En France, environ 5000 nouvelles personnes découvrent leur séropositivité chaque année, selon les dernières données de Santé Publique France. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Qu’est-ce que le Sida ? Quel est le rôle du virus VIH ? Quelles sont les différences entre les deux ? Comment contracte-t-on ce virus ? Comment évolue-t-il ? Et quels sont les traitements disponibles pour le freiner ? Dans cet article, nous vous présenterons toutes les informations essentielles pour éviter toute confusion.
Définition : Qu’est-ce que le Sida ?
Le SIDA, abréviation de Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise, est une maladie sexuellement transmissible causée par un virus appelé VIH (Virus de l’ImmunoDéficience Humaine en français). Le Professeur Samira Fafi-Kremer explique que “le VIH s’attaque au système immunitaire de l’individu, en particulier aux lymphocytes T CD4”, ce qui rend l’organisme vulnérable, même face à des maladies habituellement bénignes et bien contrôlées par les cellules de défense de l’organisme.
Quelle est la différence entre VIH et Sida ?
Être infecté par le VIH ne signifie pas automatiquement avoir le Sida. Le Sida est en réalité le dernier stade de l’infection. On distingue plusieurs phases :
- L’infection par le virus VIH, où le corps produit des anticorps et passe du stade séronégatif au stade séropositif.
- La phase asymptomatique, qui dure de 2 à 5 ans, où le virus continue d’attaquer le système immunitaire sans présenter de symptômes “typiques”.
- La phase d’accélération, où l’immunité continue de se détériorer progressivement.
- Enfin, la phase du Sida, où les défenses immunitaires sont si affaiblies qu’une ou plusieurs maladies opportunistes se développent. Une personne séropositive est considérée atteinte du Sida lorsqu’elle développe une maladie opportuniste. Sans traitement antirétroviral, la personne finit par décéder.
Symptômes du Sida
La primo-infection par le virus survient entre 2 et 8 semaines après la contamination. Le premier signe, qui touche 90% des personnes, est la fièvre. Parfois, la personne peut présenter également une pharyngite, de la fatigue, des courbatures ou une éruption cutanée transitoire.
Dépistage : Comment savoir si l’on a le Sida ?
Le dépistage de la présence du virus VIH dans le sang peut être effectué dans un laboratoire, dans un centre CeGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) ou à domicile grâce aux autotests disponibles en pharmacie. Il est important de respecter les délais recommandés avant de réaliser ces tests afin d’optimiser leur fiabilité.
- Le test classique, à réaliser 6 semaines après la prise de risque, appelé test ELISA, permet de détecter la présence d’anticorps anti-VIH dans le sang. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun pour réaliser ce test en laboratoire. Selon le Professeur Samira Fafi-Kremer, “un résultat sérologique négatif obtenu 6 semaines après l’exposition au virus peut être considéré comme réellement négatif”.
- Le test rapide, à effectuer 12 semaines après la prise de risque, appelé test TROD, consiste en la prise d’une goutte de sang au bout du doigt et fournit un résultat en 30 minutes. En cas de résultat positif, un test de dépistage classique par prise de sang doit être effectué pour confirmer ou non la séropositivité.
- L’autotest peut également être réalisé 12 semaines après la prise de risque. Le résultat est obtenu en 15 minutes.
Cause : Comment le virus VIH se transmet-il ?
Le VIH peut être transmis à travers le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, le placenta et le lait maternel. En revanche, la salive, l’air, la transpiration et les contacts directs avec une personne porteuse du virus ne permettent pas sa transmission. En cas de risques de contamination, il est essentiel de contacter un médecin, un centre de dépistage anonyme et gratuit, ou de se rendre aux urgences afin d’évaluer le risque et d’envisager un traitement d’urgence.
Transmission sexuelle du VIH
L’infection par le VIH est principalement transmise lors de rapports sexuels. Une seule relation non protégée peut suffire à contaminer un partenaire. Il est également possible d’être infecté par le VIH sans présenter de symptômes pendant une période allant de plusieurs mois à plusieurs années. Dans ce cas, la personne peut transmettre le virus sans le savoir lors de rapports sexuels non protégés. Il est impossible de savoir avec certitude si l’on est porteur du virus sans avoir effectué un test sanguin. Le risque de contamination par le VIH augmente en cas de partenaires sexuels multiples ou lorsque la sérologie vis-à-vis du VIH d’un nouveau partenaire est inconnue. De plus, un partenaire porteur du virus présentant des lésions cutanées ou des muqueuses a plus de chances de le transmettre. Il est également important de noter que la pratique de la fellation présente un risque de transmission du VIH, bien que ce risque soit moindre que pour la pénétration vaginale ou anale. La utilisation d’un préservatif permet d’éviter tout risque de transmission du virus lors de cette pratique.
La seule manière de se protéger, ainsi que de protéger ses partenaires lorsque l’on adopte des comportements à risque, est de réaliser une sérologie VIH. En cas de résultat positif, cela permet de prendre en charge rapidement la personne concernée afin d’éviter la transmission du virus lors de rapports sexuels non protégés.
Transmission sanguine du VIH
La transmission sanguine est principalement observée chez les toxicomanes qui s’injectent des substances intraveineuses à l’aide de matériel contaminé par le sang d’une personne infectée par le VIH. Les professionnels de santé travaillant au contact de patients (médecins, infirmières, aides-soignantes, dentistes, etc.) peuvent également être contaminés accidentellement.
