Tout savoir sur les préliminaires, ces pratiques sexuelles à part entière

Tout savoir sur les préliminaires, ces pratiques sexuelles à part entière

Dans le langage commun, les préliminaires définissent ce qui précède, ce qui prépare à une autre chose considérée comme plus importante. En matière de sexe, on a donc longtemps considéré les préliminaires comme toutes les pratiques sexuelles venant « préparer » le corps à la pénétration. Ou du moins permettant de faire grimper l’excitation en vue du coït.

Une façon de considérer le cunnilingus, les caresses, la masturbation ou la fellation comme un travail préparatoire – certes agréable -, mais qui ne se suffit pas à lui-même. Comme si le sexe, pour être du sexe, devait forcément passer par la pénétration. La faute à une vision patriarcale de la sexualité qui, aujourd’hui, est tombée en désuétude. « On préfère parler plus généralement de pratiques sexuelles plutôt que d’utiliser le terme « préliminaires » qui servait à définir l’ensemble des pratiques sexuelles qui n’étaient pas une pénétration d’un pénis dans un vagin ou un anus », confirme Caroline Janvre, psychologue sexologue à Paris.

Les préliminaires, c’est quoi au juste ?

Les préliminaires, c’était donc un peu tout et n’importe quoi, du moment que ça faisait monter l’excitation et qu’on le pratiquait avant la pénétration. Du striptease sensuel à la bombe de chantilly sur le torse en passant par le cunnilingus et la masturbation… Bon nombre de pratiques sexuelles se retrouvaient englobées sous ce terme quelque peu limité et plus franchement d’actualité.

Le mot est d’ailleurs aujourd’hui banni des cabinets de sexologie. Une façon efficace de remettre sur un pied d’égalité toutes les pratiques sexuelles qu’elles quelles soient, qu’il s’agisse de la pénétration ou de n’importe quel autre acte que l’on qualifiait jusque-là de « préliminaires ». Car, comme l’explique Caroline Janvre : « la masturbation, mutuelle ou non, et le sexe oral (cunnilingus ou fellation) constituent des pratiques sexuelles à part entière. Elles n’attendent pas forcément de suite et n’arrivent pas forcément « au début » d’un rapport sexuel. Il n’y a pas de règles, sauf bien sûr le consentement. »

D’autant plus que les pratiques autres que la pénétration ont la cote chez les Français. « Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que les pratiques sexuelles les plus fréquentes en France ne relève pas forcément du ‘coït’ », confirme la psychologue sexologue. « Par exemple, la dernière enquête* réalisée auprès de plus de 12000 personnes en France montrait que ce qui est le plus pratiqué, c’est la masturbation mutuelle. »

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Pratiques préliminaires : comment s’y prendre pour faire monter le désir ?

Et pourtant, le terme a la peau dure. Encore aujourd’hui, « comment faire les préliminaires », « préliminaires première fois », « améliorer les préliminaires », « préliminaires, comment le rendre fou » sont des requêtes encore très souvent tapées sur Google. Car dans l’inconscient collectif, les « préliminaires » restent – uniquement – ces pratiques faisant grimper le désir et permettant au corps de se préparer à la pénétration. Ce qui est vrai et faux à la fois.

Qu’il s’agisse du cunnilingus, de la fellation, de la masturbation ou encore des caresses, ces pratiques peuvent participer en effet à préparer le corps au coït. Elles permettent à l’homme d’avoir une érection, à la femme de lubrifier son vagin. Pour les hommes, il suffit généralement de quelques secondes tandis que chez les femmes, plusieurs minutes sont bien souvent nécessaires. Il ne s’agit bien évidemment que de statistiques, à prendre donc avec des pincettes car comme pour tout en matière de sexualité, il est plus pertinent de réfléchir au cas par cas qu’aux généralités.

La masturbation, mutuelle ou non, et le sexe oral constituent des pratiques sexuelles à part entière.

Les caresses, les baisers – sur la bouche ou ailleurs -, la masturbation, les sextoys ou encore les jeux sexuels de toutes sortes peuvent donc constituer des pratiques « préliminaires amoureux » à la pénétration. Précipiter le coït alors que le corps n’est pas prêt peut être douloureux pour les femmes et devenir, à force, source de dyspareunie, causant de fortes douleurs pendant la pénétration. Ce fût le cas de Léa qui, au début de sa sexualité, ne supportait pas la pénétration. « Mon copain faisait les choses toujours très vite et j’avais systématiquement mal, voire très mal », explique la commerciale de 28 ans. « Pour moi, le sexe se résumait à ça et j’ai cru pendant longtemps que je n’aimerais jamais ça. » Sauf que lorsque Léa rencontre quelques années plus tard son nouveau mec, les choses évoluent. « Avec lui, on passait surtout du temps sur les caresses, le contact entre nos corps, les baisers, le sexe oral… c’est comme ça que j’ai eu mes premiers orgasmes. Et j’ai redécouvert la pratique de la pénétration petit à petit, ça n’avait rien à avoir avec mes premières expériences. »

