Punaises de lit : un insecticide interdit pointé du doigt après la mort d’un octogénaire

Punaises de lit : un insecticide interdit pointé du doigt après la mort d’un octogénaire

Un octogénaire est décédé à Lyon des suites d’une hémorragie cérébrale après avoir utilisé un insecticide interdit. Son fils, Alain, qui l’a découvert en détresse respiratoire, est convaincu que la mort de son père est liée à l’achat récent de deux flacons de Sniper 1000 EC, un puissant insecticide contenant du dichlorvos, un produit interdit dans l’Union européenne depuis 2013 mais toujours disponible sur le marché noir pour lutter contre les problèmes de punaises de lit.

Un produit “à la mode”

La présence de ce produit chez la victime a conduit le parquet de Lyon à retenir les chefs d’accusation de “mise en danger de la vie d’autrui” et de “vente non autorisée de produit dangereux” dans l’enquête ouverte suite au décès. Le rôle de l’insecticide dans le décès de la personne âgée, déjà en mauvaise santé, reste à déterminer par les enquêteurs.

Sur le site d’alerte aux produits dangereux du gouvernement, Rappel Conso, les consommateurs sont sensibilisés depuis le 8 novembre au sujet des flacons de Sniper 1000 EC, et on leur demande de cesser leur utilisation. Le rappel s’affiche d’ailleurs en page d’accueil du site.

Le docteur Jérôme Lagrand, chef de service du Centre antipoison de Paris, a expliqué en octobre au Parisien que le Sniper “est de plus en plus utilisé”. Selon lui, ce produit présente de nombreux dangers, tels que des problèmes respiratoires et des malaises.

Produit en Chine et importé illégalement

L’octogénaire décédé à Lyon cherchait à se procurer ce produit car son autre fils, avec qui il vivait, se plaignait de piqûres à répétition depuis le début de l’année. Pendant l’été, alors que les punaises de lit étaient au centre des débats publics, l’octogénaire a fait le lien avec la situation de son fils.

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Sa femme de ménage lui a alors indiqué qu’elle connaissait “quelqu’un qui vend un super produit contre les punaises de lit dans le quartier”, selon Alain. L’octogénaire a finalement acheté les deux flacons pour 130€.

Le Sniper, interdit dans de nombreux pays occidentaux, est produit en Chine et exporté dans de nombreuses parties du monde. “Certaines personnes importent ce produit de l’étranger, notamment d’Afrique et d’Asie”, affirme Alexandre Woog, qui précise qu’il est désormais facilement accessible sur Internet pour 20€ et dans des boutiques peu scrupuleuses.

Les services de la répression des fraudes (DGCCRF), sollicités par BFMTV.com concernant les mesures prises contre ce commerce illégal et ses conséquences néfastes, n’ont pas encore répondu.

Difficultés économiques et doutes sur l’efficacité

Selon le chef d’entreprise Alexandre Woog, le recours au Sniper est souvent un second choix pour les personnes connaissant des difficultés financières. Il explique que lorsqu’on leur donne le prix d’un traitement professionnel (environ 400€), beaucoup préfèrent acheter un flacon moins cher et le faire eux-mêmes.

Certaines personnes utilisent ce produit sans prendre les précautions nécessaires, telles que le port d’un masque ou le temps d’aération requis pour les pièces traitées (au moins deux heures, souvent plus).

Alexandre Woog estime que le recours à des produits puissants comme le Sniper est également lié à une méfiance envers les produits vendus dans le commerce, considérés comme inefficaces. Selon lui, “il y a beaucoup de n’importe quoi, beaucoup d’arnaques, beaucoup de traitements qui ne sont pas effectués correctement”, ce qui alimente les doutes des personnes quant à l’efficacité des traitements légaux.

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L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a recensé plus de 1 000 cas d’intoxication, certains graves, entre 2007 et 2021, liés à des produits insecticides utilisés pour lutter contre les punaises de lit.