Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Agroécologie : une approche durable pour l’agriculture

Une agriculture durable, respectueuse des êtres humains, des terres et des animaux, qui répond aux besoins alimentaires et économiques, n’est pas un rêve. L’agroécologie, une approche qui associe l’agronomie et l’écologie, emprunte cette voie. Mais quels sont les principes et les pratiques de ce modèle défendu par France Nature Environnement ?

Réduire l’empreinte environnementale et préserver la biodiversité

Développer une démarche agro-écologique, c’est adopter des pratiques qui respectent les équilibres naturels et les services écosystémiques. Comment ? En réduisant l’utilisation de ressources externes telles que les pesticides, les engrais, les antibiotiques, les carburants, l’eau d’irrigation et les aliments pour le bétail. Ces intrants représentent généralement 50 à 60% du chiffre d’affaires des agriculteurs. En plus d’avoir un coût économique élevé, ils ont un impact considérable sur l’environnement : ils contribuent à la pollution de l’air, de l’eau et des sols, nuisent à la santé des agriculteurs et des consommateurs, contribuent au changement climatique et détruisent la biodiversité locale.

Des pratiques adaptées à chaque territoire

L’agroécologie n’est pas un simple label. Il s’agit d’une approche agricole que les agriculteurs biologiques incarnent souvent, grâce à leur certification respectant un cahier des charges strict. Cette approche agroécologique engendre un ensemble de pratiques que chaque exploitant adapte et développe en fonction des particularités de son territoire et de son exploitation.

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Quand la faune et la flore travaillent pour les terres

Concrètement, qu’apporte cette approche ? Antoine, un agriculteur de la région parisienne, a réduit l’utilisation de pesticides en subdivisant l’une de ses parcelles de 36 hectares grâce à des haies. Ces haies attirent des espèces qui se nourrissent de pucerons et d’autres ravageurs des plantes. Cette segmentation du terrain permet également de prolonger la rotation des cultures. Chaque année, les cultures sont déplacées d’une parcelle à l’autre, ce qui prévient l’installation durable de maladies, de ravageurs et de mauvaises herbes concurrentes. Contrairement aux monocultures pratiquées par l’agriculture industrielle, la rotation des cultures permet de réduire l’utilisation de pesticides. En outre, Antoine a arrêté de labourer ses 160 hectares de terres, ce qui entraînait l’érosion des sols et une dépense énergétique significative pour son exploitation. Les vers de terre sont revenus dans les champs, assurant ainsi naturellement et gratuitement l’aération des sols. Cela lui permet d’économiser du temps, de l’énergie et de l’argent, tout en favorisant la biodiversité de sa ferme et la résilience de son système agricole.

La diversité bénéficie également aux élevages

L’application des sciences de l’environnement n’est pas réservée aux cultivateurs. Les éleveurs, comme Marie et Patrick en Rhône-Alpes, s’y mettent aussi. Patrick a hérité d’une exploitation laitière composée exclusivement de vaches Holstein, nourries principalement au soja et au maïs. Après avoir pris la relève, il a introduit sept nouvelles races plus robustes (Abondance, Tarine, etc.). Cela a rendu le troupeau plus résistant aux maladies et a amélioré la qualité du lait. Ces nouvelles races ont également permis une meilleure valorisation de la viande, grâce à des races mixtes telles que les Simmentales.

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Une production de meilleure qualité pour le marché local

Le lait est également de meilleure qualité grâce à une alimentation plus saine. Les vaches se nourrissent principalement de foin et d’herbes broutées dans les prairies, plutôt que de soja génétiquement modifié importé. Le couple complète leur alimentation avec des cultures provenant de leur exploitation, réduisant ainsi encore les intrants. Leur exploitation est ainsi davantage ancrée localement et moins dépendante des fluctuations des prix du marché. De plus, ils transforment une partie de leur lait en fromage blanc et en yaourt dans leur atelier. Ils vendent leur production dans une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) locale, permettant une distribution directe aux consommateurs. La diversification de leurs débouchés a assuré une stabilité financière d’une année sur l’autre pour leur ferme.

Les agriculteurs gagnent plus en produisant moins, mais mieux

L’agroécologie permet une agriculture moins consommatrice de ressources externes, plus diversifiée, mieux adaptée au territoire local, et moins polluante et destructrice de biodiversité. Patrick observe également : “Il est parfois difficile d’expliquer aux autres agriculteurs que je gagne plus d’argent qu’avant en produisant moins !”. En effet, si l’agroécologie est moins coûteuse pour les agriculteurs et l’environnement, son objectif est également d’augmenter la qualité environnementale, sociale et éthique des produits, et donc leur valeur ajoutée, afin de rémunérer les agriculteurs de manière plus équitable. En diversifiant leurs productions et leurs débouchés, les agriculteurs trouvent également une plus grande sécurité face aux fluctuations des prix des produits alimentaires. Cette approche est durable à long terme, car elle agit en faveur de la préservation des sols et de la biodiversité, renforçant ainsi la résilience des exploitations agricoles face aux défis sanitaires et climatiques. Elle favorise également une meilleure adaptation au contexte local, évitant ainsi l’escalade artificielle de problèmes causés par l’homme lui-même.

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France Nature Environnement et l’agroécologie : un engagement commun

L’agroécologie est une réponse à de nombreux problèmes environnementaux, tels que remplacer les pesticides, réduire les nitrates dans les rivières, atténuer les effets du dérèglement climatique causés par l’agriculture et proposer une nourriture plus saine aux citoyens. C’est pourquoi France Nature Environnement mène diverses actions pour promouvoir ce modèle. Au niveau local, elle propose des formations aux associations territoriales afin de diffuser le concept et de favoriser l’appropriation et les échanges de connaissances. Au niveau national et européen, elle mène un travail de plaidoyer auprès des décideurs politiques et des différentes instances dans lesquelles elle siège, afin de dénoncer les ravages de l’agriculture industrielle et de promouvoir et soutenir l’agroécologie à travers des politiques agricoles respectueuses de l’environnement, le développement de l’agriculture biologique, le plan Ecophyto visant à réduire de moitié l’utilisation des pesticides, etc. L’agroécologie favorise des exploitations agricoles plus respectueuses de l’environnement et mieux intégrées à leur territoire, ce qui permet de mieux rémunérer les agriculteurs. En somme, il s’agit de la solution la plus viable pour une agriculture plus saine et un monde plus vivable.