Vous avez sûrement remarqué que l’huile de palme est présente dans de nombreux savons artisanaux ou commerciaux. Près de 20% de la production d’huile de palme est utilisée dans l’industrie cosmétique.
L’huile de palme est extraite des fruits du palmier à huile et est l’huile la plus consommée au monde. Malheureusement, son exploitation est la principale cause de déforestation en Asie du Sud-Est, entraînant des conséquences désastreuses pour l’environnement. En plus de détruire la biodiversité des forêts, cette exploitation appauvrit les sols et pollue les cours d’eau. Pour les communautés locales, les plantations de palmiers, souvent obtenues de manière douteuse voire illégale, entraînent la destruction de leur environnement et l’appauvrissement de leurs ressources. Bien que les pays concernés vantent les avantages économiques de cette production, son impact social et environnemental est considérable.
Cependant, il convient de noter que certains producteurs de palmiers s’engagent dans une production équitable (voir RSPO). Ainsi, il est possible de trouver sur le marché des savons artisanaux utilisant de l’huile de palme de manière responsable. Certaines grandes entreprises comme L’Oréal et The Body Shop utilisent également de l’huile de palme certifiée. Pour ma part, je préfère laisser cette huile aux autres et je suis certaine qu’elle trouvera preneurs.
Pourquoi utiliser de l’huile de palme dans les savons ?
Cette huile végétale confère au savon des propriétés moussantes et rend le savon plus dur. Je ne vous le cache pas, l’huile de palme est généralement l’ingrédient clé en savonnerie. C’est l’huile de base la moins chère et celle qui apporte de la dureté, de la blancheur et de la mousse aux savons. Un grand défi avec les savons artisanaux est de les rendre durables, qu’ils ne fondent pas trop vite. C’est d’ailleurs le détail qui revient le plus souvent lorsque l’on me pose des questions sur les caractéristiques de nos savons.
Mais je peux vous assurer que cela est possible de créer des savons durables, qui moussent bien, qui ne sont pas trop mous, sans utiliser d’huile de palme. Vous pouvez d’ailleurs découvrir notre sélection de savons ici.
Pour ceux qui se lancent dans la saponification, il vous faudra explorer les acides gras et développer votre propre recette en utilisant d’autres huiles et beurres pour obtenir une composition similaire à celle que vous auriez obtenue avec de l’huile de palme. L’huile de palme contient environ 45% d’acide palmitique, un acide gras saturé. Vous pouvez donc vous tourner vers des huiles riches en acide palmitique, comme l’huile d’avocat, d’argan, de son de riz ou de baobab*.
En ce qui concerne les beurres, le beurre de cacao, de kokum et de karité sont de bonnes alternatives. Les graisses animales peuvent également être utilisées. L’huile de ricin permettra de stabiliser la mousse du savon et l’acide stéarique (présent notamment dans le karité) apportera de la dureté au savon. Il est d’ailleurs possible de trouver de l’acide stéarique pur et de l’ajouter au savon à hauteur de 2% à 10% (veillez à vérifier la certification de qualité, certains acides stéariques ont été testés sur les animaux). Le beurre de cacao* est composé d’environ 35% d’acide stéarique, 35% d’acide palmitique et 25% d’acide oléique, c’est un beurre très intéressant !
En résumé, il faudra effectuer quelques calculs pour trouver les bons dosages, cela peut être plus coûteux, mais c’est tout à fait réalisable ! Alors, sortez vos calculatrices et vous trouverez sûrement votre recette parfaite 🙂
Nos trois favoris à la maison : Argan & Eucalyptus, Menthe & Sel et Orange & Cèdre. Et vous ?
*Certains de ces ingrédients sont disponibles en version biologique et, dans certains cas, équitable. Il vaut la peine de chercher un peu pour encourager les petits producteurs 🙂 Photo de couverture par Annie Spratt sur Unsplash