Des cotisations en hausse malgré l’inflation
L’UFC-Que-Choisir a récemment révélé que les cotisations des complémentaires santé augmentent de manière significative, dépassant même les 7%. Cette hausse est d’autant plus importante alors que l’inflation atteint des sommets. Pourtant, selon une étude réalisée par la Mutualité Française, qui a analysé 35 mutuelles couvrant 18 millions de personnes, les cotisations augmenteront en moyenne de 4,7% en 2023, soit en dessous de l’inflation moyenne de 2022 qui est de 5,9%[1]. De plus, les remboursements de santé pris en charge par les mutuelles ont augmenté de 10,1% entre 2019 et 2022[2].
Les conclusions de l’UFC-Que Choisir
L’UFC-Que Choisir a mené une enquête sur les tarifs des complémentaires santé individuelles en demandant aux consommateurs de transmettre leurs avis d’échéance pour les années 2022 et 2023. Sur la base de l’analyse de 594 contrats individuels provenant de 128 organismes, une hausse médiane de 7,1% entre les tarifs de 2022 et ceux de 2023 a été constatée, ce qui équivaut à une augmentation médiane des cotisations de 126 € par an. De plus, 20% des consommateurs ont subi une augmentation supérieure à 240 €.
Dans les différentes catégories de complémentaires, les assureurs (+9%) et les institutions de prévoyance (+8,8%) ont augmenté leurs tarifs davantage que les mutuelles (+6,9%)[2]. Néanmoins, les hausses médianes varient d’un organisme à l’autre. Par exemple, les trois principaux acteurs du marché ont considérablement augmenté leurs tarifs cette année : Harmonie Mutuelle de 9,1%, Malakoff Humanis de 7,2% et Axa France de 9,7%.
Depuis 2019, les tarifs des complémentaires santé individuelles ont explosé de 23%, soit un rythme plus de deux fois supérieur à celui de l’inflation (10,6%). Dans ce contexte, et étant donné que la qualité des prestations peut varier considérablement d’un organisme à l’autre, il est plus que jamais nécessaire pour les consommateurs de comparer les offres et de faire jouer la concurrence grâce à la possibilité de résiliation à tout moment offerte par l’UFC-Que Choisir.
Pourtant, en raison d’un manque de régulation, la quasi-totalité des complémentaires santé ne mentionnent pas sur leurs avis d’échéance les informations permettant aux consommateurs de comprendre pleinement l’intérêt de mettre en concurrence les organismes.
Un manque flagrant de transparence
L’analyse des avis d’échéance les plus courants met en évidence le fait que la hausse des tarifs en euros ou en pourcentage n’est mentionnée dans aucun d’entre eux. Cette absence de clarté concerne également les taux de redistribution et les frais de gestion des organismes. En effet, seule une complémentaire affiche ces informations à proximité du montant annuel de cotisation, alors que les autres les relèguent au mieux au verso, voire dans des courriers longs et confus. Il n’est donc pas surprenant que les frais de gestion représentent en moyenne 21% des cotisations et n’aient pas diminué depuis 2015.
Un mauvais suivi du dispositif du 100% santé
Cette inflation des tarifs s’explique en partie par un mauvais suivi du dispositif du 100% santé. En effet, bien que la réforme ait créé des paniers de soins de qualité sans reste à charge pour l’audioprothèse, le dentaire et l’optique, l’équilibre financier reposait sur une prévision de baisse des dépenses en optique qui n’a pas été atteinte. De nombreux professionnels préfèrent protéger leurs profits plutôt que de respecter l’esprit de la réforme.
La Cnam a établi qu’en 2022, plus de la moitié des opticiens étudiés ne proposaient pas suffisamment d’offres 100% santé en magasin ou sur les devis. Par conséquent, les consommateurs subissent un double fardeau. Non seulement leurs cotisations augmentent, mais le montant moyen de leur reste à charge en optique a augmenté de 18 € depuis 2019. Pendant cette période, il n’y a pas eu non plus de réduction du renoncement à s’équiper en optique en raison du reste à charge, un objectif clair de la réforme.
Selon l’UFC-Que-Choisir : « Sur la base de ces constats, il est impératif de garantir aux consommateurs un exercice effectif de leur droit à la résiliation, ce qui suppose d’encadrer les avis d’échéance, afin qu’ils indiquent clairement les augmentations tarifaires et la performance des organismes (taux de redistribution, taux de frais de gestion et leur comparaison avec les taux moyens de la profession). Parallèlement, l’association appelle le gouvernement à assurer un meilleur suivi de la réforme du 100% santé en y associant les représentants des usagers, afin d’éviter une inflation incontrôlée des tarifs des complémentaires santé ».
[1] Source : INSEE[2] La Mutualité Française effectue une comparaison entre 2022 et 2019, étant donné que 2020 a été une année exceptionnelle.
Comment calcule-t-on une cotisation ?
Il n’est pas toujours facile pour les assurés de comprendre comment les cotisations santé sont calculées. Elles dépendent en effet de plusieurs facteurs tels que le niveau de couverture, l’augmentation des dépenses de santé ou encore le montant de remboursement pris en charge par la sécurité sociale. Pour vous aider à y voir plus clair, Harmonie Mutuelle a préparé une petite vidéo. Celle-ci constitue un outil pédagogique intéressant.