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Les « préliminaires » sans acte de pénétration

Les pratiques dites « préliminaires sexuels » peuvent donc préparer le corps à l’orgasme. Mais pas que. Et la nuance est importante. Elles peuvent aussi se suffire à elle-mêmes, constituer une « pause » dans la pénétration pour repartir de plus belle – et atteindre ainsi le sacro-saint orgasme multiple – ou constituer une façon plutôt sympa de terminer un rapport si l’un des partenaires atteint l’orgasme avant l’autre.

Bref, il n’y a pas vraiment de règles, ni sur l’ordre de ces pratiques ni sur le temps à y accorder. « Si les personnes sont toutes les deux excitées et que leurs corps est en possibilité de faire telle ou telle pratique, tout peut se faire ou pas et dans n’importe quel ordre », précise la psychologue sexologue. « Bien sûr, pour certaines pratiques comme la sodomie, il faudra probablement un peu plus de temps entre la montée du désir et l’acte en lui-même pour que le ou les corps réagissent. »

L’experte conseille par ailleurs l’utilisation de lubrifiant pour la pénétration si l’on en ressent le besoin. Car, « même excité, le corps a parfois besoin d’un produit extérieur. Si l’on utilise des moyens de protection comme un préservatif, une digue dentaire, des gants on utilisera des gels à base d’eau ou compatibles. Sans moyen de protection, on peut choisir les gels du commerce ou même de l’huile de coco, de l’aloë Vera, de la salive, etc… »

Les préliminaires chez l’homme et chez la femme

Tout dépend de chacun, de sa libido et de son désir et de ses envies. Là encore, il est difficile d’établir des règles sur un sujet aussi subjectif que la sexualité et le désir. Si l’on s’intéresse aux statistiques, chez les femmes, les pratiques « préliminaires » sont généralement essentielles pour atteindre l’orgasme. Tout simplement car la plupart des femmes confient être plus sensibles à la stimulation externe du clitoris – via la masturbation, le cunnilingus ou les caresses – que par la stimulation interne de celui-ci. « Le clitoris est le seul organe dont l’unique fonction est le plaisir », rappelle l’experte.

Le sexe, c’est de la communication

Il serait donc bien dommage de l’ignorer ou de ne chercher à stimuler le clitoris uniquement via la pénétration. Excité via un cunnilingus ou de caresses, celui-ci permet également de préparer le corps à la pénétration si tel est l’objectif. Concernant les hommes, la fellation et la masturbation ont elles aussi la cote. Aussi bien seules que pour préparer la pénétration. Elles sont généralement particulièrement efficaces pour provoquer l’érection et donc, là encore, donner la possibilité du coït.

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La communication reste par ailleurs centrale. Aussi bien pour les hommes que pour les femmes. « Le sexe, c’est de la communication », rappelle Caroline Janvre. « Il peut être très difficile de demander à son ou sa partenaire ce dont on a envie et pourtant c’est un élément qui peut être central pour se sentir actrice et créer, maintenir ou augmenter l’excitation ». Si votre partenaire ne tergiverse pas franchement sur le sujet, observez ces réactions pour déterminer ce qui lui plait. « Quelque soit la ou les pratiques sexuelles, les partenaires porteront leur attention sur les réactions de l’autre : est-ce qu’il ou elle semble avoir du plaisir ? Est-ce que l’autre personne est actrice dans la situation ? Est-ce que si je lui propose telle chose, il ou elle répond de manière engagée ? Les réactions du corps sont aussi importantes à prendre en compte », confirme la psychologue sexologue.

Vous l’aurez compris, mis à part le consentement et la communication, il n’y a pas franchement de règles en matière de « préliminaires ». Qu’il s’agisse de votre première fois, d’un coup d’un soir ou de votre petite routine amoureuse et sexuelle, le déroulé de vos ébats n’appartient qu’à vous et votre partenaire. Le choix et l’ordre de vos pratiques sexuelles également, qu’elles soient considérées comme préliminaires ou non. De quoi réinventer vos ébats et sortir du traditionnel et plan-plan « préliminaires / pénétration / orgasme (généralement masculin) ». Il était temps.