Reprendre un restaurant nécessite une préparation minutieuse et une analyse approfondie du fonds de commerce existant.
Des centaines de questions se posent : le restaurant est-il situé dans un quartier animé ? Aurez-vous besoin de nouveaux équipements ou pouvez-vous conserver les anciens ? La clientèle du restaurant est-elle en adéquation avec le nouveau concept que vous souhaitez proposer ? Quelles licences devrez-vous obtenir ? Qui sont vos concurrents ? Comment se porte la situation financière de l’établissement ?
Dans cet article, nous allons essayer de répondre au mieux à toutes ces questions et résumer les étapes essentielles à prendre en compte avant de vous lancer dans l’aventure. Voici les différents points abordés dans cet article :
1. Le fonds de commerce
Le fonds de commerce représente l’ensemble des biens mobiliers et des droits appartenant à un commerçant et lui permettant d’exercer son activité. Lorsque vous reprenez un restaurant, vous acquérez le fonds de commerce de celui-ci.
Quels éléments composent le fonds de commerce ?
- Le matériel, le mobilier, l’équipement, le système de caisse
- Les licences et autorisations administratives (notamment pour la vente d’alcool)
- Les contrats de travail
- La clientèle
- Le droit au bail de location
- Le nom de la marque
- Les documents comptables (bilans financiers, comptes), etc.
Il est donc essentiel de savoir quels éléments vous seront cédés lorsque vous envisagez de reprendre un restaurant.
2. Le diagnostic de l’établissement et de son équipement
Effectuez un diagnostic de l’établissement existant en recherchant des informations sur sa réputation et la manière dont il est perçu. Si la notoriété de l’établissement est mauvaise, cela peut avoir un impact sur votre nouvelle entreprise. Vous pouvez facilement mener des recherches sur internet et consulter les avis laissés par d’anciens clients.
Ensuite, vérifiez si l’établissement est compatible avec votre projet. L’aménagement du restaurant vous convient-il ? Devrez-vous prévoir des travaux importants ? Et qu’en est-il de l’équipement qui vous sera cédé, tel que les tables, le comptoir, les chaises, le matériel de cuisine ? Est-il en bon état ?
Vous pouvez également étudier l’offre actuelle du restaurant. Quels plats sont proposés au menu ? Quelle est leur rentabilité, leur marge, leur gamme de prix ? Quel est l’état des stocks ? Si vous souhaitez transformer un restaurant végétarien en un bar à burgers, votre offre risque de ne pas correspondre à la demande.
3. Contrats, licences et autorisations administratives
Cette étape nécessite une attention particulière. En règle générale, les contrats en cours sont cédés avec le fonds de commerce, y compris les contrats avec les fournisseurs. Si vous ne souhaitez pas travailler avec les mêmes fournisseurs, assurez-vous de mettre fin à ces contrats. La même chose s’applique aux contrats de travail des employés.
En ce qui concerne le bail de location, sachez que s’il est cédé avec le fonds de commerce, le bail de location doit également l’être. Notez cependant que le propriétaire du local peut s’opposer à cette cession dans certains cas, bien que cela soit rare.
Ensuite, vérifiez si les licences et autorisations administratives que vous obtenez sont en règle. Manquez-vous de certains documents ? Devrez-vous faire des demandes supplémentaires auprès de la mairie ?
4. L’emplacement et la concurrence
Il est essentiel d’analyser la zone de chalandise avant de reprendre un restaurant. Même si le restaurant vous semble idéal, il est important de vous assurer qu’il est situé dans une zone animée et fréquentée. S’il n’y a personne aux alentours, cela peut être l’une des principales raisons de la mise en vente du restaurant. Même si vous prévoyez une stratégie marketing efficace, vous aurez besoin d’un minimum de clients potentiels pour votre restaurant. De plus, assurez-vous que le restaurant est facilement accessible. S’il est caché ou difficile à repérer, vous devrez mettre en place des stratégies pour attirer l’attention. Toutefois, cela n’est peut-être pas idéal, à moins que vous ne souhaitiez créer un concept clandestin de type “speakeasy”.
Un autre élément important à prendre en compte est la concurrence. Si la rue où se trouve votre restaurant est déjà peuplée d’autres établissements, cela signifie probablement qu’il y a un fort flux de clients. Cependant, veillez à ce qu’il n’y ait pas de concurrent direct. Si vous envisagez d’ouvrir une pizzeria et qu’il y en a déjà une dans la rue, vous prenez un risque.
