Est-il vraiment nécessaire de dépenser plus de 400€ pour un capot neuf lorsque vous pouvez trouver le même à la casse pour un tiers du prix ? Ces derniers temps, les réseaux de démolisseurs de véhicules ont développé une présence croissante sur Internet. Le groupe Alliance Automotive a lancé “Back2car”, un site qui propose des pièces d’occasion au grand public, et le site d’enchères eBay s’est imposé comme le partenaire incontournable des centres de Véhicules hors d’usage (VHU), offrant des pages dédiées à leurs produits en ligne. Ces initiatives visent à démocratiser la “pièce de réemploi” et nous, chez L’Automobile Magazine, nous nous devions de les tester.
Une alternative abordable et fiable
Nous avons consulté un expert automobile pour connaître les dommages les plus courants en France et obtenir une liste de pièces nécessaires pour effectuer les réparations. Les collisions frontales sont les plus fréquentes et impliquent souvent le remplacement du phare, du capot, du pare-chocs, de la traverse, de l’aile et de l’armature avant. Selon Cédric Villar du groupe Lang et associés, toutes les simulations ont été réalisées sur des voitures de 2013.
Des pièces d’occasion abondantes
Le bilan est plutôt encourageant ! Sur les 30 pièces recherchées, seules 6 ont été difficiles à trouver, notamment l’aile avant gauche de certains modèles de Golf et de Duster. Pour le reste, il n’y a pratiquement aucun problème : Opisto, France Casse et d’autres fournisseurs sont en mesure de répondre à la demande. Ainsi, la pièce d’occasion est largement disponible et souvent à un prix beaucoup plus bas. Selon l’organisme SRA, travaillant pour le compte des assureurs, les pièces de réemploi représentent 3,6% des pièces remplacées en 2021, contre 3% en 2020. Pour l’assureur Maif, près de 10% des paniers de pièces de réparation contenaient au moins une pièce d’occasion l’année dernière.
Valorisation des voitures d’occasion
La pièce d’occasion reste pour l’instant une exception plutôt que la norme. Patrick Poincelet, démolisseur et président de la branche recyclage du CNPA, explique que plus les véhicules sont récents, plus ils peuvent être récupérés pour recycler leurs pièces. Cependant, ces véhicules récents ne représentent que 14% des véhicules envoyés à la démolition chaque année. Cela signifie que seulement 200 000 véhicules par an sur une moyenne de 1,1 million possèdent des pièces potentiellement intéressantes. De plus, selon l’Ademe, environ la moitié des démolisseurs envoient des épaves directement à la destruction sans les démonter, ce qui signifie qu’en moyenne seulement une voiture sur deux est valorisée. Cela pose un problème d’approvisionnement en pièces de réemploi. Patrick Poincelet précise qu’il sera toujours difficile de fournir un nombre suffisant de pièces d’occasion et que celles-ci ne pourront jamais se substituer aux pièces neuves.
Toutefois, plus le véhicule est ancien, plus il est probable que la pièce d’occasion soit disponible. L’âge moyen des véhicules envoyés à la démolition est actuellement de 19 ans. Selon SRA, l’an dernier, sur les véhicules âgés de plus de cinq ans, 6,2% des pièces remplacées étaient des pièces d’occasion, soit une augmentation de 13% par rapport à 2020. Les statistiques détaillées de SRA montrent également qu’une fois qu’un véhicule atteint l’âge de 15 ans, plus de 60% des portes avant remplacées provenaient de la casse.
Avantages et précautions
Les pièces de réemploi restent pour l’instant une niche en raison de la disponibilité de l’offre. Cependant, ce n’est pas le seul obstacle. Si les experts soutiennent la pièce d’occasion, les carrossiers expriment plus de réserves à ce sujet. Pour eux, une pièce d’occasion signifie généralement plus de travail de préparation par rapport à une pièce neuve. Les carrossiers ne refusent pas d’installer des pièces d’occasion, mais cela complique les choses et nécessite plus de temps. Malheureusement, tous les garagistes français sont légalement tenus de proposer une alternative avec des pièces de réemploi, mais peu le font en raison du temps et de l’effort supplémentaires que cela implique.
Économies significatives
Du point de vue économique, cette situation est regrettable. Après avoir cherché des pièces d’occasion, nous avons comparé les prix avec des pièces neuves. La différence est évidente. Un capot neuf pour une Fiat 500 ? 408€ chez un concessionnaire Fiat, 415€ pour un pare-chocs. Un phare au xénon pour notre Volkswagen Golf VII ? 453€ sur un site Internet bien connu. Un capot pour le Dacia Duster ? 409€ dans un garage Renault. Selon l’expérience de SRA, les réparateurs facturent généralement la pièce d’occasion entre 50% et 60% de son prix neuf. Cela représente une économie non négligeable, du moins tant que la réparation ne nécessite pas d’autres achats au prix fort. Les pièces d’occasion permettent de “sauver” les véhicules anciens en les rendant économiquement réparables, ce qui ne serait pas possible avec des pièces neuves.
Malheureusement, utiliser des pièces d’occasion pour réparer votre véhicule n’entraîne actuellement aucune réduction sur votre prime d’assurance ni sur votre franchise, même chez Maif, l’un des assureurs les plus impliqués en France dans l’utilisation de pièces de réemploi. Cependant, Maif a quelques idées pour encourager l’utilisation de pièces d’occasion. Selon Cédric Videau, responsable des réseaux de prestataires de la mutuelle, le législateur devrait envisager la déconstruction systématique des véhicules de plus de 8 ans, ce qui permettrait d’augmenter le nombre de pièces disponibles.
Propos tenus lors du webinaire SRA du 3/12/21