Transmission d’une mère séropositive à son enfant
Une mère infectée par le VIH peut transmettre le virus à son enfant pendant la grossesse, à l’accouchement ou lors de l’allaitement.
Maladies et infections opportunistes chez les personnes séropositives
Les maladies opportunistes surviennent chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, aussi appelées “immunodéprimées”. Sans traitement antirétroviral, ces maladies peuvent se développer chez une personne séropositive et incluent :
- La tuberculose.
- Les pneumopathies bactériennes.
- La candidose, qui peut affecter le vagin, la bouche ou la gorge.
- La cryptococcose, qui se manifeste par des maux de tête accompagnés de fièvre et de vomissements, et qui peut évoquer une méningite.
- La cryptosporidiose et la microsporidiose, des infections intestinales.
- Le cytomégalovirus, qui provoque des douleurs abdominales, de la diarrhée, de la fièvre et une altération de l’état général, ainsi qu’une rétinite à cytomegalovirus, caractérisée par une diminution soudaine du champ visuel ou une baisse importante de la vision.
- Les infections à mycobactéries “atypiques”, qui se manifestent par de la fièvre, de la perte de poids, des sueurs nocturnes, de la fatigue et une anémie.
- La leuco-encéphalite multifocale progressive, qui est une infection du cerveau.
- La pneumocystose.
- La toxoplasmose.
- Le zona.
- Les lymphomes.
- Le sarcome de Kaposi, qui est une tumeur cutanée, pulmonaire ou du système digestif.
Quels sont les traitements disponibles contre le Sida ?
Le VIH appartenant à la famille des rétrovirus, les médicaments utilisés pour traiter l’infection sont appelés antirétroviraux (ARV). Bien qu’ils ne puissent pas éliminer complètement le virus VIH, ils permettent de protéger le système immunitaire et d’éviter l’apparition de maladies opportunistes. Toute personne séropositive au VIH devrait suivre un traitement antirétroviral. La PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition) est un traitement à prendre avant (et après) un éventuel contact avec le VIH. Elle est destinée aux personnes qui n’ont pas encore contracté le VIH. Ce médicament, commercialisé sous la marque Truvada® et disponible en versions génériques, est également utilisé en traitement chez les personnes séropositives. Il est disponible sur ordonnance en pharmacie et réduit le risque de contamination par le VIH, sans l’annuler à 100%.
Se protéger contre l’infection par le VIH
“Une maladie qui continue de causer trop de décès.” Le virus du Sida est transmis à 99% par voie sexuelle. Malheureusement, les mesures de prévention ne sont pas encore suffisamment suivies car l’infection est devenue banale. Elle est souvent perçue comme une maladie chronique pouvant être correctement traitée.
Pour se protéger de l’infection par le VIH :
- Il est essentiel d’utiliser un préservatif. Pour une efficacité optimale, il est préférable de l’utiliser seul et de privilégier un lubrifiant à base d’eau. L’utilisation de deux préservatifs superposés, de matières grasses ou de vaseline peut augmenter le risque de déchirure. Assurez-vous également que l’emballage porte la mention NF et vérifiez la date limite d’utilisation. Les préservatifs sont à usage unique.
- Moins répandu que le préservatif masculin mais tout aussi efficace, le préservatif féminin peut être inséré dans le vagin plusieurs heures avant un rapport sexuel. Tout comme le préservatif masculin, il est déconseillé d’en utiliser deux en même temps. Le préservatif féminin est également à usage unique.
- Pour les pratiques de sexe oral, l’utilisation d’une digue dentaire est recommandée. Cette mince pellicule de latex permet de se protéger d’un contact direct entre les muqueuses de la bouche, les organes génitaux et l’anus, empêchant ainsi tout contact avec le sperme, les sécrétions vaginales ou le sang.
D’où vient le virus du Sida ?
Selon la théorie majoritairement acceptée par la communauté scientifique actuelle, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) aurait été transmis à l’homme par les singes, d’où son origine “simienne”. En effet, des liens ont été identifiés entre les deux types de VIH humains, le VIH-1 et le VIH-2, et le virus d’immunodéficience simien (VIS). La transmission du virus à l’homme est estimée avoir eu lieu entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. La théorie du chasseur de viande de brousse explique le passage du virus de l’animal à l’homme. Étant donné que les singes étaient chassés depuis longtemps, une exposition au sang contaminé est une explication plausible. Concernant la propagation du virus, le Professeur Fafi-Kremer explique qu’elle est étroitement liée aux mouvements de population et au développement des transports. La zone géographique où l’expansion du VIH a démarré a été localisée près de la République du Congo, une région peu peuplée avant 1910. L’expansion rapide de la population coloniale dans cette région, ainsi que le développement des échanges commerciaux et l’augmentation de la mobilité des personnes grâce aux progrès des transports, ont favorisé l’émergence de la pandémie du VIH-1.
Nous remercions le Professeur Samira Fafi-Kremer de l’Institut de Virologie de Strasbourg pour ses précieuses informations.
Sources :
- Situation épidémiologique et dépistage du VIH et des autres IST, Santé Publique France, 26 novembre 2019 (BEH n°31-32).
- Découvertes de séropositivité VIH et diagnostic de Sida, France, 2018, Bulletin de Santé Publique, 9 octobre 2019.