5. La clientèle et votre cible
Lorsque vous reprenez un restaurant, vous héritez également de sa clientèle. Il est donc important de savoir quel type de clients fréquentent les lieux. S’agit-il d’étudiants, de touristes, de jeunes employés de start-up, de fonctionnaires ? Vous devriez pouvoir accéder à la base de données clients de votre prédécesseur pour mieux comprendre la situation. Cette base de données peut être très précieuse pour votre future campagne marketing ou pour annoncer votre ouverture.
Ensuite, demandez-vous si la clientèle et les habitants du quartier sont en adéquation avec votre concept. Selon le type de restaurant que vous souhaitez créer (restauration rapide, gastronomie, bar ou même cantine moderne), il est important de prendre en compte les clients actuels et les résidents. Si ces derniers sont totalement différents de la cible que vous souhaitez atteindre, cela peut ne pas être une bonne combinaison. Il est également bon de savoir quel est le budget moyen des clients et le montant moyen d’une facture dans le restaurant que vous reprenez. Si vous transformez une petite cantine en un restaurant gastronomique, les habitués risquent d’être surpris par les prix du nouveau menu.
6. Les employés
Lors du transfert d’un fonds de commerce, tous les droits et obligations concernant le personnel sont transférés à l’acheteur. Il est donc important d’analyser la synergie entre les employés, les équipes en place, les chefs en cuisine, etc. Si vous devez vous séparer de certains employés, assurez-vous de respecter les procédures de licenciement économique. Notez également que le départ du propriétaire précédent peut entraîner le départ de plusieurs employés, ce qui nécessitera de recruter de nouveaux membres pour votre équipe.
7. L’historique financier de l’établissement
Le chiffre d’affaires, les bilans comptables et les résultats financiers vous donneront une idée de la viabilité et de la rentabilité du restaurant que vous reprenez. Cette étape nécessite l’aide d’un expert-comptable qui analysera en détail ces chiffres et pourra en tirer des conclusions éclairées. Vous pouvez vous demander si le chiffre d’affaires augmente chaque année ou s’il diminue. Normalement, vous devriez avoir accès aux bilans des trois dernières années. Ces chiffres vous aideront également à établir votre plan d’affaires.
Posez-vous également les questions suivantes concernant les chiffres :
- Quel est le taux de rotation des tables ?
- Combien de couverts sont servis par service ?
- Quelles sont les heures d’affluence ?
- Quels sont les prix des plats ?
- Quelle est la marge brute de chaque plat ?
- Quel est le montant moyen d’une facture ?
- Quels sont les coûts salariaux, les coûts de location et les charges ?
- Et qu’en est-il des taxes ?
8. La (vraie) raison de la vente du restaurant
Quelles sont les véritables raisons qui poussent le vendeur à céder son restaurant ? Parfois, il s’agit simplement d’une retraite anticipée, d’un changement de carrière ou d’un nouveau défi à relever. Toutes ces raisons sont valables en soi. Cependant, assurez-vous que les motivations du vendeur ne vont pas nuire à votre futur établissement. C’est pourquoi une analyse approfondie des chiffres, de l’équipement, du mobilier, du personnel et de tous les autres points mentionnés ci-dessus vous permettra de démarrer sur de bonnes bases.
Si vous estimez que les raisons invoquées sont insurmontables, même avec votre nouveau concept génial, il est peut-être préférable de ne pas poursuivre l’acquisition du restaurant.
Conseil bonus : quelle est la procédure à suivre pour acheter un fonds de commerce de restaurant ?
L’achat d’un fonds de commerce nécessite de respecter certaines formalités juridiques :
Déclaration du projet de vente en mairie : si vous souhaitez acheter un fonds de commerce situé dans une zone protégée, le vendeur doit préalablement déclarer son intention de vendre à la mairie. Celle-ci dispose d’un droit de préemption de deux mois, pendant lesquels elle peut se porter acquéreuse de l’établissement.
Informer les salariés en amont de la vente : le vendeur doit informer ses employés du projet de vente au moins deux mois avant la vente effective.
Signature de l’acte de cession du fonds de commerce : rédigez et signez l’acte de vente du fonds de commerce, en y incluant les informations telles que le prix de vente, le chiffre d’affaires, les résultats financiers des trois derniers exercices, les détails du bail, etc.
Enregistrement de l’acte de cession du fonds de commerce : une fois l’acte de vente signé, enregistrez-le dans un délai d’un mois et payez les droits d’enregistrement éventuels.
Avis de publication : faites publier un avis de cession dans un journal d’annonces légales de votre département dans les quinze jours suivant la signature de l’acte de cession.
Dépôt du dossier de modification au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) : déposez l’acte de cession auprès du CFE de votre département où se situe l’acquisition de votre fonds de commerce.
En suivant ces étapes, vous pourrez acquérir un fonds de commerce de restaurant en respectant les formalités nécessaires.
