Test de Nvidia GeForce Now : l’avenir, dès maintenant

Test de Nvidia GeForce Now : le futur, maintenant

Comparatif Cloud Gaming

L’année 2020 marque l’arrivée de la nouvelle génération de consoles (PS5 et Xbox Series X), mais également l’essor du cloud gaming. Pour rivaliser avec Google, Nvidia a lancé son service commercial GeForce Now, qui semble être un énorme coup de poing sur le marché actuel. Mais qu’en est-il vraiment de la qualité et de la stabilité du jeu, ainsi que du catalogue disponible ?

Ce test a été réalisé avec un abonnement fourni par Nvidia, ainsi qu’un abonnement gratuit.

GeForce Now : qu’est-ce que c’est ?

GeForce Now est le service de cloud gaming de Nvidia. À la manière de Shadow, il offre un accès à une plateforme sur laquelle vous pouvez jouer à vos propres jeux déjà possédés. Enfin, presque tous les jeux, comme vous le découvrirez plus tard.

L’avantage de GeForce Now est de pouvoir profiter d’une configuration équivalente à celle d’un ordinateur équipé d’une GeForce RTX 2080, que ce soit sur un petit ordinateur portable ou même sur votre smartphone. Cela signifie que vous pouvez facilement profiter de graphismes avec le ray tracing.

Deux offres sont actuellement disponibles :

  • La première est gratuite et permet de jouer pendant une heure en 1080p à 60 images par seconde.
  • La deuxième, proposée à 5,49 euros par mois, permet de jouer jusqu’à 6 heures d’affilée en ajoutant le ray tracing.

Une interface quelque peu déroutante

Bien que le cloud gaming soit entièrement basé sur le dématérialisé, les services qui se lancent proposent souvent un élément matériel pour ne pas trop dérouter les utilisateurs. Shadow a sa Ghost, Stadia sa manette et son Chromecast, et GeForce Now a la Nvidia Shield TV. Bien sûr, cette dernière n’est pas nécessaire et il est tout à fait possible de jouer directement depuis un PC ou un smartphone Android.

Lorsque vous lancez l’application pour la première fois, peu importe la plateforme, il faut admettre que c’est un peu déconcertant. Vous vous retrouvez face à un moteur de recherche, une bibliothèque vide et une liste de jeux “À l’affiche”. Pas de boutique, pas de classement… rien de comparable avec ce que l’on trouve sur un lanceur de jeux traditionnel.

Interface de GeForce Now sur PC
Interface de GeForce Now sur PC

GeForce Now peut se connecter à votre compte Steam ou Epic Store, par exemple, mais il ne scanne pas vos bibliothèques et il est absolument nécessaire de savoir quel jeu vous souhaitez lancer pour jouer, à moins que l’un des 95 jeux suggérés (à l’affiche) ne vous satisfasse, même si vous ne les possédez pas forcément.

Quoi qu’il en soit, vous tapez le nom d’un jeu dans le moteur de recherche, vous cliquez et… vous vous retrouvez dans une fenêtre Steam pour installer le jeu si c’est la première fois que vous le lancez. Autant dire que cela est très éloigné de la transparence que l’on peut trouver chez Stadia sur ce point. Et encore, tout cela suppose bien sûr que vous ayez déjà lié votre compte Steam à votre compte GeForce Now, ce qui peut poser problème par exemple si vous utilisez macOS et que l’interface ne reconnaît pas le symbole @ de votre clavier.

Cependant, une fois tous vos comptes liés et vos jeux préférés retrouvés et ajoutés à votre bibliothèque, vous retrouvez la simplicité attendue de ce genre de service, avec un catalogue de jeux affiché sur une interface, lancé rapidement en un clic. On peut imaginer que les problèmes actuels sont liés à la jeunesse du service et que Nvidia les corrigera à l’avenir.

Sur smartphone

Sur smartphone, c’est la même chose. Une fois vos comptes renseignés, l’interface est très agréable à utiliser, que ce soit en mode portrait ou paysage. Cependant, il manque toujours cette “transparence” que l’on peut attendre d’un tel service après avoir essayé Stadia. Le plus déroutant est peut-être l’écran de chargement qui se fige parfois avant le lancement du jeu, donnant l’impression que le service a planté.

Le véritable point fort de GeForce Now est la possibilité d’afficher des boutons virtuels à l’écran, superposés au jeu. Ce n’est pas forcément très pratique, mais cela dépanne bien pour certains jeux lorsque vous n’avez pas de manette à portée de main.

Sur Shield TV

Pour jouer sur grand écran, plusieurs solutions sont possibles, mais la plus simple est de passer par la Shield TV et son interface Android TV intégrant parfaitement le service. Encore une fois, une fois les comptes parfaitement renseignés, le résultat est presque transparent. Nvidia est à un cran d’une console de jeu… mais aussi à quelques bugs.

En lançant un jeu depuis l’interface du boitier TV avec la manette, j’ai été surpris de ne pas pouvoir naviguer dans les menus avec cette manette, la sélection revenant sans cesse sur la première option. Après plusieurs tentatives, j’ai compris qu’il s’agissait en fait d’un curseur de souris invisible qui se trouvait sur cette option, m’empêchant de naviguer avec la manette. J’ai donc dû me reconnecter sur un ordinateur, déplacer la souris pour la déplacer dans un coin de l’écran où elle ne gênerait pas, puis me reconnecter à la Shield TV pour jouer avec la manette.

Ici sur Android, le curseur impossible à bouger sans connecter une souris
Ici sur Android, le curseur impossible à bouger sans connecter une souris

C’est un problème que l’on ne rencontre ni sur une console de jeu ni sur Stadia, par exemple, qui dispose de son propre système. Ici, la virtualisation de la session PC semble poser certaines contraintes supplémentaires.

