Les Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) sont devenues courantes dans le domaine médical depuis le début des années 2000. Elles ont été introduites dans le cadre du premier Plan Cancer afin d’optimiser et de standardiser la prise en charge des patients atteints de cancer. Depuis, elles se sont étendues à d’autres domaines de la médecine, en particulier chez les patients atteints de maladies chroniques graves ou complexes. L’objectif principal des RCP est de réunir les professionnels de santé impliqués dans la prise en charge d’un patient afin d’optimiser les démarches diagnostiques et thérapeutiques, de réduire les inégalités de traitement et de faciliter l’accès aux traitements innovants. La mise en place et le suivi rigoureux des RCP sont la clé de leur succès et de leur pérennité.
Pourquoi les RCP sont-elles nécessaires ?
Les RCP sont indispensables pour garantir des soins de qualité et un accès égal aux traitements. En effet, la démographie médicale évolue rapidement, avec une concentration des praticiens dans les centres urbains. De plus, les avancées médicales rapides et nombreuses entraînent une hyperspécialisation des praticiens et la complexification des examens complémentaires. Dans le cadre du Plan Cancer de 2003, les Réunions de Concertation Pluridisciplinaire ont été institutionnalisées pour améliorer la qualité des soins et favoriser l’accès aux innovations thérapeutiques. Bien que leur existence légale ne soit actuellement reconnue qu’en oncologie, les autorités de santé souhaitent les étendre à d’autres domaines médicaux. Les maladies rares et chroniques offrent un excellent terrain pour le développement des RCP, car leur prise en charge n’est pas toujours bien codifiée. Cela permet aux patients d’accéder à des techniques diagnostiques ou thérapeutiques coûteuses et complexes qui ne relèvent pas des soins habituels et qui ne pourraient pas être pris en charge par la Sécurité Sociale sans ces réunions.
Comment mettre en place une RCP ?
La mise en place d’une RCP nécessite une organisation rigoureuse et une définition claire des objectifs. Il est possible de transformer un simple staff médical en RCP, mais il est essentiel de formaliser les choses, par exemple, en établissant une charte. Voici les principaux éléments à définir :
Titre de la RCP
Il est important de choisir un titre qui définira le domaine de la RCP, qu’il soit large (par exemple, “RCP en neurologie périphérique”) ou plus spécifique (par exemple, “RCP pour l’amylose à transthyrétine”), en fonction des objectifs fixés.
Définition du périmètre de la RCP
Il faut préciser si la RCP sera limitée à un service, un pôle, un établissement, ou si elle sera ouverte à des professionnels extérieurs (libéraux, CHG, etc.).
Définition des intervenants
Il est important de déterminer le rôle de chaque professionnel de santé participant à la RCP, y compris le coordonnateur, les médecins spécialistes, et les autres professionnels de santé impliqués dans la prise en charge du patient.
Périodicité et durée des réunions
Il est recommandé d’établir une fréquence régulière pour les réunions, ainsi qu’une durée maximale de deux heures afin de maintenir la concentration des participants.
Critères de sélection des dossiers
Il faut définir les critères permettant de sélectionner les dossiers qui seront étudiés lors des réunions. Cela peut être lié à des problématiques diagnostiques, thérapeutiques ou à l’intérêt pédagogique pour la communauté médicale.
Il est également essentiel de s’appuyer sur un secrétariat efficace pour assurer l’organisation des réunions, la communication aux professionnels de santé, la disponibilité des locaux, la gestion des dossiers à analyser, et la traçabilité des décisions prises.
Comment se déroule une RCP ?
Chaque participant signe une liste d’émargement en début de réunion. Au cours de la RCP, chaque dossier est discuté en suivant quatre étapes :
- Présentation du cas par le médecin référent.
- Discussion du cas entre les professionnels de santé présents.
- Prise de décision collégiale.
- Rédaction du compte rendu de la réunion, qui sera intégré au dossier médical du patient.
Il est important de noter que la RCP peut également se dérouler à distance, grâce à des moyens de visioconférence ou d’autres techniques en ligne. Cependant, il est primordial de garantir la sécurité des échanges et la confidentialité des données médicales.
Si le médecin référent du patient ne suit pas la décision prise lors de la RCP, les raisons doivent être explicitement argumentées et tracées dans le dossier du patient.
Quels sont les bénéfices et les risques des RCP ?
Les RCP ont des conséquences positives pour les patients et les équipes médicales. En oncologie, elles ont permis de standardiser les prises en charge et d’améliorer le suivi des patients. Les RCP favorisent également la recherche translationnelle, en permettant un diagnostic plus précis, un partage d’informations plus efficace entre les équipes, et une accélération des recrutements de patients pour les essais thérapeutiques.
Il est essentiel que les décisions prises lors des RCP soient clairement collégiales et argumentées, afin de ne pas entraver la liberté de prescription des praticiens. En cas de désaccord entre les membres de la RCP, cela doit être mentionné dans le compte rendu, laissant ainsi au médecin référent la possibilité de choisir la meilleure option pour le patient. En cas de RCP à distance, il est important de s’appuyer sur l’expertise des services informatiques hospitaliers pour garantir la sécurité des échanges.
En conclusion, les Réunions de Concertation Pluridisciplinaire sont un outil essentiel dans la prise en charge des patients atteints de maladies graves ou complexes. Elles favorisent la collaboration entre les différents acteurs de la santé, permettent une prise de décision collective et garantissent un accès équitable aux traitements.