Rencontre Handicap Idylive

Rencontre Handicap Idylive

Coralie Lemke

Le calvaire de Claire aura duré 35 ans. Autant d’années passées sous les coups et les injures de son ex-mari. Une période pendant laquelle elle a également progressivement perdu la vue. Ce n’est qu’à 60 ans qu’elle recommence une nouvelle vie. Claire s’en est sortie en 2014 grâce à l’association Femmes pour le dire femmes pour agir (FDFA), qui soutient les femmes battues en situation de handicap.

Comme elle, près de 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences selon une audition au Parlement Européen en mars 2012. En raison de leur handicap, qu’il soit physique ou mental, elles sont souvent en situation de “dépendance vis-à-vis des auteurs de violences” selon ce rapport. Une vulnérabilité accrue qui les rend également quatre fois plus susceptibles de souffrir de violences sexuelles que les autres femmes.

Claire confirme cette analyse. “Plus mon handicap empirait et plus son comportement était insoutenable. Il me traitait comme une moins que rien”, se souvient cette élégante femme aux yeux maquillés de noir.

Agir immédiatement

Les responsables de l’association FDFA l’ont convaincue de ne plus attendre pour divorcer. La séparation est prononcée en juin 2014. “C’était un divorce à l’amiable car j’ai retiré ma plainte contre mon ex-mari. Mais je le regrette maintenant. J’aurais dû aller jusqu’au bout.”

Malgré cette pointe d’amertume, Claire réapprend à vivre. Elle est aidée du conseil juridique et des avocats de l’association. Elle participe aussi aux ateliers qui sont organisés. “Il y a des cours de langue qui sont organisés. On passe des après-midis ensemble, entre femmes, à se raconter nos malheurs en anglais”, sourit-elle.

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Pour se reconstruire, elle s’est investie dans l’association où elle essaye de faire de la prévention. “Je me rends compte que les femmes ont peur des représailles. Moi je veux leur dire de ne surtout pas attendre pour réagir. On ne change pas un homme qui est méchant. Voilà ce que j’ai appris”, explique Claire de sa voix rauque.

Un jour, le déclic

Car Claire a été victime de brutalité dès les premières années passées avec son conjoint, après son mariage en 1979. “Je tombais souvent à cause de ma vue qui baisse. Mais jamais il ne m’a ramassée, jamais il ne m’a soutenue lorsque je devais me faire opérer de la colonne vertébrale.”

La situation a empiré avec le temps. Insultes, blessures, adultère, voilà à quoi ressemble son quotidien. Elle passe alors le plus clair de son temps enfermée dans la chambre.

“Le déclic, ça a été le trop plein de violences. La dernière de ses maîtresses a été une de mes meilleures amies, c’est là que je me suis décidée”, affirme Claire. Sa sœur connaissait une femme qui elle aussi avait subi des violences. Elle lui a conseillé de contacter l’association Femmes pour le dire femmes pour agir.

Aujourd’hui, elle vit seule dans un appartement avec son chien-guide Arly, âgé de 8 ans. La prochaine étape sera de changer de logement, empli de 35 ans de souvenirs avec son ex-mari. “Je ne veux pas me laisser aller et j’ai besoin de changer d’environnement pour me reconstruire.”

Depuis le mois de mars 2015, la FDFA a lancé la première permanence téléphonique nationale destinée aux femmes battues en situation de handicap. Les lundis après-midi et les jeudis matin, des membres de l’association sont disponibles au 01 40 47 06 06. Un soutien qui va de la simple écoute à l’accompagnement juridique.

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Source: 20minutes.fr