L’agroforesterie est une pratique agricole qui associe la plantation d’arbres à d’autres cultures sur une même parcelle. Cette approche favorise des effets bénéfiques mutuels. Les arbres peuvent être de différentes essences, y compris fruitières, et l’agroforesterie est recommandée dans le cadre de l’agroécologie.
Les principes de l’agroforesterie
L’agroforesterie consiste simplement à regrouper des arbres, des cultures et des animaux d’élevage sur un même espace. Il s’agit d’une pratique ancienne qui offre de nombreux avantages, tels que l’utilisation efficace des ressources, la diversité biologique, le bien-être animal et les rendements.
L’agroforesterie peut prendre différentes formes, comme les bocages, les prés-vergers, les prés-bois, les alignements de peupliers, les plantations de noyers associées à l’élevage ou d’autres essences associées aux cultures. Depuis 2016, cette pratique est encouragée par un Plan National de Développement pour accompagner les agriculteurs dans l’évolution de leurs exploitations, et soutenue par la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne.
Les avantages de l’agroforesterie
L’agroforesterie repose sur le principe du co-bénéfice. Les arbres jouent un rôle essentiel dans la protection des sols en créant des conditions favorables à l’approvisionnement en eau et en minéraux des cultures de surface. Les techniques agroforestières permettent de positionner les arbres de manière à favoriser leur croissance tout en réduisant au maximum la compétition avec les cultures.
De plus, les arbres permettent de diversifier les productions de la parcelle en fournissant du bois d’œuvre, d’énergie, des fruits, du fourrage, etc. Ils contribuent également à limiter la pollution des nappes phréatiques en réduisant la fuite des nitrates dans les couches profondes du sol. Les feuilles qui tombent des arbres fournissent une biomasse importante qui peut être minéralisée, améliorant ainsi la fertilité des sols. Lorsque des espèces fixatrices d’azote sont utilisées en association, elles peuvent également contribuer à l’alimentation azotée des cultures, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais de synthèse. Les arbres protègent également les cultures et les animaux des intempéries, limitent l’érosion des sols, favorisent la rétention d’humidité et entretiennent le cycle de l’eau. De plus, ils absorbent du carbone tout au long de leur croissance, ce qui améliore l’impact environnemental de la parcelle.
Les arbres, les arbustes et les haies jouent également un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité. Ils servent d’abris et de continuité écologique pour les animaux de passage, favorisent le contrôle des espèces nuisibles par leurs prédateurs, et attirent les pollinisateurs nécessaires aux cultures. De plus, ils fournissent un abri et de la nourriture aux animaux d’élevage, améliorant leur bien-être. Enfin, ils contribuent à restaurer la diversité des paysages, augmentant ainsi leur intérêt culturel et touristique.
Des études menées par l’INRA dans les années 90 ont démontré que les rendements étaient supérieurs en associant arbres et cultures plutôt qu’en les séparant. Par exemple, une expérimentation menée à Restinclières (Hérault) a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 hectares pouvait produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 hectares où les arbres et les cultures auraient été séparés, soit un gain de 36%.
Les limites de l’agroforesterie
Les limites de l’agroforesterie sont assez peu nombreuses, mais elles sont principalement liées à deux facteurs. Tout d’abord, il peut exister une concurrence potentielle entre les espèces choisies, que ce soit entre elles ou avec les cultures, notamment pour les ressources en eau, en nutriments ou en ensoleillement. Il est donc important d’être bien accompagné dans le choix et l’emplacement des espèces sur les parcelles, en fonction des objectifs de l’exploitation. Les chambres d’agriculture jouent notamment un rôle essentiel à cet égard.
Ensuite, l’espace nécessaire peut constituer une limite, surtout pour les petites exploitations où chaque mètre carré compte. Même si les plantations d’arbres peuvent représenter une petite proportion de la parcelle, de l’ordre de 2 à 8%, certains agriculteurs peuvent considérer que les arbres sont plus une perte qu’un atout. Heureusement, il existe de nombreux modèles agroforestiers adaptables à différentes situations, et les agriculteurs peuvent bénéficier de différents systèmes d’aide, du niveau régional au niveau européen, pour soutenir leurs efforts.