Sécurité alimentaire, souveraineté alimentaire : comprendre l’essentiel

Sécurité alimentaire, souveraineté alimentaire : tout comprendre

La pandémie mondiale de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont mis en lumière les concepts de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire. Il est essentiel de comprendre ces termes et de les différencier afin de saisir tous les enjeux politiques, géopolitiques, juridiques, socio-économiques qui y sont associés.

Qu’est-ce que la sécurité alimentaire ?

La sécurité alimentaire vise à garantir que l’ensemble de la population d’un territoire ait accès à une alimentation suffisante. Ce concept dépasse largement le secteur agricole et la manière dont les denrées alimentaires sont produites. Selon une définition issue du Sommet mondial de l’alimentation en 1996 à la FAO, la sécurité alimentaire correspond à la possibilité pour tous les êtres humains de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive pour mener une vie saine et active. Il ne s’agit pas seulement de la quantité de nourriture disponible, mais aussi de la qualité nutritionnelle et de l’accès aux aliments sains.

L’insécurité alimentaire en augmentation depuis 2019

Avant même la guerre en Ukraine, près de 830 millions de personnes étaient touchées par la faim en 2021. En Afrique, une personne sur cinq était touchée par la faim, et en Asie et en Amérique du Sud, le nombre de personnes en insécurité alimentaire était également élevé. Il est important de souligner que 80 % des personnes souffrant de la faim vivent dans les zones rurales et que les petites exploitations familiales sont essentielles pour l’alimentation mondiale. La sécurité alimentaire est donc étroitement liée au développement agricole et à la prospérité des zones rurales.

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Souveraineté alimentaire : reprendre le contrôle

La souveraineté alimentaire est un concept qui est apparu dans les années 1980 en réaction à la vision globale et orientée vers les marchés de la sécurité alimentaire. Elle vise à maintenir et développer la capacité des pays à produire leur propre alimentation, tout en respectant la diversité culturelle et agricole. La souveraineté alimentaire remet en question les cadres normatifs et commerciaux qui favorisent la dépendance à l’extérieur pour l’alimentation et les intrants agricoles. Elle cherche à rompre avec les politiques agricoles et commerciales jugées néfastes pour les producteurs, la sécurité alimentaire et l’environnement.

Différence entre souveraineté et autosuffisance alimentaire

Il est important de ne pas confondre la souveraineté alimentaire avec l’autosuffisance alimentaire. Alors que la souveraineté alimentaire permet de gérer stratégiquement la dépendance et de mettre en place des politiques adaptées, l’autosuffisance alimentaire désigne la capacité à répondre à ses propres besoins sans dépendre des autres. À l’heure de la mondialisation des échanges, l’autosuffisance alimentaire est difficilement réalisable. La souveraineté alimentaire n’exclut pas le commerce et les échanges, mais elle cherche à promouvoir des échanges guidés par le bien-être des peuples et la protection des ressources naturelles.

Le mirage du tout local

La consommation locale est souvent présentée comme un moyen d’atteindre la souveraineté alimentaire et de limiter l’empreinte carbone individuelle. Cependant, encourager la consommation locale ne garantit pas automatiquement la durabilité écologique de l’alimentation. Le mode de production a un poids plus important dans le bilan carbone que le transport des denrées alimentaires. La solution réside dans une redéfinition de nos pratiques alimentaires en privilégiant les denrées de saison, locales et produites de manière durable, tout en rémunérant équitablement les producteurs.

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Souveraineté alimentaire : une politique du ventre ?

Il convient de distinguer la souveraineté alimentaire des concepts d’autonomie, d’autosuffisance ou de localisme. Confondre ces notions pourrait entraîner un repli sur soi et un manque de coopération entre les peuples. Les défis de la faim, du changement climatique et de la prospérité appellent des réponses concertées et systémiques à différentes échelles. La sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire sont deux notions distinctes : la sécurité alimentaire est un état de fait, tandis que la souveraineté alimentaire interroge les politiques mises en œuvre pour l’atteindre. Ces notions sont des enjeux globaux qui suscitent de nombreuses interrogations et incertitudes quant à notre capacité à nous nourrir.

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