Le printemps est arrivé, et avec lui, les chenilles processionnaires du pin. Elles descendent majestueusement des arbres pour aller s’enterrer et poursuivre leur cycle biologique. Cependant, attention à ces petites créatures, car la puissance urticante de leurs poils est redoutable.
Des nids facilement repérables
Les nids de chenilles processionnaires ne passent pas inaperçus. Ces cocons de soie fleurissent à l’extrémité de certaines branches des pins isolés ou situés à la lisière des bois et des forêts. Ils forment une tache blanchâtre bien visible devant le rideau de résineux.
Une descente périlleuse
Au printemps, les chenilles quittent le nid en procession, guidées par une femelle. Cependant, toutes ne parviendront pas au sol, cette terre promise qu’elles convoitent. Les obstacles sont nombreux pour perturber le cycle biologique de ces larves qui ont l’inconvénient d’asphyxier les arbres qu’elles habitent et de posséder des poils particulièrement urticants. La durée de vie de ces animaux est d’environ un an.
«Leur pouvoir de colonisation est important», assure Christian Amiel, directeur du service patrimoine végétal de la ville d’Albi, qui a mis en place diverses actions pour protéger ses arbres. «Plusieurs techniques de lutte sont développées pour traiter les 40 à 50 arbres sur lesquels des nids ont été repérés, chaque traitement étant adapté à la taille de l’arbre», poursuit-il.
Pas de solution miracle
Le traitement le plus simple, à condition que l’arbre ne soit pas trop haut, consiste à couper la branche colonisée par les chenilles, puis à la brûler, l’enfouir profondément sous terre ou à la plonger dans de l’eau. Si les nids sont inaccessibles, une solution consiste à cercler le tronc de l’arbre avec un piège.
En descendant de l’arbre, les chenilles seront dirigées vers un sac rempli de terre et de débris, où elles ne pourront pas rejoindre le sol pour poursuivre leur cycle biologique. Une autre méthode consiste à installer près des pins contaminés des nichoirs pour mésanges, l’un des rares oiseaux à se nourrir des chenilles et à attaquer directement les nids.
Enfin, la lutte contre les processionnaires du pin passe également par l’utilisation de produits phytosanitaires à base de bacillus, que l’on pulvérise sur les arbres. Malgré tout, il n’existe aucun moyen de se débarrasser définitivement des processionnaires du pin, quelle que soit la méthode de lutte utilisée.
Les arbres feuillus comme alternative
Chaque année, il est nécessaire de renouveler les traitements. En effet, la femelle du papillon, qui dépose ses œufs sur les aiguilles de pin, a une portée d’environ 3 km (25 km pour le mâle). Ainsi, même si l’arbre est traité correctement, il y a de fortes chances qu’il soit infecté l’année suivante si les voisins ne font rien contre les chenilles. De plus, lorsque les chenilles atteignent le sol, elles peuvent y rester de quelques jours à plusieurs années.
Il est donc évident qu’il n’existe pas de solution miracle pour se débarrasser des chenilles du pin, sauf persévérer dans les actions de lutte annuelle ou décider de ne planter que des arbres feuillus, car la chenille processionnaire n’apprécie guère le goût de leurs feuillages. Du moins, pour le moment.
Un voyage de la terre au ciel
Le cycle biologique de la chenille processionnaire du pin s’étend sur une année. Au début de l’été, des papillons de nuit émergent de terre. Ils s’accouplent, le mâle meurt rapidement, tandis que la femelle résiste quelques jours, le temps de pondre de 50 à 700 œufs sur les aiguilles d’un pin. Environ 30 à 45 jours plus tard, les chenilles éclosent. Reliées entre elles par un fil de soie, elles se nourrissent en rongeant les aiguilles.
La construction du nid en fil de soie intervient à l’automne. Entre-temps, les chenilles auront changé de couleur et seront recouvertes de poils très urticants. Elles resteront bien au chaud tout l’hiver, sortant occasionnellement pour se nourrir ou améliorer leur nid.
L’arrivée du printemps marque le début de la descente vers la terre en procession (jusqu’à une centaine). Là, elles choisissent un endroit bien ensoleillé et s’enterrent. Quinze jours plus tard, les chenilles se transforment en chrysalides, un état dans lequel elles peuvent rester des mois, voire plusieurs années, en fonction des régions et du climat.
Toujours sous terre, les chrysalides se métamorphosent en papillons. Et lors d’une belle soirée d’été, les papillons sortent de terre, s’accouplent… et le cycle recommence.