Stellantis, le géant de l’automobile, se lance à son tour dans la révolution électrique

Stellantis, le géant de l’automobile, se lance à son tour dans la révolution électrique

voiture électrique

Stellantis, le nouveau mastodonte de l’industrie automobile né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler (FCA), compte bien montrer son engagement envers la voiture électrique. Alors que PSA avait jusqu’à présent hésité à franchir le cap, et que FCA accusait un retard considérable, Stellantis ne veut pas rester à la traîne de ses concurrents.

“L’électromobilité est une attente forte de la société”, a admis Carlos Tavares, directeur général du groupe, lors de l’EV Day (Electric Vehicle Day) qui s’est tenu récemment. “Nous avons la taille, la technologie, l’esprit de compétition et les ressources financières pour devenir leader dans ce domaine”, a-t-il souligné.

Quatre plateformes dédiées à la voiture électrique

Pour marquer les esprits, Stellantis a annoncé un investissement de 30 milliards d’euros entre 2021 et 2025 dans l’électrification et le développement de logiciels, y compris par le biais de coentreprises. Alors que le groupe s’appuyait jusqu’à présent sur des plateformes techniques flexibles, permettant plusieurs types de motorisations, il va désormais se baser sur quatre plateformes spécifiquement conçues pour les véhicules entièrement électriques.

Ces plateformes, adaptées à différents types de modèles, permettront de réaliser des économies d’échelle considérables grâce à des volumes élevés (jusqu’à 2 millions de véhicules par plateforme) tout en étant suffisamment modulables pour répondre aux besoins spécifiques des 14 marques du groupe. L’autonomie des véhicules électriques sera comprise entre 500 et 800 kilomètres.

Contrairement à la plupart de ses concurrents, Stellantis ne s’est toutefois pas fixé d’objectifs de vente précis. Le groupe a simplement réitéré son engagement annoncé en avril dernier : que 70 % de ses véhicules en Europe et 40 % aux États-Unis soient à faibles émissions (y compris les hybrides rechargeables) d’ici 2030. Stellantis prévoit également de proposer un total de 55 véhicules électriques et hybrides dans son offre.

Une rentabilité durable

Stellantis est l’un des rares constructeurs à s’engager sur un certain niveau de rentabilité. Si aujourd’hui, la marge des voitures électriques est sensiblement la même que celle des voitures thermiques, c’est principalement grâce aux subventions gouvernementales, a indiqué le directeur financier Richard Palmer.

Cependant, cette marge risque de diminuer dans les années à venir en raison de la baisse des aides. Stellantis compte compenser cette diminution grâce au programme de synergies issu de la fusion (5 milliards d’euros) et à la baisse future du coût des batteries (40 % entre 2020 et 2024, et une augmentation supplémentaire de 20 % d’ici 2030). Ainsi, Stellantis prévoit d’atteindre une rentabilité opérationnelle durable à deux chiffres d’ici 2026, date à laquelle le coût d’utilisation d’un véhicule électrique sera équivalent à celui d’un véhicule thermique.

Carlos Tavares défend également une vision intégrée de son modèle, notamment en ce qui concerne les batteries, qui représentent de 30 à 40 % de la valeur des voitures électriques. Déjà impliqué dans une coentreprise avec Total, baptisée “ACC”, qui construira deux gigafactories de batteries en France et en Allemagne, Stellantis a également annoncé un accord avec le gouvernement italien pour transformer son usine de moteurs de Termoli en une troisième usine géante de batteries.

Cinq gigafactories de batteries

Au total, Stellantis prévoit de s’approvisionner auprès de cinq gigafactories en Europe et en Amérique du Nord, ce qui lui permettra de sécuriser plus de 130 GWh de capacités (suffisant pour équiper environ 2 millions de véhicules) d’ici 2025, et plus de 260 GWh d’ici 2030. Le constructeur a déjà signé des accords d’approvisionnement en lithium aux États-Unis et en Europe.

Alors que de nombreux constructeurs se livrent à une surenchère d’annonces ces derniers mois, l’EV Day de Stellantis était très attendu. “Il est crucial pour Stellantis d’accélérer, notamment en Amérique du Nord”, indiquaient les analystes d’UBS dans une note jeudi matin. En fin de journée à Paris, l’action de Stellantis a perdu 3,1 %, dans un marché en baisse de 2,1 %.

Si le passage à l’électrique constitue la “brique la plus importante de la stratégie de Stellantis”, selon Carlos Tavares, ce n’est certainement pas la seule. “Le développement de logiciels représentera également un pilier majeur”, a poursuivi le dirigeant, qui a annoncé la création d’une entité entièrement dédiée au développement de logiciels. Plus de détails seront annoncés dans les mois à venir.