Les relations intimes peuvent parfois être marquées par des comportements, des actes et des attitudes visant à contrôler et dominer l’autre. On parle alors de violences conjugales. Ces violences peuvent prendre différentes formes, qu’elles soient verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou de manière récurrente. Elles causent des préjudices à l’intégrité de la victime et peuvent également affecter son intégration socioprofessionnelle, ainsi que son entourage, notamment les membres de sa famille, y compris les enfants. (Définition commune des violences conjugales adoptée en 2006 par les ministres fédéraux, communautaires et régionaux de Belgique)
La violence conjugale en tant que délit
La violence conjugale est un délit passible de sanctions pénales, que les partenaires soient mariés ou non. Les violences perpétrées au sein du couple sont considérées plus graves que d’autres formes de violence. Depuis mars 2013, les victimes de violences conjugales sont considérées comme des personnes vulnérables et à risques, et sont inscrites à l’article 458 bis du code pénal en Belgique. Cela permet aux professionnels de lever le secret professionnel, si nécessaire, pour garantir la sécurité immédiate de la victime.
Un problème qui touche toutes les couches de la population
Dans la plupart des cas, les auteurs des violences conjugales sont des hommes, tandis que les victimes sont des femmes. Cependant, il est important de souligner que la violence au sein du couple n’épargne aucune catégorie sociale, qu’il s’agisse de personnes riches ou pauvres, éduquées ou non. Ces violences peuvent se produire dans des couples mariés ou non, hétérosexuels ou homosexuels, cohabitants ou non. Il convient de noter que le terme “femme battue” ne reflète pas l’ensemble des violences entre partenaires. Il met l’accent sur la violence physique alors que la violence psychologique est plus courante. En termes de fréquence, on retrouve en premier lieu la violence verbale (41,5%), suivie des intimidations (22%) et enfin de la violence physique (15%) (Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, 2010).
Violences conjugales ou simples disputes ?
La violence entre partenaires se distingue des disputes ou des conflits ponctuels par sa persistance, son impact destructeur, le sentiment de peur qu’elle génère, ainsi que son intention cachée de contrôler et d’exercer une forme de pouvoir sur l’autre. Cette violence tire sa source du désir de domination de l’autre.
Comment cette violence s’exprime-t-elle ?
La violence conjugale peut prendre différentes formes : psychologique, verbale, physique, sexuelle, utilisation des enfants, violence envers des animaux ou des objets, contrôle excessif, menaces de suicide, meurtre ou menaces de mort.
Aujourd’hui, les outils numériques facilitent et renforcent ces formes de violence. Par exemple, grâce aux téléphones portables, le partenaire ou l’ex-partenaire peut exercer une violence quasi-permanente sur la victime, même à distance : contrôle des déplacements, envoi répété de SMS insultants, installation de logiciels espions à l’insu de la victime, etc. Ces violences en ligne affectent également le domaine économique et administratif. Par le biais de l’ordinateur ou du téléphone portable, une personne peut, par exemple, changer les mots de passe des comptes bancaires ou des dossiers liés aux aides sociales afin d’empêcher la victime d’y accéder. Aujourd’hui, 9 femmes victimes de violences conjugales sur 10 déclarent avoir été confrontées à des cyberviolences conjugales.
Le cycle de la violence
La violence entre partenaires doit être considérée comme un cycle, une succession d’événements, certains apparemment insignifiants (insultes, humiliations verbales), d’autres plus graves (gifles, coups, etc.). Au fil du temps, les explosions de violence deviennent plus fréquentes et insupportables. Entre ces épisodes, l’auteur de la violence tente de justifier ses actes et de les minimiser. Il cherche souvent à expliquer ses gestes par des problèmes extérieurs tels que le stress, l’alcool, le chômage, etc. Il peut également faire porter la culpabilité à la victime (“Elle l’a bien cherché”) et celle-ci a souvent tendance à le croire.
