessie hypersensible, un problème d’apnée du sommeil ou un problème cardiaque. Pour éliminer ces possibilités, il est possible de calculer le volume d’urine éliminé pendant la nuit en urinant dans une bouteille chaque fois que le besoin s’en fait sentir.

Si plus de 700 ml d’urine sont recueillis pendant la nuit, cela peut indiquer un autre problème que la prostate, tel qu’une apnée du sommeil ou un problème cardiaque. En revanche, si l’urine est émise en petites quantités à chaque fois, il peut s’agir d’une vessie hypersensible.