Qu’est-ce que l’Apocalypse ?

Qu’est-ce que l’Apocalypse ?

L’Apocalypse, un terme intrigant et mystérieux. Mais quelle est sa signification réelle ? Découvrons ensemble les secrets de ce mot chargé de sens et d’histoire.

1. Le sens caché derrière “l’Apocalypse”

Le mot “apocalypse” trouve ses origines dans le grec “apocalypsis”, qui signifie “révélation”. Ce genre littéraire juif est apparu dans un contexte de crise, après le retour de l’exil, principalement au IIe siècle avant Jésus-Christ. Il suscite l’espoir de résurrection en tant qu’accomplissement des Écritures, en mettant l’accent sur le dessein créateur de Dieu à l’origine et son jugement à la fin des temps. Cet aspect est profondément ancré dans l’ensemble du Nouveau Testament.

2. L’époque et le contexte de rédaction de l’Apocalypse

La date traditionnellement retenue pour la rédaction de l’Apocalypse est l’an 96-97 après Jésus-Christ. Selon la Tradition orthodoxe, cette date est assez solide. En fait, un grand nombre de publications ont fleuri sur l’Apocalypse en 1997, soit présumément 1900 ans après la sortie du livre. Cela coïncide pratiquement avec la supposée date de l’évangile selon Jean.

Le contexte de rédaction de l’Apocalypse est marqué par la séparation entre la communauté juive, qui suit les enseignements pharisiens, après la destruction du deuxième temple de Jérusalem en l’an 70, et la communauté judéo-chrétienne, issue du peuple juif, qui reconnaît Jésus comme le Messie d’Israël. La communauté juive se recentre sur la Torah, la loi écrite dans le Pentateuque composé de textes législatifs et narratifs, ainsi que sur la loi orale selon l’interprétation vivante de la loi écrite dans les cercles rabbiniques. Le contexte de l’Apocalypse est donc marqué par des tensions civiles, politiques et religieuses. C’est également l’époque des persécutions contre les chrétiens entreprises par les empereurs romains Néron (54-68) et Domitien, vers l’an 95.

3. L’auteur mystérieux de l’Apocalypse

Le titre du livre, “Apocalypse de Jean”, laisse entendre que Jean l’apôtre en est l’auteur. Cependant, “Apocalypse de Jean” ne signifie pas nécessairement “Apocalypse écrite par Jean”. Néanmoins, dès les premiers chapitres, un lien est établi entre le visionnaire et le livre où il consigne ses visions.

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L’identité exacte de ce “Jean” reste incertaine et continuera probablement de susciter des débats éternels, car aucune certitude ne peut être affirmée à ce sujet. Trois hypothèses principales sont généralement avancées : Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques mentionné dans les évangiles et les Actes des Apôtres ; un certain “prêtre Jean”, décédé à Éphèse à un âge avancé, qui pourrait également être l’auteur de l’évangile selon Jean ; enfin, l’hypothèse d’un pseudonyme, c’est-à-dire un auteur écrivant sous l’autorité d’un autre, probablement Jean l’apôtre, du moins au début de la chaîne de transmission du texte. Quoi qu’il en soit, le texte a été reconnu comme inspiré par l’Esprit Saint, l’Esprit du Jésus ressuscité, et canonique, c’est-à-dire qu’il est une référence normative pour la foi des chrétiens. La question de l’auteur importait peu à celui qui a écrit ce livre, tout comme pour les auteurs des autres écrits du Nouveau et de l’Ancien Testament. Comme le dit J.-P. Prévost : “Nous connaissons Jean par la lecture de l’Apocalypse bien plus que nous ne pouvons connaître l’Apocalypse en connaissant Jean !” La meilleure façon de connaître l’auteur de l’Apocalypse est donc de lire l’Apocalypse elle-même !

4. Le langage codé de l’Apocalypse et son lien avec les évangiles

Le rapport entre les évangiles et l’Apocalypse peut sembler problématique en raison de leurs différences apparentes. En effet, ils ne relèvent pas du même genre littéraire. Les évangiles sont l’annonce de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, qui est considérée comme une “bonne nouvelle” pour l’humanité. Ils présentent la vie et la mort, les paroles et les actes de Jésus-Christ comme donnant un sens à toute existence humaine. Le don de Dieu en Jésus-Christ est destiné à être partagé avec chacun.

L’Apocalypse, quant à elle, est principalement un texte écrit pour soutenir la foi et l’espérance des chrétiens qui traversent l’épreuve de la persécution sous différentes formes. Elle insiste sur le fait que si le serviteur n’est pas au-dessus de son maître, il n’est pas non plus en dessous ! Les croyants de l’Apocalypse actualisent dans leur propre destinée celle du Christ.

