Récupérer l’eau de pluie pour la boire à la maison : une idée judicieuse ou risquée ?

Récupérer l’eau de pluie pour la boire à la maison : une idée judicieuse ou risquée ?

De nos jours, de nombreuses personnes cherchent des moyens écologiques pour réduire leur empreinte environnementale. Parmi les solutions les plus populaires, la récupération de l’eau de pluie pour arroser le jardin ou laver la voiture est largement soutenue. Cependant, l’utilisation de l’eau de pluie à l’intérieur de la maison, pour les toilettes ou la douche, est un sujet plus débattu et sujet à expérimentation.

De nombreux facteurs sont à prendre en compte lorsqu’il s’agit d’utiliser l’eau de pluie pour la consommation humaine. Le ministère de la Santé ainsi que les associations spécialisées dans la gestion de l’eau mettent en garde contre les risques sanitaires, car l’eau de pluie n’est pas potable telle quelle.

Malgré cela, certaines personnes en France préfèrent boire de l’eau de pluie plutôt que de l’eau du robinet. Parmi eux, Patrick Baronnet, qui a construit l’une des premières maisons autonomes en énergie et en eau dans les années 70, souhaite inspirer les générations futures.

Mais peut-on vraiment rendre l’eau de pluie potable chez soi ? Selon Marillys Macé, directrice générale du Centre d’Information sur l’eau (C.I.eau), l’eau potable répond à des normes strictes de sécurité pour les consommateurs. Avant d’être distribuée dans les réseaux, l’eau issue des nappes phréatiques ou des barrages passe par des usines de potabilisation où elle est filtrée et contrôlée selon des centaines de paramètres.

En revanche, l’eau de pluie n’est pas pure lorsqu’elle tombe du ciel. Elle peut se charger en produits phytosanitaires présents dans l’air ou ruisseler sur une toiture sale, imprégnée de fientes d’oiseaux. Toutefois, il est techniquement possible de potabiliser l’eau de pluie à petite échelle chez soi, à condition d’utiliser une toiture sans amiante-ciment ni plomb et de prévoir un système de stockage et de filtration adéquat.

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Patrick Baronnet utilise des citernes en ciment pour stocker l’eau de pluie provenant de ses gouttières. Avant d’arriver au robinet d’eau potable, elle passe par plusieurs filtres en céramique contenant du charbon actif et du sel d’argent. M. Baronnet, qui expérimente depuis 20 ans, assure être en bonne santé et qualifie l’eau qu’il boit de “bonne à boire”, plutôt que “potable”, remettant en question les seuils maximum de concentration de polluants établis par la loi.

Il réfute également d’autres critiques souvent émises à l’encontre de l’eau de pluie. Par exemple, il souligne que malgré son acidité initiale (pH de 4,6), il réussit à obtenir un pH de 6,9 (proche de la neutralité) grâce à l’alcalinité des citernes en ciment. De plus, contrairement à l’eau du robinet qui contient des minéraux tels que le calcium et le magnésium, l’eau de pluie, après filtration, est déminéralisée. Cependant, cela peut poser des problèmes de santé selon le C.I.eau. M. Baronnet affirme que les citernes en ciment compensent partiellement ce problème.

Alors, boire de l’eau de pluie n’est-il finalement pas dangereux ? Les autorités françaises et les associations consultées restent sur la position de principe de précaution. Elles soulignent surtout les risques bactériologiques. En effet, si l’eau de pluie contient des bactéries, cela pourrait provoquer une gastro-entérite ou avoir des conséquences plus graves pour les personnes immunodéprimées. Il est donc recommandé de faire régulièrement contrôler l’eau de pluie filtrée par un laboratoire agréé par une Agence Régionale de Santé pour réduire ces risques.

Mais est-il légal d’installer un réseau d’eau de pluie chez soi ? Selon Jacques Delfosse, chargé de formation et d’études sur les questions de l’eau de pluie à l’Office International de l’Eau (OIEau), il est nécessaire de faire une déclaration en mairie pour utiliser l’eau de pluie à l’intérieur de la maison (toilettes, lavage des sols, machine à laver) et connecter ce réseau d’eau de pluie au réseau d’eau existant. En effet, il y a un risque de contamination de l’eau potable en cas de connexion entre les deux réseaux.

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Cependant, l’article L2224-9 du Code Général des Collectivités Territoriales qui prévoit cette déclaration n’autorise pas la consommation humaine de l’eau de pluie. Par conséquent, la loi n’autorise pas la potabilisation de l’eau de pluie chez soi. De plus, il n’y a pas d’obligation de contrôle sanitaire pour les installations qui distribuent moins de 10 m³ d’eau par jour pour un usage familial.

Faut-il donc encourager davantage de Français à boire de l’eau de pluie ? Techniquement, il est possible de potabiliser l’eau de pluie chez soi, en veillant à contrôler sa qualité. Cependant, cette généralisation ne serait ni rentable ni suffisamment sûre, selon Jean-Jacques Hérin, président d’Adopta, l’Association pour le Développement Opérationnel et la Promotion des Techniques alternatives en matière d’eaux pluviales. Il souligne que l’eau est l’un des biens alimentaires les plus contrôlés en France et que faire appliquer massivement cette pratique serait impensable.

En fin de compte, tout le monde s’accorde sur la nécessité d’économiser l’eau consommée à la maison, que ce soit en ville ou à la campagne. Chez Patrick Baronnet, ils ne consomment que 20 litres d’eau par personne et par jour (pour l’ensemble de la maison, et pas seulement pour boire !), contre une moyenne de 148 litres d’eau en France.

En conclusion, l’utilisation de l’eau de pluie pour la consommation humaine reste un sujet délicat en raison des risques potentiels pour la santé. Bien que la potabilisation individuelle de l’eau de pluie soit techniquement possible, elle n’est pas encouragée par les autorités. Il est préférable de faire confiance au service public de l’eau en France, qui assure un approvisionnement sûr à grande échelle. Néanmoins, il est crucial de continuer à sensibiliser à l’économie d’eau dans nos modes de vie, que ce soit en utilisant l’eau de pluie pour d’autres usages ou en adoptant des comportements responsables dans notre consommation d’eau.

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