Pourquoi, donc, le moteur de l’antique estafette du club est-il tombé en panne ? Au sein de l’Association des Amateurs de Véhicules Anciens (AAVA) de Pernois (Somme), chacun a son idée sur la question.
Une bielle coulée, un piston endommagé. “La clavette s’est ovalisée”, lance l’un des membres, avec ce langage si opaque et poétique aux oreilles d’un néophyte.
Très vite, les regards se tournent vers René Loyer, le mécano du club. “Il a son idée sur la question,” souligne le président de l’AAVA, Francis Troivaux. “Et on est à peu près sûr que c’est lui qui a raison… comme toujours.”
René Loyer assiste à la scène, un petit sourire amusé aux lèvres. L’homme est discret, mais il dégage une assurance qui témoigne de sa maîtrise du métier.
La mécanique comme une seconde nature
Pour René Loyer, 68 ans, la mécanique est la chose la plus naturelle du monde. Quand il nous explique comment il a réparé un moteur de R12 pour l’adapter à l’estafette, on mentirait en affirmant avoir tout compris (pour certains, la mécanique automobile est aussi nébuleuse que la mécanique quantique pour d’autres).
Mais on n’a aucun doute sur le fait qu’il sait de quoi il parle.
Retraité depuis une dizaine d’années, René Loyer n’avait pas forcément l’intention de devenir l’un des mécaniciens attitrés de l’AAVA. Mais par le hasard des rencontres, il a commencé à participer aux sorties et rassemblements organisés par le club. Et il s’est laissé convaincre par son “parrain” du club, Patrice Vasseur.
Les mains dans le cambouis dès l’âge de 11 ans
Mécanicien dans l’âme, René Loyer n’en a pas pour autant fait son métier.
“J’ai fait ma carrière chez Dunlop, mais j’ai toujours fait de la mécanique à côté. Vers 11 ou 12 ans déjà, je bricolais une mobylette. C’est quelque chose que les gens de ma génération faisaient facilement, surtout avec un père bricoleur comme le mien.”
Le jeune René se destinait d’ailleurs à une vie de mécanicien. À 15 ans, il entre en apprentissage à L’Étoile, dans le garage que tenait Jean Ravanne derrière son café.
Son CAP en poche, il travaille trois ans durant à Vignacourt, dans le garage Leconte. Avant de bifurquer vers l’entreprise Dunlop à Amiens, jusqu’à sa retraite.
“Mon plaisir : faire tourner un moteur”
Une retraite en grande partie consacrée à la mécanique, bien sûr. “Mon plaisir, c’est de faire tourner un moteur”, commente-t-il simplement. Les amis, la famille, tout le monde fait appel à ses talents.
“Je viens de passer un mois à Béziers où vit l’un de mes fils. C’était de bonnes vacances : j’ai fait une 2 CV, un camion, une mobylette.”
Ses fils, sa fille : tous ont attrapé le virus de la mécanique à leur tour.
Pour le club de Pernois, René Loyer est devenu le référent incontournable pour tout problème mécanique. Un souci de moteur chez l’un des membres ? René Loyer est appelé à la rescousse. Une voiture ancienne qui tombe en panne lors d’une sortie ? C’est encore René Loyer qu’on appelle, et qu’on voit débarquer avec son camion-plateau.
Une Dauphine de 1957
“C’est presque un travail à plein-temps”, sourit le président de l’AAVA. “Mais un travail bénévole !” René Loyer sait qu’une période chargée l’attend : à l’arrivée du printemps, les vieilles voitures restées au garage tout l’hiver doivent souvent être révisées avant de reprendre la route, pour les sorties organisées tous les quinze jours à partir de début avril.
Avec environ 80 voitures pour la soixantaine de membres, la tâche peut être importante : certaines ont plus de 70 ans, comme la Traction de 1955 d’Alain, la plus ancienne. Ou la Dauphine de René Loyer, qui date, elle, de 1957.
Certaines de ces voitures seront présentes ce dimanche pour la bourse aux pièces détachées organisée par le club à Domart-en-Ponthieu, premier rendez-vous important de l’année.
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