Rue Saint-Roch – Une rue avec un secret

Rue Saint-Roch – A Street With A Secret

Au premier regard, la Rue Saint-Roch semble être une rue ordinaire du 1er arrondissement de Paris, à deux pas du Jardin des Tuileries et du Musée du Louvre. Mais, comme c’est souvent le cas dans cette merveilleuse ville, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être.

Une église remarquable

Commençons par l’évidence. La caractéristique la plus marquante de cette rue est l’Église Saint-Roch, située à l’intersection de la Rue Saint-Roch et de la Rue Saint-Honoré.

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Construite dans le style baroque tardif, Louis XIV posa la première pierre en 1653 et les travaux s’achevèrent en 1754.

Histoire secrète de l’église

Cette église a souffert pendant la Révolution française. Elle a été saccagée et de nombreuses œuvres d’art ont été volées ou détruites. Les cicatrices de la révolution sont encore visibles sur la façade de l’église, témoins des balles qui ont traversé les murs.

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Mais ce qui fait de l’Église Saint-Roch un endroit particulièrement remarquable, c’est le fait que le Marquis de Sade, aristocrate français, homme politique révolutionnaire, philosophe, écrivain et libertin notoire, s’y soit marié le 17 mai 1763.

Un orgue d’exception

L’Église Saint-Roch est spéciale pour moi car elle abrite un orgue qui porte la marque des maîtres facteurs d’orgues François-Henri Clicquot et Aristide Cavaillé-Coll.

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En 1750, François-Henri Lesclop a été chargé de construire le premier orgue, mais il est décédé avant d’avoir terminé son travail. François-Henri Clicquot a été chargé de le terminer, ce qu’il a fait en 1756. L’orgue a été restauré un peu plus de cent ans plus tard, en 1859, puis à nouveau en 1881 par Aristide Cavaillé-Coll. Cette combinaison magique du travail de François-Henri Clicquot et d’Aristide Cavaillé-Coll se retrouve dans de nombreuses églises de Paris, notamment dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

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L’histoire de la Rue Saint-Roch

Revenons maintenant à la Rue Saint-Roch elle-même. Son origine remonte à environ le Xème siècle. Elle a officiellement été nommée pour la première fois en 1450 sous le nom de Rue Saint-Vincent, puis, plusieurs siècles et plusieurs changements de nom plus tard, elle est devenue la Rue Saint-Roch en 1879.

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Aujourd’hui, parmi les échafaudages et les travaux de construction, la Rue Saint-Roch abrite le Bureau parisien de la BBC, qui annonce sa présence de manière plutôt austère, par rapport aux autres enseignes plus élégantes du reste du bâtiment.

Un passé secret

Les sons de la Rue Saint-Roch étaient ce que je venais écouter, mais ce que je voulais surtout voir, c’était cette maison, deux portes plus loin du bureau de la BBC, au n°41 de la Rue Saint-Roch. Une maison ordinaire en apparence, mais qui a une histoire, une histoire secrète. Pendant la Première Guerre mondiale, le n°41 de la Rue Saint-Roch était le quartier général d’une opération secrète de renseignement militaire britannique impliquant un réseau d’espionnage clandestin opérant derrière les lignes ennemies.

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L’histoire de la Rue Saint-Roch est intrigante et parfaitement racontée dans le livre de Janet Morgan, “Les Secrets de la Rue St Roch”. C’est une histoire d’ingéniosité, de bravoure et d’une attention méticuleuse aux détails, le matériel même de l’espionnage derrière les lignes ennemies.

Au cours de la Première Guerre mondiale, les Allemands dépendaient des trains pour soutenir et déplacer leurs armées. Les Alliés ont rapidement compris l’importance cruciale des horaires des trains et de la connaissance de ce que transportaient ces trains de troupes dans les territoires occupés. Les mouvements des hommes et des armes d’une partie du front à une autre, ou les évacuations d’hôpitaux dans les zones avancées, indiquaient la position et le calendrier de la prochaine offensive.

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Il était difficile de trouver des personnes pouvant fournir de tels renseignements et difficile de les transmettre. Le front était imperméable, les frontières neutres minées et électrifiées, les mouvements restreints, et la radio et la reconnaissance aérienne clandestines étaient encore à leurs balbutiements. Les Alliés ont multiplié les tentatives, mais la contre-espionnage allemand était redoutable. Cependant, un réseau, La Dame Blanche, en Belgique, a remporté un succès spectaculaire en matière d’espionnage. Il n’y avait pas de couverture du minuscule Luxembourg, qui est devenu, au fur et à mesure de la guerre, une plaque tournante ferroviaire de plus en plus importante.

C’est en partie pour remédier à cela que le capitaine George Bruce, plus tard Lord Balfour, a été affecté à un département du renseignement militaire britannique au 41 Rue Saint-Roch. Il a repéré une possible recrue, une Luxembourgeoise d’âge moyen nommée Lise Rischard, qu’il a persuadée de retourner dans son pays en tant qu’espionne ferroviaire. Elle a commencé à faire des rapports par lettres et par codes dans les journaux, ce qui était une entreprise difficile, mais cela s’est amélioré lorsqu’elle a été rejointe par un autre agent de Bruce, un soldat polonais-belge indomptable nommé Baschwitz Meau, qui s’était échappé cinq fois de camps de prisonniers allemands.

Meau a été infiltré au Luxembourg par ballon à hydrogène à un stade tardif et crucial de l’offensive allemande du printemps 1918. L’importance des renseignements fournis par lui et Rischard à partir des agents qu’ils ont recrutés peut être mesurée par les distinctions qu’ils ont plus tard reçues : elle, Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique, lui, Compagnon de l’Ordre du Service distingué, et tous deux ont été faits Chevaliers de la Légion d’honneur.

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Je me demande souvent combien de personnes qui passent tous les jours dans la Rue Saint-Roch ont connaissance de l’histoire secrète de la maison au n°41.

Je marche sans fin dans les rues de Paris, observant et écoutant, et je suis constamment intrigué par la manière dont le banal peut souvent se révéler extraordinaire. La Rue Saint-Roch en est un parfait exemple de cette sérendipité.