La violence conjugale passe également par des périodes de “lune de miel”, où règnent le calme et la réconciliation. L’auteur prend conscience de ses actes et exprime des regrets. Il se sent mal, demande pardon, promet de changer et, surtout, assure à son partenaire son amour. Il essaiera de reconquérir son partenaire en lui offrant des cadeaux et en lui faisant des promesses. La victime est alors envahie par le doute, se sent coupable et finit par s’excuser, convaincue qu’elle méritait cette violence. Dans ce processus, la victime perd ses repères ainsi que son estime de soi et s’isole de plus en plus.
L’escalade de la violence
Chez certains couples, la violence reste au stade des premiers stades. Cependant, dans la majorité des cas, la violence s’aggrave avec le temps. Cette escalade peut être rapide, mais elle peut également prendre des mois voire des années.
Séparation et risque de violence
La période de grossesse et la tentative de rupture peuvent déclencher ou aggraver le cycle de la violence. En effet, la personne qui souhaite quitter le couple est exposée à un risque accru de violence de la part de son partenaire. Dans la plupart des cas d’homicides conjugaux, la rupture est l’élément déclencheur du meurtre, et l’auteur passe à l’acte quelques semaines ou mois après la rupture. Ce danger réel explique en partie pourquoi il est souvent très difficile pour les victimes de violence conjugale de se séparer de leur partenaire.
Les impacts de la violence conjugale
La violence conjugale peut avoir de nombreux impacts sur la victime, tels que le doute de soi, la honte, la confusion mentale, les perturbations du sommeil, de l’alimentation et de la santé, la nécessité d’une médication importante, ainsi que la souffrance sociale.
Ce type de violence a également des répercussions sur l’entourage, en particulier sur les enfants qui, en tant que témoins directs ou indirects de scènes violentes, deviennent à leur tour victimes. Ces enfants grandissent dans un environnement basé sur la domination et l’agressivité, et sont souvent confrontés à des conflits de loyauté et à l’anxiété. De plus, la violence est rarement abordée au sein de la famille. Le silence et le tabou qui entourent ces situations empêchent les enfants de comprendre les actes qu’ils observent et subissent, et les privent de la possibilité de s’exprimer et d’être rassurés. Ces situations de stress et de choc peuvent entraîner chez les enfants des problèmes affectifs et comportementaux qui auront des conséquences sur leur développement.
Les impacts de la violence intrafamiliale sur les enfants peuvent prendre différentes formes, notamment des troubles de l’attention et de l’hyperactivité, des maladies chroniques récurrentes, des difficultés scolaires, une faible estime de soi, de la tristesse, de l’anxiété, de la dépression, une grande méfiance et une hyper vigilance.
Les signaux d’alarme
Au cours du cycle de la violence, plusieurs comportements peuvent se manifester :
- Les insultes, les injures, les accusations, les humiliations verbales,
- Les attitudes menaçantes,
- Les pressions et les culpabilisations,
- Les prises de décision imposées contre sa volonté,
- Les restrictions financières,
- La manipulation des enfants,
- Les prises de décision unilatérales,
- La dévalorisation devant les autres,
- Les critiques envers la famille et les amis,
- Les mensonges,
- La jalousie excessive,
- Le non-respect des accords,
- Le déni ou la minimisation des actes violents,
- Les accusations selon lesquelles la violence serait de la faute de la victime,
- L’opposition au travail à l’extérieur,
- Les reproches concernant les dépenses,
- La consommation de drogues et d’alcool excessive,
- Les menaces de suicide ou de représailles,
- La limitation des contacts sociaux,
- Le contrôle des appels téléphoniques,
- Les restrictions de déplacements,
- Les menaces contre soi ou autrui,
- Les intrusions ou les appels incessants,
- La surveillance,
- Le refus de quitter les lieux sur demande,
- L’utilisation de la supériorité physique pour inspirer la peur,
- Les actes de violence lors des disputes, comme bloquer le passage, crier, conduire de manière dangereuse, attaquer les biens de valeur ou utiliser la violence physique contre la victime, les enfants ou les animaux domestiques, frapper, donner des coups de poing, immobiliser, mordre,
- Le traitement dégradant et avilissant,
- Les contraintes à des relations sexuelles non consenties,
- Les viols,
- L’utilisation ou le port d’armes.