Lorsque nous pensons à la transition vers les véhicules électriques, nous nous concentrons souvent sur les avantages environnementaux et économiques. Cependant, il est crucial de prendre en compte l’impact sur les emplois dans le secteur de la production automobile. Selon Maxime Picat, directeur de la division Europe de PSA, “la fabrication d’une voiture électrique représente une réduction de 40% de la main-d’œuvre”. Une étude de l’Observatoire de la métallurgie publiée l’année dernière révèle que près de 20% des emplois liés à l’industrie automobile en France pourraient être menacés, soit 40 000 emplois sur les 200 000 actuels.
Métiers menacés : décolleteur, tôliers, caristes…
La simplification de la fabrication des moteurs électriques est l’une des raisons principales de cette évolution. Contrairement aux moteurs thermiques, qui nécessitent des milliers de pièces et de nombreux mécanismes supplémentaires (boîte de vitesse, transmission, embrayage, injection…), les moteurs électriques sont constitués de très peu d’éléments mobiles. Cette situation entraîne une réduction de l’emploi dans le secteur de la production. L’Observatoire de la métallurgie identifie six métiers en déclin d’ici 2025 : décolleteur, tôliers, opérateurs de production, caristes, régleurs et contrôleurs qualité.
L’émergence de nouveaux métiers : bobinier, monteur-câbleur…
Cependant, la transition vers les voitures électriques ne signifie pas nécessairement la disparition totale des emplois dans le secteur automobile. Au contraire, cela entraîne également l’émergence de nouveaux métiers au sein des usines. L’étude de l’Observatoire de la métallurgie identifie deux métiers en croissance : le bobinier et le monteur-câbleur. Le premier est responsable de la fabrication des moteurs électriques, tandis que le second installe, construit et répare des équipements électriques et électroniques. Trois autres métiers devraient également connaître une croissance dans le domaine de la conception : ingénieur en sûreté de fonctionnement, ingénieur en électronique de puissance et ingénieur en électronique embarquée. Pour que cela se concrétise, il est essentiel que les constructeurs et les équipementiers s’adaptent à l’électrification, forment leurs techniciens et s’impliquent dans la formation initiale des futurs ingénieurs.
La transition vers les voitures électriques représente donc un défi pour l’industrie automobile en termes de maintien de l’emploi. Cependant, elle ouvre également la voie à de nouvelles opportunités professionnelles. Il est essentiel que les acteurs du secteur s’adaptent rapidement à ces changements et investissent dans la formation pour garantir une transition en douceur vers l’avenir de la mobilité électrique.
Note: Cet article est basé sur l’étude prospective des impacts des mutations de la construction automobile sur l’emploi et les besoins de compétences, publiée par l’Observatoire de la métallurgie en novembre 2018.