L’ADEME vient de publier un avis très intéressant sur les véhicules électriques et les bornes de recharge. Cet avis prend en compte le fait que le marché des voitures particulières est en train de connaître une électrification massive. Cette transition est l’un des leviers essentiels pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Toutefois, cela nécessite une attention particulière afin de maximiser les avantages environnementaux, sociaux et économiques de cette électrification. L’objectif de cet avis de l’ADEME est donc de présenter l’état des connaissances sur les véhicules électriques et leurs utilisations, ainsi que de fournir un certain nombre de recommandations pour une transition vers la mobilité électrique efficace.
Mettre fin à l’obsession de l’autonomie toujours plus grande
Selon l’ADEME, tout au long de sa durée de vie, une voiture électrique a un impact carbone de 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle thermique similaire, à condition que sa batterie ait une capacité raisonnable. La recherche constante d’autonomie toujours plus grande n’est donc pas la meilleure solution. En effet, cela entraîne une augmentation de la taille de la batterie, ce qui a des effets négatifs multiples. Cela affecte non seulement le prix du véhicule, mais également son impact carbone lors de sa fabrication. Par conséquent, il est important de choisir un modèle aussi léger et efficace que possible, avec une capacité de batterie ne dépassant pas 60 kWh. Une telle capacité offre suffisamment d’autonomie (jusqu’à 450 km) pour une berline compacte. Au-delà de cette capacité, l’ADEME estime que l’avantage environnemental par rapport à un véhicule thermique n’est plus garanti.
Pour une démocratisation de la mobilité électrique
Le coût global d’une voiture électrique “compacte” rechargée à domicile est inférieur à celui d’un véhicule thermique. Ainsi, sur une période de 15 ans, avec une batterie de 40 kWh, l’économie par rapport à son homologue à essence s’élève à 8 000 euros. Cependant, le coût initial élevé constitue un frein à l’adoption de la mobilité électrique. L’ADEME plaide donc en faveur d’une démocratisation des véhicules électriques. Il est nécessaire de proposer des véhicules plus petits, sobres, abordables et adaptés aux déplacements quotidiens. De plus, le développement du marché de l’occasion permettra de réduire considérablement le coût total de possession, tout en prolongeant la durée de vie du véhicule. Cela favorisera l’adoption de la mobilité électrique par un plus grand nombre de personnes, avec des véhicules plus accessibles.
Limiter l’impact de la recharge sur le réseau électrique
Avec ses 69 428 points de charge au 1er septembre, le réseau de bornes de recharge reste encore insuffisant. Malgré une croissance significative (+49% en un an), ce manque perçu constitue un obstacle au déploiement de l’électromobilité. Les collectivités locales ont un rôle crucial à jouer dans la planification du déploiement des infrastructures de recharge avec la bonne puissance au bon endroit. Pour les déplacements quotidiens, l’ADEME recommande de favoriser la recharge à domicile et sur le lieu de travail. Elle plaide également en faveur du déploiement d’un réseau étendu de bornes de recharge simples et robustes. Des bornes de puissance “normale”, notamment pour la recharge en milieu urbain et pendant la nuit. Il est également essentiel de favoriser les techniques de gestion de la recharge, afin de mobiliser davantage d’électricité renouvelable à faible émission de carbone. Dans cette optique, l’utilisation de bornes associées à une production photovoltaïque semble être une solution à privilégier pour alléger la charge sur le réseau électrique.
Une réflexion nécessaire sur l’utilisation des véhicules électriques
En ce qui concerne les déplacements longue distance, l’ADEME estime qu’il est nécessaire de réfléchir à la gestion de la demande pour éviter les départs simultanés de plusieurs centaines de milliers de véhicules pendant les périodes estivales. Cette gestion de la demande favoriserait l’innovation en matière de mobilité intégrée et une utilisation optimisée des infrastructures. D’autres solutions devraient également être étudiées, telles qu’une utilisation accrue du train, associée au développement de services de véhicules adaptés aux lieux touristiques. Il est évident que reproduire le modèle d’utilisation des véhicules thermiques ne suffira pas pour la mobilité électrique. Le déploiement de véhicules à forte autonomie, plus lourds et ayant un impact plus important en termes d’émissions de CO2, soulève de nombreuses questions. L’ADEME invite donc à reconsidérer la place de l’automobile dans nos déplacements et à faire du véhicule électrique une composante parmi une offre de services de mobilité plus large et diversifiée.