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Cependant, malgré ces différences apparentes, les évangiles et l’Apocalypse partagent des similitudes. Les premiers chapitres de l’Apocalypse incluent également l’annonce de la foi en Jésus. Les chapitres consacrés au dernier discours de Jésus dans les évangiles synoptiques et dans l’évangile selon Jean révèlent une parenté avec la littérature apocalyptique. En fait, ce discours est souvent appelé, notamment dans les Synoptiques, “Discours apocalyptique”. Le langage codé soulève la question : “Que signifie tout cela ?” En réalité, cette question traverse tout autant les évangiles que l’Apocalypse.

Le rapport entre les évangiles et l’Apocalypse n’est donc pas évident. Toutefois, dans le Nouveau Testament, il n’y a pas que les évangiles. Afin de mieux appréhender la réalité du Christ, de nombreux auteurs ont également utilisé des lettres : Paul, Pierre, Jacques, Jean, Jude. Le Christ des évangiles est ainsi transmis de manière complémentaire pour qu’il soit reçu et compris dans toutes ses dimensions. L’Apocalypse exprime la vérité des évangiles avec des accents appropriés à une situation différente. Elle développe les implications de la croix et de la résurrection du Christ pour les chrétiens qui vivent dans leur propre chair ce que leur Seigneur a traversé.

5. L’inclusion de l’Apocalypse dans le Nouveau Testament

L’Apocalypse a été incluse dans le Nouveau Testament principalement en raison de son attribution à l’apôtre “Jean”. La question de son intégration a été débattue très tôt car le livre semblait être d’une difficulté et d’une énigme apparentes. Cependant, elle a été résolue, du moins dans un premier temps, grâce à l’autorité apostolique dont semblait être revêtu le livre.

Ce qui a très certainement été perçu en profondeur, c’est que ce texte traite, comme aucun autre dans l’Ancien et le Nouveau Testament, de la logique symbolique et spirituelle qui relie la création à l’origine et le jugement dernier à la fin des temps, l’alpha et l’oméga. En ce sens, ce texte est un trésor car il articule une logique de l’existence humaine et chrétienne, individuelle et collective, qui permet de traverser l’histoire en ramenant tout à son auteur principal et ultime : Dieu, “Celui qui est et qui était et qui vient”, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. C’est un texte qui conteste tout autoritarisme humain et spirituel, tout système dictatorial et totalitaire, car il place l’existence sous la seule autorité de Dieu. Ce message est déjà présent dans l’Ancien Testament, où il est répété sous toutes ses formes.

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6. La pertinence de l’Apocalypse pour les chrétiens d’aujourd’hui

La réponse se trouve dans les lignes précédentes. À une époque où les grandes idéologies qui ont dominé le monde ces derniers siècles sont en pleine crise, l’humanité et les chrétiens recherchent des points de référence pour les aider à trouver leur chemin. Bien qu’il ne puisse pas être utilisé seul comme référence, l’Apocalypse peut néanmoins contribuer à décrypter le sens d’une histoire en mouvement. Ceux qui nous ont précédés se sont déjà posé des questions fondamentales, semblables à celles que nous continuons de nous poser aujourd’hui.

7. Comment lire l’Apocalypse ?

Faut-il la lire seul, en groupe ou dans une équipe biblique ? Pour quelqu’un qui commence tout juste à lire les écrits bibliques, quelle place donner à un tel texte ? Il est probablement préférable de ne pas commencer par l’Apocalypse, car ce livre clôt les Écritures et suppose déjà une certaine maîtrise de l’ensemble de la Bible. Cependant, il ne faut pas surestimer la difficulté de cet ouvrage. Il est fascinant et peut susciter un désir d’en savoir plus. Quoi qu’il en soit, ce livre est entre les mains de quiconque souhaite le lire et en découvrir le sens et la portée. C’est un grand livre ! Un premier contact peut être un coup de foudre ! Cependant, il est également possible qu’il déconcerte par son caractère énigmatique.

L’idéal, recommandé et pratiqué depuis toujours dans l’Église, est d’alterner entre lecture personnelle et lecture commune, au sein d’une communauté de lecteurs, sans que cela soit nécessairement réservé à des croyants ou à des chrétiens reconnus comme tels. La compréhension se partage et s’enrichit des différentes perspectives. Un guide peut beaucoup aider : quelqu’un qui encourage à “ouvrir le livre”, comme le dit l’Apocalypse elle-même, à condition qu’il ramène toujours au texte qui seul est Parole de Dieu.

À LIRE :

  • Portrait du P. Yves Simoëns, auteur du dossier sur l’Apocalypse
  • Un chemin de renouveau : l’apocalypse
  • L’Apocalypse, un écrit en forme de lettres
  • La tapisserie de l’Apocalypse