Après une année de pandémie de Covid-19 et la reprise économique “sans précédent” à partir de mi-2021, la consommation d’énergie a augmenté de manière significative dans le monde entier, explique EDF. Cela a entraîné une première augmentation des prix de l’électricité. L’année suivante, la guerre en Ukraine et les sanctions européennes contre la Russie ont conduit à une forte augmentation des prix du gaz, ce qui a entraîné une nouvelle hausse des tarifs de l’électricité.
Alors qu’en 2019, un Européen devait payer en moyenne 21 centimes pour 1 kilowattheure (kWh) consommé, il doit désormais s’acquitter de 29 centimes par kilowattheure, soit une facture en hausse de près de 40%.
Le prix de l’électricité dans chaque pays
Dans l’Union européenne, les prix de l’énergie sont déterminés sur les marchés où les producteurs et les fournisseurs négocient les prix de gros avant de vendre l’électricité aux populations et aux entreprises au prix de détail. La production d’électricité peut également être échangée en bourse et donc faire l’objet de spéculations.
En ajoutant à cela le fonctionnement d’une partie du marché de gros européen, le prix de l’électricité, quelle que soit sa source, doit s’aligner sur le coût de la dernière centrale électrique nécessaire pour répondre à la demande.
Au premier semestre 2023, le coût de l’électricité était particulièrement élevé aux Pays-Bas (45 centimes le kWh), en Belgique (43 centimes) ainsi qu’en Roumanie et en Allemagne (42 centimes). Les foyers italiens ont également été touchés avec la cinquième électricité la plus chère de toute l’Union (41 centimes). A l’inverse, la Bulgarie (11 centimes) et la Hongrie (12 centimes) ainsi que Malte (15 centimes) ont l’électricité la moins chère du continent, suivies par la Croatie (16 centimes) et la Slovénie (19 centimes). Les familles françaises ont quant à elles une électricité moins onéreuse que la moyenne européenne (29 centimes) avec un coût de 22 centimes, soit presque la moitié de leurs voisins alpins et rhénans.
Cette différence s’explique par plusieurs facteurs : le mix électrique du pays (production nucléaire, renouvelable ou à partir de centrales à charbon ou à gaz), l’existence ou non de tarifs réglementés et bien sûr la part des taxes et des aides dans le prix final payé par le consommateur.
Avec l’innovation, les prix de production évoluent constamment. Par exemple, le coût de l’énergie photovoltaïque a diminué de 89% en seulement dix ans, entre 2009 et 2019. Sur la même période, l’éolien a baissé de 70% et le coût des centrales à gaz de 32%, selon le rapport de Our World in data. Cependant, cette dernière source d’énergie est redevenue plus chère, notamment en raison de l’augmentation des coûts de la pollution avec le marché carbone et les conséquences de la guerre en Ukraine.
Des taxes et des dispositifs d’aide différents selon les pays
En Europe, les taxes jouent un rôle important dans les prix de l’électricité. En 2023, elles représentent près de 20% des factures d’électricité des ménages. Ces taxes constituent des revenus importants pour les pouvoirs publics mais peuvent également être réduites en cas de crise pour soutenir les ménages. Certains pays pratiquent même des taxes négatives pour faire baisser les prix. Par exemple, l’Irlande a réduit de 41% le prix de l’électricité pour protéger sa population face à l’augmentation des prix, tout comme le Luxembourg (-35%) ou le Portugal (-27%).
En revanche, certains pays ont une fiscalité importante sur l’électricité. Les taxes polonaises font augmenter les prix de 94%. Il en va de même pour Chypre (+61%) et la Suède (+56%).
En France, les taxes font grimper les prix de 22%, ce qui est dans la moyenne européenne. Ces taxes permettent notamment de financer la construction de nouvelles centrales nucléaires, de développer les énergies renouvelables et d’investir dans la rénovation énergétique des logements.
La réduction des taxes n’est pas le seul moyen de soutenir les ménages face à l’inflation. Malte, par exemple, qui compte parmi les pays européens avec l’électricité la moins chère, régule fortement son prix grâce à l’unique entreprise du secteur, ENEMALTA. “Les prix de l’électricité n’ont pas été modifiés depuis 2014”, note le FMI en 2023.
L’île n’est pas le seul pays à intervenir fortement pour protéger sa population de l’inflation. Selon le groupe de réflexion Bruegel, depuis le début de la crise énergétique, les États de l’UE ont alloué 540 milliards d’euros pour protéger leurs consommateurs, y compris les entreprises.
Les dispositifs d’aide sont variés. La majorité des pays de l’Union a par exemple réduit les taxes sur l’énergie, fixé des limites de prix aux fournisseurs d’électricité et augmenté les transferts sociaux vers les plus vulnérables. D’autres mesures ont été plus localisées, souvent mises en place en Europe du Sud : régulation des prix des producteurs (France, Malte, Portugal, Slovénie et Espagne) ou encore intervention des entreprises étatiques du secteur (Malte, Portugal, Slovaquie et France).
Quel est le prix de l’électricité pour les ménages dans les États membres de l’Union européenne ? (au premier semestre 2023)
- France : 0,22 €
- UE : 0,29 €
- Zone euro : 0,30 €