La thrombose hémorroïdaire est une condition aiguë liée aux hémorroïdes. Elle se caractérise par la formation d’un caillot sanguin dans une hémorroïde. Cette condition se manifeste généralement par une douleur intense qui survient brusquement, accompagnée d’un gonflement plus ou moins dur au niveau de l’anus. Parfois, il n’y a pas de douleur, mais seulement l’apparition rapide d’une grosseur.
On l’appelle également crise hémorroïdaire. La thrombose hémorroïdaire peut se produire à tout âge, mais elle est plus fréquente chez les personnes âgées entre 30 et 40 ans. Elle affecte également les deux sexes de manière égale. On estime qu’environ une personne sur deux en France fait une crise hémorroïdaire au moins une fois par an.
Est-ce la seule cause de douleur anale aiguë ?
Il ne faut pas confondre la thrombose avec d’autres causes de douleurs anales aiguës telles que les abcès, les fissures ou d’autres anomalies anales telles que les marisques, les tumeurs bénignes ou malignes. Dans la plupart des cas, un simple examen clinique permet de poser le diagnostic.
Pourquoi fait-on une crise hémorroïdaire ?
Plusieurs facteurs peuvent déclencher une thrombose hémorroïdaire : la consommation d’alcool, les épices, le stress, les sports violents, les voyages, les troubles du transit intestinal, les efforts excessifs de poussée lors de la défécation, et surtout chez les femmes, les événements liés à la vie génitale tels que les règles, les grossesses (8% des femmes font une thrombose au troisième trimestre) et surtout l’accouchement (20% des femmes qui accouchent font une thrombose hémorroïdaire).
Quels sont les risques ?
La thrombose hémorroïdaire est douloureuse et gênante, mais elle n’est pas dangereuse. Il n’y a aucun risque d’hémorragie grave, de migration du caillot sanguin ou d’infection. Il s’agit d’une affection bénigne.
Comment fait-on le diagnostic ?
Lorsqu’on examine la marge de l’anus, on peut observer un gonflement bleuâtre ou légèrement translucide (en raison de l’œdème) avec des caillots sanguins bleutés. Ce gonflement peut être localisé à une partie de l’anus ou être pratiquement circulaire, également appelé “étranglement hémorroïdaire”. On parle de thrombose externe lorsque le caillot sanguin se forme sous la peau de la marge anale, ou de thrombose interne prolabée lorsque les hémorroïdes internes sortent du canal anal. Plus rarement, la thrombose hémorroïdaire interne reste à l’intérieur du canal anal et n’est découverte que lors de l’examen médical.
Figure 1: Polythrombose extériorisée (Photo: Dr F. Pigot)
Figure 2: Thrombose hémorroïdaire externe unique (Photo: Dr V. de Parades, Hôpital Saint Joseph)
Que devient une thrombose hémorroïdaire ?
On ne connaît pas précisément le mécanisme de formation de la thrombose. Certains pensent qu’il s’agit de la rupture d’un vaisseau sanguin provoquant un hématome, tandis que d’autres pensent qu’un caillot se forme à l’intérieur du vaisseau en raison de modifications biologiques associées à un phénomène de stase et à un traumatisme.
La thrombose se résorbe naturellement en 3 à 4 jours avec la disparition de l’œdème, ce qui entraîne une diminution de la douleur. Cependant, le caillot met beaucoup plus de temps à disparaître (entre 2 et 6 semaines). Il peut également rester un repli cutané appelé “marisque”. Le caillot ne migre jamais et ne peut donc pas causer une embolie pulmonaire. Parfois, la peau qui recouvre la thrombose s’assombrit et forme des ulcères, provoquant des saignements et l’évacuation de petits caillots sanguins, ce qui est appelé thrombose sphacélée.
Figure 3: Thrombose sphacélée (Photo: Dr Ch. Favreau, Hôpital Bagatelle, Talence)
Comment peut-on traiter une thrombose hémorroïdaire ?
Dans certains cas, lorsque la thrombose est de petite taille et peu ou pas douloureuse, il est possible de ne rien faire et de laisser la résorption se faire naturellement.
Le meilleur traitement pour soulager la douleur et réduire l’inflammation repose sur la prise d’anti-inflammatoires. Il est préférable de les prendre dès le début de la crise et de les arrêter dès que la douleur diminue (généralement au bout de 3 à 5 jours), même si la bosse est encore présente. Cette dernière disparaîtra d’elle-même.
Il est possible d’associer des veinotoniques à forte dose pendant 7 à 10 jours et un traitement local sous forme de crème ou de suppositoires. Des antalgiques classiques peuvent également être ajoutés. Les bains de siège chauds ou froids peuvent soulager la douleur. Si une constipation est présente, elle doit être traitée.
Et si ce traitement est inefficace ?
Lorsque la thrombose est externe, unique et qu’il n’y a pas d’œdème, il est possible de l’inciser ou de l’exciser pour évacuer le caillot sanguin. Cette procédure soulage généralement rapidement. Il est exceptionnel de procéder à une intervention chirurgicale en urgence en cas de thrombose circulaire nécrosée. Une hémorroïdectomie complète de type Milligan et Morgan est réalisée dans ce cas, ce qui permet de traiter à la fois la thrombose et la maladie hémorroïdaire.
Peut-on éviter de faire une crise hémorroïdaire ?
Il n’existe pas de traitement préventif spécifique pour les thromboses hémorroïdaires. Il est important d’éviter les facteurs déclenchants lorsque ceux-ci sont identifiés et de régulariser le transit intestinal. Il est possible de proposer une alimentation riche en fibres non digestibles, des laxatifs et des suppositoires lubrifiants pour éviter les efforts de poussée lors de la défécation. Chez les patients qui souffrent de thromboses fréquentes et invalidantes, une intervention chirurgicale programmée peut être envisagée pour résoudre le problème.