Québec : Tout ce que vous devez savoir (et faire) avant de partir travailler là-bas

Québec : Tout ce que vous devez savoir (et faire) avant de partir travailler là-bas

La “Belle Province” – surnom donné au Québec – continue de faire rêver les Français. Leur engouement se reflète dans le nombre croissant de personnes de nationalité française dans la région, passant de près de 46 000 en 2005 à plus de 80 000 en 2019, selon les chiffres des registres consulaires de Québec et de Montréal. De manière générale, le Canada reste la destination préférée des Français pour l’expatriation, avec 25% d’entre eux envisageant de s’y installer, un chiffre qui monte même à 33% pour les 18-34 ans, selon un sondage réalisé par Yougov en début d’année.

Cependant, il convient de ne pas idéaliser une future carrière professionnelle au Québec. Paul Trottier, conseiller en recrutement international pour la Délégation générale du Québec à Paris, partage avec nous les éléments à prendre en compte et à anticiper avant de partir pour la “Belle Province”.

1. Si vous êtes jeune diplômé(e)… cela peut être compliqué

Jeune diplômé(e) motivé(e), vous venez de terminer (enfin !) vos études supérieures en France et vous avez l’envie de rejoindre “Le Plateau”, ce quartier de Montréal souvent (gentiment) moqué par les locaux pour être le repère de la communauté française dans leur ville. Attention : “Les employeurs québécois recherchent surtout des candidats qui ont déjà de l’expérience”, met en garde Paul Trottier. Selon lui, il est difficile de postuler à une offre d’emploi au Québec sans justifier d’au moins un, voire deux ou trois ans d’expérience. “Je conseille plutôt de choisir un stage de fin d’études au Québec. Si tout se passe bien, l’entreprise pourrait décider de vous embaucher, vous évitant ainsi les difficultés auxquelles font face les jeunes diplômés français dans notre province.”

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2. Rapprochez-vous de la délégation générale du Québec à Paris

Un conseil (tout simple), mais qu’il serait dommage de négliger. “La délégation générale du Québec à Paris, qui est notre représentation diplomatique la plus importante à l’étranger, peut vous accompagner dans votre projet professionnel au Québec, notamment dans les démarches administratives (comme la demande d’un permis de travail, par exemple) qui peuvent vous sembler complexes”, résume l’expert. Des séances d’information sont régulièrement organisées, et il est possible d’y participer en ligne, même si vous n’habitez pas à Paris. Vous pouvez également prendre rendez-vous directement avec un conseiller de la délégation, mais “les séances d’information que nous organisons répondent généralement à la plupart des questions que vous pouvez vous poser.”

3. Anticipez le permis de travail

“En France, vous appelez cela un visa, au Québec, nous parlons de permis de travail”, explique Paul Trottier. Et attention, même pour une mission non rémunérée – comme du bénévolat, par exemple – vous aurez besoin d’un permis de travail. Il vaut donc mieux ne pas partir tête baissée ! “Sauf exception – comme le permis vacances travail (PVT) -, vous devez absolument trouver un employeur québécois avant de pouvoir prétendre à un permis de travail”, souligne l’expert.

4. Trouvez un emploi au Québec depuis la France

C’est pourquoi il est nécessaire de trouver un emploi au Québec… avant même d’y partir. Cela peut sembler compliqué au premier abord. “Mais ce n’est pas si sorcier que ça. Je vous conseille de commencer par consulter le site de Pôle emploi, dans la section mobilité internationale.” Vous y trouverez notamment un moteur de recherche pour filtrer les offres d’emploi proposées au Québec dans votre secteur d’activité (sachant qu’un Français peut travailler dans n’importe quel secteur d’activité au Québec, sauf rares exceptions). Toutefois, compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre que connaît actuellement la “Belle province”, il serait dommage de ne pas explorer ce que l’on appelle le “marché caché”, c’est-à-dire tous ces emplois qui ne font pas l’objet d’une offre d’emploi. “Le meilleur moyen d’y accéder est de cibler vous-même des entreprises et de leur envoyer des candidatures spontanées”, conseille Paul Trottier.