Le catalogue de jeux

En théorie, la promesse de GeForce Now est de ne pas avoir à racheter vos jeux et de pouvoir retrouver vos catalogues Steam, Battle.net ou Epic Games, pour ne citer qu’eux, depuis un lanceur. En pratique, c’est tout à fait différent.

J’ai acheté Dead Cells pour la 3e fois afin d’y jouer sur GeForce Now.

Tout d’abord, GeForce Now est basé uniquement sur certains catalogues et il vous est impossible, par exemple, de retrouver les jeux auxquels vous auriez accès avec le Xbox Game Pass ou ceux que vous auriez achetés chez GoG. Dans mon cas, j’ai donc acheté Dead Cells pour la troisième fois afin d’y jouer en cloud gaming sur GeForce Now. De plus, certains jeux sont optimisés à partir d’une plateforme spécifique. Par exemple, Batman Arkham Knight, disponible sur Steam et Epic Store, ne peut être joué que si vous le possédez dans votre bibliothèque de la première boutique.

Ensuite, le catalogue de GeForce Now ne contient qu’une sélection bien particulière de jeux. Un jeu que vous avez dans votre bibliothèque Steam ne sera pas forcément disponible dans le cloud, vous obligeant à vérifier titre par titre. Nous avons par exemple vu qu’Activision-Blizzard a rapidement retiré ses jeux du service malgré leur présence lors de la bêta, de même que Bethesda.

Shadow offre beaucoup plus de flexibilité.

Bien que le catalogue soit beaucoup plus étendu que celui de Stadia, il reste limité à une liste prédéfinie. À cet égard, Shadow offre beaucoup plus de flexibilité, car il permet de jouer à absolument n’importe quel jeu, qu’il provienne de plateformes traditionnelles ou non.

Du 1080p, mais avec le ray tracing

Outre le catalogue de jeux, la bataille du cloud gaming se joue sur les infrastructures réseau et la qualité de rendu des jeux. Google Stadia en a fait l’expérience avec ses jeux aux graphismes bien loin de ce que l’on pouvait attendre de la promesse du jeu dans les nuages, alimenté par des cartes graphiques surpuissantes et plus proches de ce que peuvent offrir nos vieilles consoles de salon.

Le résultat est tout simplement bluffant.

Ici, l’idée est de proposer l’équivalent d’une GeForce RTX 2080 aux joueurs, afin de jouer dans les meilleures conditions, avec le ray tracing et tous les aspects de la “master race” du jeu sur PC. Sans surprise, Nvidia ne déçoit pas sur ce point, car c’est son domaine de prédilection.

Lorsqu’il est connecté à une bonne fibre en Ethernet, le résultat est tout simplement bluffant et vous pouvez profiter sans problème de jeux dans leur configuration la plus avancée sur un petit ordinateur portable doté d’une carte graphique intégrée. Jouer à Metro Exodus en 1080p Ultra, avec ray tracing et les détails capillaires, sur un ordinateur conçu uniquement pour la bureautique n’est plus un problème, loin de là. Les graphismes sont magnifiques et vous êtes rapidement immergé, oubliant que vous ne jouez pas sur une station de combat ultime.

Les joueurs les plus exigeants remarqueront l’absence de résolution 1440p ou 4K, mais cela viendra avec le temps, lorsque Nvidia stabilisera ses serveurs et augmentera les possibilités.

La stabilité du réseau

En ce qui concerne le réseau, Nvidia n’a peut-être pas autant de renommée que Google ou Amazon, mais dispose tout de même d’au moins 5 centres différents en Europe pour accueillir les joueurs.

GeForce Now

Selon les heures, sur un compte gratuit, il peut y avoir quelques heures d’attente pour accéder au service, ce qui pousse rapidement à payer les 5 euros par mois nécessaires pour une connexion en un clic. Le prix étant actuellement bien inférieur à celui de la concurrence, ce n’est pas vraiment un problème, mais cela peut être frustrant de devoir attendre pour utiliser un service appelé “GeForce NOW” (c’est-à-dire “maintenant” en anglais).

En revanche, les ressources nécessaires en bande passante pour jouer correctement sont un peu plus élevées que d’habitude. Une connexion fibrée en Ethernet ne pose aucun problème, mais jouer en Wi-Fi 5 GHz sur la même connexion est plus problématique. Depuis mon téléphone, en jouant à Dead Cells à 10 mètres de mon routeur (derrière une porte), mes parties étaient saccadées, avec un framerate souffrant grandement. Dans les mêmes conditions, en utilisant Shadow, le même jeu affichait des performances exemplaires. Comme Dead Cells n’est pas disponible sur Stadia, il n’est pas possible de faire une comparaison directe, mais une partie de Tomb Raider, jouée au même endroit et sur le même appareil quelques minutes plus tard, montrait également une fluidité exemplaire.

Ironiquement, mes parties étaient plus fluides en 4G, malgré des messages indiquant des “pertes de paquets importantes” (visibles à l’écran par un framerate plus bas, mais sans empêcher de jouer). Cela prouve tout de même que Nvidia parvient à rendre l’expérience possible même sur des connexions qui ne sont pas optimales.

En réalité, la plus grande force de GeForce Now réside peut-être dans sa capacité à gérer le flux vidéo de manière à toujours favoriser la latence. Quelles que soient les conditions, le temps de réponse des commandes est réduit au minimum, quitte à réduire la qualité de l’image ou le nombre d’images par seconde. C’est certainement le meilleur choix à faire pour offrir l’expérience la moins frustrante possible.

Ulrich Rozier, cofondateur d’Humanoid, la société éditrice de Frandroid, est investisseur minoritaire de Shadow. L’avis de la rédaction reste neutre et n’est pas influencé pour autant.