Sept questions que vous vous posez (peut-être) sur l’alcool et la grossesse

Sept questions que vous vous posez (peut-être) sur l’alcool et la grossesse

«Si je suis à huit mois, je peux prendre juste du champagne non?» Dire adieu à l’alcool fait partie des nombreuses bonnes résolutions (et privations) des femmes enceintes. Une enquête qualitative sur des forums de discussion publiée par Santé Publique France dévoile que le message sur zéro alcool est passé. Mais que les consommations, ainsi que les interrogations, ont évolué. On en profite pour répondre à quelques questions sur la grossesse et l’alcool.

Boire enceinte, c’est grave docteur?

Si l’on sait que globalement l’alcool et la grossesse ne font pas bon ménage, quantité de questions se bousculent sur le sujet. Et les réponses sont très variables selon l’interlocuteur… «Aujourd’hui, dans la littérature, tout est dit et son contraire sur l’alcool et la grossesse, reconnaît la démographe et sociologue Stéphanie Toutain, auteure de l’enquête. Le discours des gynécologues est très hétérogène, les plus âgés ont tendance à dire qu’un verre de temps en temps ce n’est pas bien grave…» Le message officiel est bien plus strict: zéro alcool pendant neuf mois.

Quand faut-il s’arrêter de boire?

Selon cette étude, «les effets délétères sur le nouveau-né de la consommation d’alcool pendant la grossesse sont mieux connus, par rapport aux enquêtes précédentes de même nature.» Un message bien intégré, mais avant de découvrir sa grossesse, l’alcool a parfois coulé à flots… «C’est tout le paradoxe de notre message, reconnaît Philippe Deruelle, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens. On dit zéro alcool, mais souvent les femmes s’aperçoivent qu’elles ont bu un verre ou deux avant de se savoir enceinte. Il ne faut pas être alarmiste. C’est plus embêtant si on se prend une cuite au moment au-delà de la 5e semaine de grossesse…»

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Le binge-drinking, dramatique?

«Les femmes qui sont dans un projet de grossesse s’inquiètent de leurs épisodes de binge drinking, analyse la démographe et sociologue Stéphanie Toutain. Celles qui ne veulent pas s’abstenir concentrent ces soirées arrosées sur la première période de leur cycle menstruel.» Espérant ainsi ne pas prendre de risque même si elles tombent enceintes… Une bonne pratique? Pas vraiment. «En général, une femme ne fait pas du binge drinking seule, souligne le gynécologue-obstétricien. Or, l’alcoolisation du couple est néfaste pour le bébé, car l’alcool a un effet négatif sur les spermatozoïdes. On a tendance à culpabiliser la mère, mais l’exposition du père à la cigarette, l’alcool et l’obésité a un impact sur l’avenir du bébé.»

Mais s’il est impossible de dire si un épisode de binge drinking sera forcément dramatique, il représente un danger pour l’embryon. «L’implantation de l’embryon a lieu dès le 7e jour de grossesse, donc il y a déjà des échanges entre la mère et l’embryon, même s’ils sont faibles au début.»

Est-ce qu’il y a des alcools plus dangereux que d’autres?

Pas du tout, car c’est l’éthanol, présent dans tous les alcools, qui est en cause. «Le vin n’est pas mieux que la bière! tranche le médecin. Une fois que la femme sait qu’elle attend un enfant, il est donc fort conseillé de dire adieu à tous les alcools.

Est-ce que boire un verre de temps en temps, c’est grave?

Prudence maximale égale consommation zéro. Parce que l’alcool passe dans le placenta, puis dans le liquide amniotique et le sang du fœtus. «Etant donné qu’on ne sait pas quand et à partir de quelle quantité il peut y avoir des conséquences sur l’embryon, le mieux serait d’arrêter de boire dès qu’on a un projet de conception», souligne Stéphanie Toutain. «Aujourd’hui, on pense que le risque est important quand la mère consomme régulièrement de l’alcool ou en grosse quantité», complète le Pr Deruelle. D’autant qu’«la tolérance vis-à-vis de l’alcool varie selon les ethnies et les personnes, reprend le spécialiste. Le fœtus a une immaturité qui fait que l’alcool a plus d’impact sur lui que sur sa mère.»

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Une interdiction pas toujours facile à respecter. Selon un rapport sur l’alcoolisation fœtale de l’Académie de médecine datant de mars 2016, en France, 23% des femmes enceintes continuent de consommer de l’alcool pendant leur grossesse. Mais elles étaient 50% il y a une douzaine d’années.

C’est quoi les risques?

Selon le rapport de l’Académie de médecine, le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), l’effet le plus grave, concerne au moins 1% des naissances, soit environ 8.000 nouveau-nés par an. Mais des troubles du comportement et cognitifs plus mineurs peuvent également être détectés pendant les premières années de l’enfant. «Très tôt dans la grossesse, le principal risque, c’est la fausse couche, prévient Philippe Deruelle. Pendant les trois premiers mois, le fœtus peut développer des malformations d’organes (cœur, poumon,…) et du cerveau. A partir du 4e mois, il risque d’avoir un retard mental et de croissance. L’échographie permet de voir certaines malformations, mais elle ne dévoile pas le retard mental.»

Et cette abstinence doit durer jusqu’à l’accouchement (et après s’il y a allaitement) «parce que le cerveau du bébé va continuer à se former même pendant le dernier mois.»

Quand on est accro au vin, à la cigarette, aux sushis et au footing, on fait quoi?

Se faire aider. «La seule volonté permet beaucoup de choses!, rassure Philippe Deruelle. Il faut poser toutes ses questions et en discuter avec un praticien qui ne va pas les juger. Et l’activité physique peut aider. Contrairement à ce qu’on a longtemps dit, il faut continuer à faire du sport pendant la grossesse. Cela ne provoque pas de fausse couche!»

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