Cela fait maintenant trois ans depuis la fin du service Autolib à Paris, et près d’un millier de voitures électriques Bluecar attendent une seconde vie. Les photos de ces voitures stockées à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) ont suscité beaucoup d’intérêt depuis le 5 mars 2021. Pourtant, contrairement à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, il ne s’agit pas d’un cimetière.
Des Autolib mises en vente ou en stockage après la mort du service
Les images des rangées de voitures délaissées sont impressionnantes. Prises le 5 mars par l’association spécialisée Vega Gex, ces voitures sont reconnaissables à leurs autocollants Autolib, un service qui a fonctionné de 2011 à 2018 à Paris.
La fin de ce service, pionnier à son époque, a été annoncée en juin 2018 par le Syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole et a été effective en août. Le service, qui accusait un lourd déficit de 233 millions d’euros, n’était pas rentable, ce qui a conduit à sa résiliation. Selon le groupe Bolloré, une procédure est toujours en cours au tribunal administratif de Paris.
En novembre de la même année, une centaine de Bluecar avaient été mises en vente au prix de 3 700 euros sur le parking d’un supermarché de Romorantin-Lanthenay. Cette ville, ancien berceau du fleuron automobile Matra, avait accueilli environ 3 000 de ces véhicules. D’autres ventes de voitures ont eu lieu, par paquets de 50, à des prix très abordables.
Stockage de plusieurs centaines de véhicules épinglé par la préfecture
Ces voitures, toutes marquées du slogan “Libre comme l’air”, n’ont pas encore trouvé leur nouvelle utilisation. Cependant, selon une source proche du dossier, un projet industriel est en cours pour leur donner une seconde vie. Bien que leur extérieur soit en mauvais état, leur intérieur est encore fonctionnel. Il est donc faux de prétendre qu’il s’agit d’un cimetière.
Environ un millier de Bluecar sont actuellement stockées sur deux sites proches à Romorantin, à 200 kilomètres de Paris : un parking et une zone industrielle défrichée. Ces sites ont été alimentés par les arrêts des services BlueLy et BlueCub, équivalents d’Autolib à Lyon et Bordeaux. Le groupe Bolloré indique que tous ses véhicules ont été vendus à la société qui gère ces sites.
Le deuxième site, d’une superficie d’environ deux hectares, a été acquis en décembre 2019 auprès de la Communauté de communes du Romorantinais pour 271 180 euros. Selon notre source, le terrain était une ancienne décharge recouverte de végétation. Les autorités sont informées du stockage des Bluecar à cet endroit.
En février 2020, la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) du Loir-et-Cher a constaté plusieurs infractions au code de l’environnement sur l’un des sites de stockage, celui en bitume. Deux arrêtés préfectoraux distincts ont donc été pris suite à une visite en février et à un incident survenu en juillet, lié à la sécurité incendie.
Le 15 mars, la DREAL a annoncé avoir effectué une nouvelle visite au début du mois de janvier 2021. Certaines mesures ont été prises depuis, mais la partie en bitume du parking et l’entrepôt ne sont toujours pas conformes. Un arrêté de suppression d’activité a été pris pour ce site, tandis qu’un deuxième arrêté demande la mise en place de mesures d’urgence non effectuées depuis juillet.
Le propriétaire du site dispose d’un mois pour répondre à ces injonctions et se mettre en règle. Dans le cas contraire, les arrêtés seront signés par le préfet. Le deuxième site, quant à lui, ne fait l’objet d’aucune injonction particulière.
Les batteries de toutes les voitures hors d’usage seront recyclées
Parmi les infractions constatées figurait le stockage en extérieur de quatre palettes de batteries 12 volts provenant de véhicules hors d’usage, sans rétention ni protection contre les intempéries. Ces palettes ont depuis été envoyées à une entreprise de recyclage de batteries. Aucune batterie n’est stockée sur place, et deux des trois infractions restantes sont en cours de résolution.
Ces batteries, produites en Bretagne, ne contiennent ni terres rares ni lithium et ne perdent pas d’énergie au fil des recharges, affirme le groupe Bolloré, qui continue de les utiliser pour ses bus. Le groupe se réjouit également de voir d’anciennes voitures d’autopartage être réutilisées par des particuliers.
Quant au site de Romorantin, notre source affirme qu’il n’y a aucun risque de pollution. Les composants électriques ont été isolés de l’humidité et l’aluminium utilisé pour la carrosserie empêche tout risque de rouille. La société gestionnaire du site a également suivi les recommandations des pompiers du département en matière de prévention des incendies, ce qui explique la disposition des véhicules.
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