En juillet, les habitants d’Illkirch ont été invités à donner leur avis sur l’interdiction du diesel dans la métropole de Strasbourg. Le résultat est sans appel : 90 % des votants se sont opposés à cette mesure !
Cette mobilisation témoigne des craintes présentes partout en France. Lorsqu’une nouvelle étape de restrictions de circulation a été mise en place en Île-de-France le 1er juin, cela a suscité un emballement médiatique national. Il n’est donc pas surprenant que le diesel, largement dominant dans le parc automobile français, soit remis en question.
Les Zones à Faibles Émissions se multiplient
La montée des inquiétudes est compréhensible. Les annonces des nouvelles municipalités écologistes se multiplient, la loi climat a été définitivement actée et l’Europe a même condamné les moteurs thermiques avec son pacte vert ! Mais est-il nécessaire de se débarrasser rapidement de sa voiture diesel ? Heureusement, non… du moins dans une grande partie du pays.
Tout d’abord, le pacte vert européen n’est pas une menace immédiate. Bien qu’il bouleversera l’industrie automobile en interdisant la vente de voitures à moteur thermique à partir de 2035, il n’a pas d’impact sur la circulation des véhicules pour le moment. Les réelles contraintes pour les automobilistes français proviennent de nos Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui vont se multiplier rapidement.
Actuellement, il existe cinq ZFE en place : Paris, la Métropole du Grand Paris, la métropole de Grenoble, Lyon et la métropole Rouen Normandie. Les premières restrictions de circulation ne concernent que les utilitaires et les poids-lourds. C’est en Île-de-France que les conditions sont les plus sévères, avec des interdictions s’appliquant aux voitures dès la classe Crit’Air 4, c’est-à-dire les diesels d’avant 2006 (et les essences d’avant 1997).
Commencer par bannir les véhicules les plus anciens
Les interdictions de circulation vont s’accélérer. Un décret publié à l’automne 2020 impose la mise en place de ZFE dans les métropoles où les niveaux de pollution sont régulièrement dépassés. D’ici la fin de l’année 2022, Aix-Marseille-Provence, Nice-Côte d’Azur, Toulon-Provence-Méditerranée, Toulouse, Montpellier-Méditerranée et Strasbourg devront se joindre aux ZFE déjà existantes.
De plus, l’État a fixé un calendrier strict. Les véhicules non classés et de classe Crit’Air 5 seront interdits à partir de 2023 (diesels d’avant 2001), les Crit’Air 4 en 2024 (diesels d’avant 2006) et les Crit’Air 3 en 2025 ! Après le 1er janvier 2025, seuls les diesels les plus récents (Euro 5 et 6) mis en circulation après 2011 pourront circuler dans ces zones. Cela signifie que les véhicules auront jusqu’à 14 ans, sachant que l’âge moyen du parc automobile français est un peu plus de dix ans.
La loi climat a ajouté une nouvelle étape. Au plus tard le 31 décembre 2024, toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants devront mettre en place une ZFE. Cependant, les collectivités concernées pourront fixer elles-mêmes les calendriers d’interdictions de circulation, du moins dans un premier temps. Les calendriers varieront certainement en fonction des orientations politiques. Les interdictions se feront par étapes, commençant par les véhicules non classés et Crit’Air 5, puis se poursuivant progressivement.
Paris, Lyon, Strasbourg prévoient une interdiction totale
Mais alors, quand sera-t-il totalement interdit de rouler en diesel ? L’interdiction totale du diesel arrivera lorsque la classe Crit’Air 2 sera également bannie. L’État n’a pas encore fixé de date précise pour cette échéance, même dans les ZFE les plus polluées. C’est aux élus locaux de décider du calendrier pour la Crit’Air 2.
La première zone en France à interdire totalement le diesel sera la métropole du Grand Paris, qui a fixé l’interdiction des Crit’Air 2 pour 2024, l’année des Jeux Olympiques dans la Ville Lumière. Dans trois ans, aucun diesel ne pourra circuler à l’intérieur de l’A86 ! Cela aura un impact significatif, car de nombreux véhicules diesel sont encore en circulation dans cette zone. Ensuite, les regards se tourneront vers Lyon, où les élus de la métropole souhaitent interdire les Crit’Air 2 en 2026. En ce qui concerne la métropole de Strasbourg, après une hésitation sur 2025, l’interdiction totale est prévue pour 2028.
Ces trois zones concernent des territoires densément peuplés, c’est certain. Mais nous sommes encore loin, très loin, d’une interdiction totale du diesel en France ! Pour cela, il faudra d’abord imposer la fin des Crit’Air 2 dans les ZFE, puis étendre cette mesure à l’ensemble du pays. Cela arrivera probablement, mais à très long terme. Dans son pacte vert, l’Europe évoque l’idée de bannir les moteurs thermiques des routes après avoir interdit leur vente, mais pas avant 2050.