Aujourd’hui, nous allons explorer les causes de la maladie de Charcot, également connue sous le nom de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cette maladie dévastatrice qui affecte le système nerveux central est encore mal comprise, mais grâce aux recherches effectuées par des scientifiques éminents comme Sévérine BOILLEE de l’Institut du Cerveau – ICM, nous commençons à en savoir plus sur ses origines.
Les causes génétiques de la maladie
Dans plus de 50% des cas, la maladie de Charcot est liée à des anomalies génétiques. Jusqu’à présent, quatre gènes majeurs ont été identifiés comme étant responsables de ces cas génétiques. Parmi eux, le gène de la superoxyde dismutase 1 (SOD1), découvert en 1993, est le plus courant. Plus de 150 mutations différentes de ce gène ont été trouvées chez les patients atteints de la maladie de Charcot. Des mutations ont également été découvertes sur les gènes TARDBP, FUS et C9ORF72, qui sont impliqués dans le métabolisme des ARN et la réponse immunitaire. Cependant, il est important de noter que ces mutations ne provoquent pas nécessairement la perte de fonction de ces gènes, ce qui rend les recherches encore plus complexes.
Les formes sporadiques de la maladie
Dans environ 90% des cas, la maladie de Charcot est sporadique, c’est-à-dire qu’elle ne semble pas avoir de cause génétique évidente. Cependant, certaines recherches suggèrent que des facteurs génétiques de prédisposition pourraient augmenter le risque de développer la maladie. De plus, des facteurs environnementaux ou liés au mode de vie pourraient également jouer un rôle dans le déclenchement de la maladie chez des individus prédisposés. Malheureusement, à ce jour, aucun facteur génétique ou environnemental n’a été pleinement identifié.
Des études ont été menées pour examiner l’influence des facteurs environnementaux. Par exemple, dans les années 1950, une forme spécifique de la maladie de Charcot a été observée sur l’île de Guam. Ces cas ont été attribués à une toxine présente dans une micro-algue qui était consommée par les chauves-souris, elles-mêmes consommées par les habitants de l’île. Des cas de la maladie de Charcot ont également été observés chez des militaires américains revenant de la guerre du Golfe. Bien que certains produits toxiques soient suspectés, ils n’ont pas encore été identifiés. En outre, il a été noté que certains athlètes, tels que les footballeurs et les rugbymen, présentaient un risque accru de développer la maladie. Les pesticides, les traumatismes subis lors de la pratique de ces sports et la prédisposition des motoneurones chez ces athlètes de haut niveau sont autant d’hypothèses à explorer.
Les recherches à l’Institut du Cerveau – ICM
Les chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM, tels que Stéphanie MILLECAMPS dans l’équipe de Sévérine BOILLEE, se consacrent à l’identification de nouvelles mutations génétiques responsables de la maladie de Charcot. Grâce à la participation de centres de référence de la SLA en France, ces chercheurs ont réussi à identifier la cause génétique de la maladie chez 70% des patients issus de 400 familles touchées par la maladie. Ces études non seulement permettent d’offrir un diagnostic moléculaire aux familles qui le souhaitent, mais également d’inclure des patients porteurs de mutations spécifiques dans des essais cliniques adaptés. Des recherches à grande échelle sont en cours pour identifier les mutations responsables des 30% restants des cas familiaux.
Un travail collaboratif européen a récemment permis l’identification d’un nouveau gène impliqué dans la maladie de Charcot, appelé TBK1. Ce gène joue un rôle dans l’élimination des déchets à l’intérieur des cellules et dans la régulation de l’inflammation, ce qui démontre l’importance des cellules immunitaires dans le déclenchement et l’évolution de la maladie. Les chercheurs, tels que Christian LOBSIGER, explorent les mécanismes de la maladie en utilisant des modèles de la SLA liée aux mutations du gène TBK1. Ces études permettent de mieux comprendre la maladie et d’ouvrir de nouvelles perspectives de traitement. De plus, l’équipe d’Isabelle LE BER a contribué à une étude internationale en 2018 qui a identifié un nouveau gène causal de la maladie de Charcot, la protéine KIF5A, qui est également impliquée dans une autre pathologie du motoneurone central appelée paraplégie spastique.
En conclusion, bien que la maladie de Charcot soit encore largement méconnue, les recherches effectuées par des scientifiques de renommée mondiale comme ceux de l’Institut du Cerveau – ICM nous rapprochent de la compréhension de ses causes. Les mutations génétiques jouent un rôle important dans la maladie, mais les facteurs environnementaux et les modes de vie pourraient également être des déclencheurs de la maladie chez certaines personnes. Les recherches se poursuivent pour identifier les causes génétiques restantes et développer de nouvelles approches de traitement.