On entend souvent parler des “risques psychosociaux” (RPS) et de leur impact sur la santé mentale des employés. Ces risques peuvent prendre différentes formes, allant du stress au harcèlement, en passant par l’épuisement professionnel et même la violence au travail. Ils sont à l’origine de nombreux problèmes de santé tels que les troubles du sommeil, la dépression, les troubles musculo-squelettiques et les maladies psychosomatiques.
Les risques psychosociaux sont définis par l’INSERM comme la combinaison de nombreux facteurs liés aux dimensions individuelles, collectives et organisationnelles de l’activité professionnelle. Leur complexité rend leur prise en charge essentielle.
Les risques psychosociaux les plus courants
Le stress
Le stress professionnel se manifeste lorsque l’équilibre entre les contraintes liées au travail (manque de temps, conflits hiérarchiques, surcharge de travail, etc.) et les ressources dont dispose une personne pour y faire face est rompu. Cela est totalement subjectif, car ces deux caractéristiques sont mesurées en fonction de la perception de chaque individu.
On distingue deux types de stress :
- Le stress aigu : lorsque la personne est confrontée à un stress ponctuel.
- Le stress chronique : lorsque la personne fait face à des situations de stress répétées voire accumulées.
Les facteurs de stress au travail sont considérés comme particulièrement “toxiques” lorsqu’ils persistent dans la durée et sont subis par les travailleurs. L’accumulation de stress dit “antagoniste” est également source de maladies chez les salariés. Cela correspond au principe exposé par le “job strain” de Karasek, qui se produit lorsque l’on demande à un travailleur une grande productivité mais qu’il dispose de peu de marges de manœuvre. Ce concept est également présent dans le modèle de Siegrist, qui combine de fortes exigences de productivité avec de faibles récompenses professionnelles.
L’épuisement professionnel (le “burnout”)
L’épuisement professionnel est le stade supérieur d’une situation de stress prolongée. Il résulte souvent d’un investissement personnel et affectif important dans son travail. On le retrouve fréquemment dans des professions liées à la formation, à la santé ou à l’aide sociale.
Les signes d’épuisement professionnel peuvent se manifester de différentes manières : désintérêt pour le travail, épuisement physique, mental, émotionnel ou encore dépréciation de ses propres résultats.
Bien que cette forme de risque psychosocial existe depuis des siècles, elle n’a été réellement nommée que dans les années 1980 par Heinz Leymann, sous le terme anglais de “Mobbing”. Il s’agit d’actions malveillantes visant à nuire à une ou plusieurs personnes. Le harcèlement moral constitue une infraction punie par la loi, car il porte atteinte non seulement au droit au travail, mais aussi à l’équilibre personnel, familial et à la santé des individus. Il s’agit malheureusement d’une des formes de violence les plus répandues dans le monde professionnel.
Violence et agressions
La violence au travail peut provenir à la fois de l’extérieur et de l’intérieur de l’entreprise. Elle peut être causée par des clients, des collègues, etc. et peut prendre différentes formes graves telles que le harcèlement moral ou les agressions sexuelles.
Certains secteurs d’activité sont plus touchés que d’autres par la violence externe. Les professions de service, qui impliquent de nombreux contacts avec les clients, peuvent être propices aux tensions et aux conflits. Les activités impliquant la manipulation d’objets de valeur, comme les banques et les bijouteries, sont souvent confrontées à des agressions plus ou moins graves.
En ce qui concerne les violences internes, on constate généralement deux choses : l’auteur est souvent une personne bien intégrée à l’entreprise (ce qui peut parfois justifier son comportement), et la victime n’est pas nécessairement une personne considérée comme fragile (femme, jeune, etc.).
Les chiffres des risques psychosociaux
Pendant longtemps, la France a été considérée comme mauvaise élève en matière de mesure des risques psychosociaux. Ce n’est qu’en mars 2008 que Xavier Bertrand, alors ministre du travail, a demandé à l’INSEE de réaliser une enquête nationale annuelle pour mesurer le stress au travail et identifier les secteurs les plus touchés. Cette initiative faisait suite au rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail rédigé par Philippe Nasse et Patrick Légeron.
Selon l’Assurance Maladie, le coût social du stress au travail reste très élevé, estimé entre 1,9 et 3 milliards d’euros en France. En 2022, près de 2,5 millions de salariés auraient été en burnout sévère. Selon l’INRS, en 2019, 27% des actifs français auraient souvent ou toujours ressenti la nécessité de cacher leurs émotions.
Voilà, vous savez maintenant ce qu’il faut retenir sur les risques psychosociaux. Prenez soin de vous et de votre santé mentale au travail !