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5. Apprenez à convaincre un employeur québécois de vous embaucher

Si vous envoyez des candidatures spontanées, vous pourrez potentiellement tomber sur des employeurs québécois réticents à embaucher un salarié étranger. “Certaines entreprises ne sont même pas au courant des démarches à réaliser pour recruter un travailleur français, ou pensent que c’est trop compliqué. Dans ce cas, vous pouvez leur indiquer que le service chargé de l’immigration au Québec peut les aider.” Ce service peut les accompagner pour savoir quel permis est nécessaire pour un travailleur français ou évaluer le coût de l’embauche d’un salarié étranger. “C’est un très bon moyen de rassurer l’employeur.”

6. Participez aux journées de recrutement du Québec en France

La meilleure façon de convaincre une entreprise québécoise de vous recruter reste encore de les rencontrer en personne. Et cela est possible sans avoir à traverser l’Atlantique. La délégation générale du Québec à Paris organise chaque année une “Journée Québec France”. La prochaine aura lieu les 10 et 11 décembre 2022 et vous avez jusqu’au 20 novembre pour vous inscrire. “Une centaine d’entreprises seront représentées, dans des secteurs aussi variés que le jeu vidéo, le génie civil, l’éducation ou encore la finance”, indique l’expert. Avant ces journées, les entreprises réaliseront une présélection des candidats qu’elles rencontreront lors d’entretiens d’embauche sur place. “Mais tous les candidats auront également la possibilité de rencontrer l’ensemble des employeurs présents pendant ces journées.”

7. Ouvrez un compte bancaire au Québec avant de partir

Une fois votre emploi trouvé, la première chose à faire, selon Paul Trottier, est d’ouvrir un compte dans une banque québécoise. “Vous aurez besoin d’une preuve de compte bancaire québécois pour la plupart de vos démarches administratives là-bas, que ce soit pour louer un logement ou ouvrir une ligne internet”, explique-t-il. Par exemple, la banque Desjardins dispose d’une équipe dédiée pour répondre aux demandes des travailleurs étrangers. “Toutes les démarches pour l’ouverture d’un compte peuvent être effectuées en ligne et il est possible de recevoir votre carte de crédit chez vous, en France.”

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8. Pour chercher un logement, rendez-vous ou pas sur place ?

La recherche d’un logement peut être une source de stress… Heureusement, des solutions existent pour faciliter cette étape. “Les entreprises de relocation, qui sont spécialisées dans l’accompagnement des personnes qui s’installent dans un nouveau pays ou une nouvelle ville, peuvent effectuer les recherches d’appartement ou de maison à votre place. Elles connaissent bien le marché local et vous évitent également de devoir vous déplacer pour visiter les logements.” Si vous préférez faire les démarches vous-même, gardez à l’esprit les spécificités du marché immobilier québécois, notamment le vocabulaire utilisé dans les annonces. “1½, 2½, 3½… désignent le nombre de pièces de l’appartement, le chiffre ‘½’ représentant la salle de bains. Contrairement à la France, la cuisine est considérée comme une pièce à part entière.”

9. Préparez-vous à une culture d’entreprise différente

Un nouveau pays signifie généralement une culture d’entreprise différente. “Le lien hiérarchique est souvent moins formel qu’en France et il est courant de tutoyer son employeur”, donne comme exemple Paul Trottier. Cela peut déstabiliser un jeune actif français, car les entreprises québécoises sont axées sur la culture du résultat de leurs salariés. “En contrepartie, vous pourrez souvent accéder rapidement à des postes à responsabilité, car les employeurs reconnaissent facilement vos compétences.” Autre point à garder à l’esprit : quel que soit le prestige de vos diplômes français, ils ne sont souvent pas très significatifs pour les entreprises québécoises. Il est donc préférable de mettre en avant vos réalisations et compétences développées lors de vos stages ou expériences professionnelles précédentes. “Si vous souhaitez absolument mettre en avant vos diplômes, renseignez-vous sur leurs équivalents locaux. Par exemple, au Québec, on ne parle pas de BTS mais de diplôme d’études collégiales, ou DEC.”

10. Profitez d’un avantage pour votre retraite !

Grâce aux accords de réciprocité entre la France et le Québec, toutes les cotisations versées dans l’un ou l’autre pays sont prises en compte de la même manière pour le calcul de votre retraite. “Ce dispositif n’est pas disponible pour tous les pays dans lesquels les Français vont travailler, c’est donc un gros avantage !”

En résumé, partir travailler au Québec est une aventure passionnante, mais demande une certaine préparation. En gardant ces 10 conseils en tête, votre expérience professionnelle dans la “Belle Province” pourra être plus agréable et réussie. Alors, n’attendez plus et sautez le pas vers cette belle opportunité !