Avouons-le, le processus de création d’un CV peut être long et fastidieux. Mais saviez-vous que les recruteurs ne consacrent en moyenne que 34 secondes à survoler votre CV ? C’est ce que révèle une étude réalisée par Tilkee en 2019, une start-up spécialisée dans le suivi des documents. Cette statistique peut sembler décourageante, mais est-ce le cas à chaque fois ? Cela dépend du poste recherché. Alors, que devez-vous vraiment inclure dans votre CV pour attirer l’attention des recruteurs ? Nous avons demandé à plusieurs experts en recrutement de nous dévoiler leurs secrets.
Un premier coup d’œil (très) rapide
Dans l’ensemble, ne vous attendez pas à ce qu’un recruteur ou un responsable du recrutement passe une demi-heure à parcourir votre CV. “Le temps que je consacre à examiner un CV ou un profil LinkedIn dépend du poste pour lequel je recrute”, explique Camille, responsable du recrutement dans une start-up à Londres. “Mais en moyenne, je passe environ 10 secondes lors de la première vérification.” Delphine, chargée de recrutement dans un cabinet de conseil en ressources humaines, est du même avis. “En quelques coups d’œil, nous savons si cela vaut la peine de nous attarder sur un profil. Je dirais que je ne passe rarement plus de 45 secondes.” Ces durées semblent très courtes, mais c’est principalement parce que Camille et Delphine se concentrent sur les informations clés. “Il y a deux choses que je regarde en priorité : le nombre d’années d’expérience et les entreprises pour lesquelles le candidat a travaillé. Nous sommes dans le secteur du e-commerce, donc si un candidat n’a d’expérience que dans des secteurs très éloignés, cela ne correspondra pas”, explique Camille.
Selon les entreprises, certains recruteurs vont également repérer différents mots-clés qui leur permettent de savoir rapidement si le candidat convient au poste : le titre du poste, mais aussi des noms de logiciels ou d’outils sur lesquels le candidat a travaillé. “Quand j’examine un CV, je filtre les mots-clés correspondant à ma recherche. Dans mon secteur, j’ai souvent besoin de personnes ayant une expérience en gestion de projet, donc je recherche des mots tels que “pilotage”, “cadrage”, “audit”…”, explique Delphine.
Des critères différents selon le type de profil
Bien évidemment, l’examen d’un CV prend un peu plus de temps lorsque le profil est plus senior. “Les profils juniors sont examinés plus rapidement car ils ont moins d’expérience sur leur CV, alors que pour un profil plus senior, nous examinons plus en détail leur progression de carrière”, explique Delphine. Ainsi, face à des candidatures plus expérimentées, les recruteurs se penchent plus attentivement sur le contenu des différents postes occupés par le candidat. “Lorsque je recrute pour un poste de manager senior, par exemple, j’y consacre plus de temps car j’examine de manière plus détaillée ce que le candidat a fait : quel type d’équipe il a géré, combien de personnes…”, précise Delphine.
Cela signifie-t-il que les profils juniors sont moins examinés avec attention ? Pas du tout, les critères sont simplement différents. “Dans des entreprises comme la mienne, qui sont encore assez jeunes et en pleine expansion, nous recrutons de nombreux juniors. Par conséquent, comme ils ont moins d’expérience, je porte une attention particulière à leurs compétences humaines sur leur CV. C’est vraiment important, car même si la personne manque de compétences techniques, si elle est motivée, autonome et capable d’apprendre rapidement, elle peut être un excellent atout pour l’équipe !”, affirme Camille. Les compétences humaines, ce sont ces petites lignes que vous ajoutez parfois à votre CV, qui décrivent vos compétences humaines et sociales : “autonome”, “passionné”, “persévérant”, “aime travailler en équipe”, etc.
Bien que ces compétences ne soient pas indispensables et ne soient pas la première chose qu’un recruteur examine, elles peuvent faire la différence dans le cas d’un profil junior. “Les compétences humaines sont vérifiées plus tard”, explique Delphine. “Comme elles ne sont pas mesurables, elles ne sont pas la première chose que nous examinons. Nous nous intéressons d’abord aux compétences techniques et aux expériences passées du candidat, mais il est toujours intéressant de les mentionner.”
Ces quelques secondes passées sur un CV ne constituent que le premier “tri” : si votre candidature est retenue, vous serez probablement invité à un entretien préliminaire au cours duquel les recruteurs prendront le temps de mieux vous connaître… et de vérifier ces fameuses compétences humaines. “Pour être honnête, je vérifie principalement les compétences humaines lors d’un entretien téléphonique”, reconnaît Camille. “Lorsqu’un profil m’intéresse, je le mets de côté et je passe un appel d’environ vingt minutes au candidat pour qu’il me parle de lui, de ses expériences… C’est là que j’en profite pour lui poser des questions telles que ‘si vous vous retrouvez seul face à un projet, que faites-vous ?’, ‘Comment gérez-vous le stress ?’, ce genre de choses…”
Stalker ou ne pas stalker ?
Souvent, la question de la vérification des expériences passées se pose pour les candidats. Il est évident que cela dépend largement de la culture d’entreprise. Chez Camille, à Londres, la vérification des références est systématique, mais seulement une fois que le candidat a été retenu. “Les candidats passent d’abord par tout le processus de recrutement, et si nous leur faisons une offre, c’est à ce moment-là que nous vérifions leurs références. Concrètement, je leur demande de me fournir les coordonnées de leur employeur le plus récent, ou de celui d’avant s’ils ne veulent pas que leur entreprise actuelle soit informée de leur départ. Cela nous permet de nous assurer que la personne a bien travaillé dans ce secteur et à ce poste. De plus, nous en profitons souvent pour demander comment le candidat s’est comporté au travail et comment nous pouvons le mieux gérer sa nouvelle position. Appeler d’anciens employeurs est une pratique courante au Royaume-Uni.”
Delphine, en France, ne le fait que lorsqu’elle a des doutes sur la véracité des informations fournies par les candidats. “Nous contactons les anciens employeurs lorsque nous avons des doutes sur une expérience, lorsque nous avons du mal à comprendre la mission réalisée par un candidat, ou lorsque quelque chose nous semble suspect… mais c’est plutôt rare.”
En ce qui concerne la vérification de la situation familiale, cela est tout simplement illégal. “Nous n’avons pas le droit de poser des questions sur la vie personnelle des candidats, mais avec le télétravail, les gens nous en parlent souvent. Nous leur demandons s’ils sont à l’aise de travailler à distance ou s’ils peuvent se rendre au bureau… naturellement, certains nous disent dès le départ qu’ils ont des enfants à charge ou qu’ils habitent loin”, explique Camille.
Le processus de création d’un CV peut sembler complexe, mais en vous concentrant sur les informations clés et en adaptant votre contenu en fonction du poste recherché, vous pouvez attirer l’attention des recruteurs et augmenter vos chances d’être convoqué à un entretien. Alors, prenez le temps de soigner votre CV et faites en sorte que chaque seconde compte !