Ramener sa bouteille en verre à la consigne, un geste plus efficace pour l’environnement

Ramener sa bouteille en verre à la consigne, un geste plus efficace pour l’environnement

Lorsque vous avez des bouteilles en verre vides, votre réflexe c’est normalement de les jeter dans des containers spécifiques pour qu’elles soient recyclées. Mais il y a un autre geste encore plus efficace pour la planète : les déposer dans une consigne. Une coopérative encourage cette pratique.

Dans les années 60, c’était une pratique courante : ramener sa bouteille consignée en échange de quelques centimes. Mais avec l’arrivée du plastique et de l’emballage jetable, elle a totalement disparu 30 ans plus tard. Aujourd’hui il y a tout à reconstruire pour que la filière fonctionne.

La consigne : un levier de vente

Depuis 2021, la coopérative montpelliéraine Oc’Consigne a enclenché la dynamique. Elle a déjà réussi à créer 50 points de collectes dans l’Est de l’Occitanie. Ce sont souvent des magasins déjà engagés dans la consommation durable et responsable comme les enseignes bio ou en vrac.

Le magasin Biocoop au Crès a été l’un des premiers. A l’entrée du magasin se trouve des casiers pour que les gens puissent déposer leurs bouteilles vides. François est un client fidèle. Il a rapidement pris cette habitude.

C’est un geste très simple. J’ai sélectionné des producteurs que j’aime bien et qui ont choisi de vendre leur produit dans des bouteilles consignées. Je n’ai plus qu’à ramener mes bouteilles en magasin. Cela fait partie des efforts que je fais pour réduire mes déchets.

Comme celles de ce client, quatre bouteilles sur dix reviennent dans cet enseigne où un tiers des bouteilles sont consignées. On les repère grâce à un logo.

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Aujourd’hui, c’est devenu un levier de vente. Les acheteurs se portent en priorité sur les bouteilles en réemploi. Dans la réserve de l’enseigne, 1 000 bouteilles, le stock de deux mois, attendent d’être enlevées par la coopérative. Si Biocoop au Crès n’a pas hésité à se lancer dans cette démarche, il y a encore des freins au développement de cette pratique à plus grande échelle.

Le principal frein est matériel. Nous avons la chance d’avoir de la place mais tous les magasins n’ont pas de réserve assez grande. Ils pourront toujours le faire mais en plus petite quantité.

Le réemploi : une pratique plus vertueuse que le recyclage

Avec leur camionnette, les salariés d’Oc’Consigne emmènent ces bouteilles dans leur entrepôt de stockage à Montpellier. Commence alors la grande opération de tri.

Il faut séparer les bouteilles de jus, de vin ou encore de bière avant de les envoyer dans l’usine de lavage de leur partenaire drômois, « ma bouteille s’appelle revient ». Une étape qui se déroulera bientôt dans la toute nouvelle usine d’Oc’Consigne. Elle doit ouvrir à Lattes dans l’Hérault début 2023.

Ces bouteilles pourront être lavées jusqu’à 50 fois et être réutilisées. Car réemployer les bouteilles, c’est mieux pour l’environnement que de les recycler comme le prouve une étude de l’Ademe.

Le réemploi utilise moins d’eau, moins d’énergie et les émissions de CO2 sont bien moins élevées. Quand on amène des bouteilles au recyclage, on les casse, on les broie et on les transporte chez des verriers. Ils les font ensuite chauffer à plus de 1 500 degrés pendant 24h. Après il faut réinjecter du sable. Et au final on fabrique une bouteille identique à celle qu’on a cassé.

Toutes les bouteilles ne sont pas consignables

Mais la difficulté c’est que toutes les bouteilles ne peuvent être consignées. Il existe des milliers de bouteilles avec des formes et des coloris différentes. Rien que pour le vin, 900 modèles sont commercialisés. Il est donc impossible de trier toutes ces bouteilles qui ne sont pas non plus adaptées pour la consigne.

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Oc’Consigne et ses partenaires qui font la même chose ailleurs en France ont donc défini une dizaine de modèles standardisés.

Et pour qu’une bouteille puisse être consignée, il y a plusieurs critères :

  • Elle est plus lourde et donc plus solide pour supporter le lavage
  • Elle a une étiquette hydrosoluble décollable facilement.
  • L’étiquette ne comporte pas de dorure ni de vernis.
  • La bouteille n’a pas de capsule, ce chapeau métallique qui entoure le bouchon.

L’accompagnement des producteurs

Pour que les producteurs franchissent le cap, Oc’Consigne les accompagne dans leur transition. A la cave coopérative du sommiérois, une première cuvée de 15 000 bouteilles consignées va être commercialisée.

La cave s’est lancée dans cette démarche pour deux raisons : faire un geste pour la planète et régler les difficultés d’approvisionnement en bouteilles en verre. Car elles sont fabriquées dans des usines notamment ukrainiennes.

Nous avons des délais d’approvisionnement très longs et acheter des bouteilles en verre coûte de plus en plus cher. La consigne c’est donc un début de solution pour régler ce problème. Et puis nous avons dans notre coopérative des vignerons engagés dans des modes de culture respectueux de l’environnement. Pour eux c’était pertinent de s’inscrire dans cette démarche.

Vers une loi plus contraignante

Cette cave coopérative vient de rejoindre la trentaine de producteurs de notre région déjà engagés dans cette pratique.

Pour l’instant, c’est sur la base du volontariat mais en 2023 la loi les obligera à mettre 5% de bouteilles réutilisables sur le marché, 10% en 2027. Sauf qu’il reste un acteur important à convaincre comme nous l’explique la gérante d’Oc’Consigne.

Nous avons commencé avec des magasins et des producteurs motivés mais pour développer le concept et passer à une plus grande échelle, il faut désormais que les grandes surfaces s’y mettent. La loi doit les encourager.

Les points de collecte dans la grande distribution sont encore très rares. Pour les convaincre de mettre en place la consigne, il faut aussi que les consommateurs le demandent.

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Car donner plusieurs vies aux bouteilles est un geste simple et utile pour notre planète.