L’autonomie est souvent le principal frein à l’achat d’une voiture électrique à 100%. Et c’est tout à fait compréhensible : personne ne veut se retrouver avec une batterie vide en plein trajet. Cependant, lors de notre test de la Tesla Model 3 standard – celle qui a récemment augmenté de prix – sur de longs trajets ce mois-ci, nous avons roulé de Lille à Strasbourg, soit plus de 500 kilomètres. Malgré le fait que la voiture ne soit techniquement pas capable de parcourir cette distance sans se recharger, nous n’avons jamais craint de tomber en panne. Deux raisons expliquent cette assurance : le réseau de Superchargeurs de Tesla et surtout l’efficacité de la Model 3, qui utilise le moins d’énergie possible lors de la conduite.
L’efficacité est le véritable argument d’une voiture électrique à 100%
L’efficacité est essentielle car elle permet d’optimiser au maximum la capacité énergétique fournie par la batterie. C’est une science précise, sinon les constructeurs se contenteraient d’installer la plus grande batterie possible pour obtenir la plus grande autonomie, en tenant compte des contraintes de poids et de taille. L’efficacité dépend de plusieurs facteurs maîtrisables. Il y a le savoir-faire technologique des entreprises, qui peuvent concevoir un moteur moins gourmand en énergie. Il y a aussi les conditions extérieures, la conduite elle-même, la vitesse ou encore l’utilisation des fonctionnalités de confort.
La consommation d’une voiture électrique est exprimée en kWh pour 100 kilomètres, c’est-à-dire l’énergie nécessaire au véhicule pour parcourir cette distance. Pour une voiture thermique, on parle de litres de carburant consommés. Le principe est le même : plus la consommation en carburant ou en kWh est faible, plus la voiture pourra rouler longtemps.
Les constructeurs automobiles cherchent à améliorer l’efficacité de plusieurs manières, afin d’éviter d’augmenter inutilement la taille de la batterie. Ils peuvent utiliser des équipements visibles (comme des jantes aérodynamiques) ou invisibles (comme une pompe à chaleur, qui recycle l’air chaud pour une meilleure gestion de la température de l’habitacle). En somme, il existe des leviers pour faire évoluer l’efficacité dans la bonne direction. À cet égard, Tesla fait partie des bons élèves.
16,9 kWh pour 100 kilomètres
Nous avons parcouru exactement 1 608 kilomètres, consommant un total de 272 kWh. Cela correspond à une consommation de 16,9 kWh pour 100 kilomètres. C’est un excellent résultat, d’autant plus que nous avons principalement roulé sur autoroute sans chercher à économiser de l’énergie (nous sommes restés à la vitesse maximale autorisée). Sur les voies rapides, maintenir une vitesse élevée – 130 km/h – consomme beaucoup d’énergie (c’est également le cas pour le carburant). Dans cet exercice, la Model 3 s’est montrée très performante.
Voici le détail de certains de nos trajets :
Tesla Model 3 (2022) – Source: Maxime Claudel pour Numerama
Comme vous pouvez le constater, nous n’avons jamais dépassé une consommation de 20 kWh/100 km. Pour comparaison, le XC40 Recharge de Volvo a oscillé entre 22 et 24 kWh pour 100 kilomètres lors de notre essai, tandis que le Ford Mustang Mach-E était aux alentours de 19/25 kWh. La Tesla Model 3 fait donc bien mieux, tout en conservant des performances routières plus qu’honorables (0 à 100 km/h en 6,1 secondes).
Nous avons également pu parcourir plus de 200 kilomètres sur autoroute sans nous arrêter et sans jamais craindre de ne pas arriver à destination. Notons que Tesla offre le choix d’afficher le pourcentage d’autonomie restante ou le nombre de kilomètres restants à parcourir. À aucun moment, nous n’avons privilégié la deuxième option, plus angoissante – une autre preuve de la confiance accordée à la Model 3. De plus, le planificateur de trajets intégré au GPS de la voiture s’est avéré très fiable et pertinent (il définit lui-même les arrêts de charge en fonction de la destination).
Certes, nous avons bénéficié d’une météo plus clémente qu’en plein hiver. Il est bien connu que la consommation augmente lorsque les températures sont plus basses. Cependant, nous ne sommes pas non plus en été.
Tesla Model 3 (2022) – Source: Maxime Claudel pour Numerama
Et combien cela coûte-t-il ?
Il existe plusieurs moyens de recharger sa Tesla :
- À la maison, sur une prise domestique, avec un coût qui dépend de votre contrat d’énergie (environ 15 centimes du kWh)
- Sur une borne de recharge, avec un coût qui dépend de la borne.
Tesla dispose de son propre réseau de Superchargeurs, qui est l’option à privilégier lors d’un long trajet. Le prix du kWh dépend de l’emplacement de la borne intégrée au réseau du constructeur.
Voici les tarifs des Superchargeurs auxquels nous nous sommes connectés lors de nos 1 608 kilomètres :
- Senlis : 0,46 €/kWh
- Namur : 0,39 €/kWh
- Metz : 0,46 €/kWh
- Achern : 0,46 €/kWh
- Arlon : 0,49 €/kWh
- Lille Lesquin : 0,46 €/kWh
Cela donne une moyenne de 0,45 € par kWh. Si l’on ramène ce tarif à notre consommation de 16,9 kWh, les 100 kilomètres auront coûté environ 7,6 €. En comparaison, une berline thermique qui consomme 8 litres d’essence pour 100 kilomètres coûte près de deux fois plus cher en carburant (environ 15 euros). En somme, sur autoroute, rouler en Tesla divise la facture par deux.
En conclusion, c’est l’efficacité, associée à un réseau de Superchargeurs performant, qui permet à la Tesla Model 3 d’assurer de longs trajets sans problème, même dans sa version standard. Cela prouve que Tesla ne fait plus de l’autonomie un enjeu, et qu’une Model S avec 1 000 kilomètres d’autonomie serait inutile, selon Elon Musk.