par Anne-Laure Debaecker
Bienvenue à Gattaca, un film de science-fiction qui semble de plus en plus proche de la réalité. Dans cette société futuriste, seuls les individus dotés d’un patrimoine génétique idéal peuvent devenir astronautes. Mais Vincent, un “invalide” qui n’a pas été soumis à des manipulations génétiques, défie l’ordre établi pour réaliser son rêve d’aller dans l’espace.
Ce monde effrayant présente une fécondation in vitro standardisée comme norme, une discrimination envers les non-conformistes et un contrôle de l’humain par la machine. Bien que cela puisse sembler être de la pure fiction, quelques expériences récentes nous rappellent inévitablement cette dystopie.
Un exemple récent est l’approbation du projet de “fécondation in vitro avec remplacement mitochondrial” par le parlement britannique. Cette technique vise à changer la mitochondrie de l’ovule pour éviter la transmission de maladies génétiques. Si cette loi est approuvée par la chambre des Lords, le Royaume-Uni deviendra le premier pays à légaliser la fécondation in vitro “à trois parents”.
Le remplacement de la mitochondrie modifie non seulement le patrimoine génétique, mais aussi le patrimoine non-génétique de l’embryon. Bien que cela n’affecte pas l’apparence physique de l’enfant, cela modifie son ADN. Cette “avancée médicale” soulève de nombreux problèmes éthiques, tels que l’utilisation et le statut des dons d’ovules, les droits de la donneuse et les conséquences psychologiques et physiologiques pour l’enfant.
Cette pratique préventive, qui consiste à créer un être humain en neutralisant et remplaçant un gène spécifique, est un premier pas vers le “bébé à la carte”. Cette idée fait écho à une scène du film Bienvenue à Gattaca, où des parents se voient présenter quatre ovules “sains” exempts de prédispositions aux maladies héréditaires les plus graves, afin de choisir leur enfant.
Cependant, cette technique soulève des questions éthiques importantes. Il est essentiel de se demander si nous devons laisser une petite part de hasard dans la constitution de notre enfant. Comme le dit un spécialiste dans le film, “Votre enfant a-t-il besoin d’un fardeau supplémentaire ? Cet enfant est toujours vous, simplement le meilleur de vous.”
La réalité semble dépasser la science-fiction dans le domaine de la procréation assistée. Alors que nous faisons face à ces avancées médicales, il est crucial de maintenir une réflexion éthique et de prendre en compte les conséquences sur nos sociétés. Sommes-nous prêts à franchir cette ligne et à manipuler l’ADN même de nos enfants ?