Un week-end mouvementé en tant que famille d’accueil d’urgence

Un week-end d’une famille d’accueil d’urgence

Accueillir des enfants en urgence est une tâche exigeante qui nécessite une disponibilité permanente et un grand sens des responsabilités. Les familles d’accueil d’urgence jouent un rôle crucial en offrant un refuge immédiat aux enfants en situation de danger. Dans cet article, nous allons suivre le récit captivant d’un week-end d’astreinte d’une famille d’accueil d’urgence.

Vendredi 13 avril 2018 – Une nuit mouvementée commence

Il est 21h30 lorsque Laura, une jeune fille de 15 ans que j’accueille depuis treize jours, me souhaite une bonne nuit avant de se retirer dans sa chambre. Cependant, mon téléphone portable sonne à 23h00. C’est Madame Maest, la cadre de veille d’urgence de la Direction de la Solidarité Départementale, qui m’informe qu’un jeune garçon de 9 ans appelé Anton attend son accueil dans un commissariat éloigné. Je réalise alors que Laura a fugué, sa fenêtre est grande ouverte. Paniquée, je tente de la joindre, mais en vain. J’appelle Madame Maest pour l’informer de la situation et nous décidons des mesures à prendre. Je prends un café rapide, ferme la maison et me mets en route à 23h40. Une fois au commissariat à minuit et quart, je m’identifie, puis je me présente à Anton en lui promettant qu’il dormira chez moi. Le petit garçon, déboussolé, a besoin de réconfort et d’assurance. À 1h41 du matin, je rentre chez moi. Anton s’endort enfin. Je ne reçois aucune nouvelle de Laura, donc je suis les instructions de la cadre d’astreinte et signale sa fugue à la gendarmerie à 2h06. Seulement après tout ça, je peux enfin m’allonger et me reposer.

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Samedi 14 avril 2018 – Encore une journée chargée

À 8h45, Madame Maest me téléphone pour faire le point sur la situation des enfants. Toujours aucune nouvelle de Laura. Elle n’est pas rentrée et n’a pas donné de signe de vie. Pour ma part, j’ai un rendez-vous à 13h45 à la gendarmerie pour être auditionnée. En ce qui concerne Anton, le petit garçon n’a pas beaucoup dormi, s’est réveillé tôt et n’a presque rien mangé au petit-déjeuner. Il parle souvent de l’homme avec qui il voyageait et s’inquiète de savoir s’il restera en prison. Les parents d’Anton ont été alertés pendant la nuit et se trouvent au commissariat pour être entendus. Par contre, plusieurs tentatives de contact avec la maman de Laura se sont avérées infructueuses, comme m’informe Madame Maest à 10h30. Elle me rappelle ensuite pour me dire qu’Anton et moi sommes attendus au commissariat dès que possible. Je me mets en route une fois de plus à 11h10. Mais à 11h10, mon portable sonne à nouveau. Je me gare sur le bas-côté de la route et répond. Une nouvelle situation d’accueil d’urgence se présente. Une maman vient d’être placée en garde à vue et son bébé de 15 mois doit être accueilli rapidement. Étant loin du commissariat avec Anton, la cadre d’astreinte appelle exceptionnellement un autre collègue du dispositif des familles d’accueil d’urgence pour répondre à la demande. J’arrive finalement au commissariat à 11h25. Les parents d’Anton, toujours sous le choc des révélations faites par l’officier de police, sont assis dans la salle d’attente. La maman se précipite vers nous et prend son fils dans ses bras, s’excusant de ne pas avoir su la vérité et de lui avoir fait confiance. À 12h03, Anton repart avec ses parents. Je rassure la cadre d’astreinte en lui disant que tout s’est bien passé malgré le mouvement. À 12h19, je suis dans la salle de pause du commissariat, en train de boire un café offert avant de reprendre la route. À 13h45, je suis ponctuelle pour mon rendez-vous à la gendarmerie, où je suis auditionnée dans le cadre de la fugue de Laura. Après cette longue journée, je rentre enfin chez moi à 15h28.

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Dimanche 15 avril 2018 – De nouveaux rebondissements inattendus

Alors que je suis chez des amis à 14h31, je reçois un appel de la gendarmerie. Les choses se compliquent ! Une plainte a été déposée contre Laura et sa famille. Les révélations sont préoccupantes. Je contacte immédiatement la cadre d’astreinte pour lui faire part de la situation. Nous convenons de rappeler respectivement Laura et sa maman afin d’en savoir davantage et de leur rappeler l’importance de leur présence au tribunal le lendemain, où elles sont convoquées par la juge des enfants. À 19h09, mon portable sonne à nouveau. Madame Maest me sollicite pour une autre situation d’accueil. Gérald, un jeune garçon de 16 ans, est en fugue depuis une dizaine de jours et a été interpellé par la police. Il est maintenant au commissariat en attente de mon arrivée. Madame Maest me fait part des préoccupations des éducateurs du foyer, car l’adolescent, atteint de schizophrénie, est parti sans son traitement médical et peut se montrer extrêmement violent. Elle me demande de la tenir informée et de ne pas hésiter à la rappeler. Je me rends donc au commissariat, que je n’ai pas encore eu l’occasion de découvrir ce week-end, à 19h45. Avant de rencontrer Gérald, les policiers m’informent de ses antécédents judiciaires : délits, fugues répétées, condamnations, vols, agressions… Je me présente à lui en disant : “Bonjour, je m’appelle Véronique et je vais t’accueillir chez moi.” Après dix jours sans hygiène, soins, nourriture adéquate, et dix jours d’errance, Gérald est dans un état physique et psychologique désastreux. À 20h35, nous retournons chez moi. Je lui donne des vêtements propres et pendant qu’il se douche, je lave toutes ses affaires, y compris ses chaussures. À 20h50, je constate l’état déplorable de ses pieds. Je fais de mon mieux pour les soigner et les panser. À 21h08, nous préparons son lit avec une paire de draps. À 21h17, nous nous installons à table. Après dix jours de privation, Gérald dévore une quantité impressionnante de nourriture. À 21h45, Gérald s’effondre de fatigue et s’endort profondément. À 22h00, j’envoie un bref e-mail à la cadre d’astreinte en lui souhaitant une bonne nuit, espérant qu’il n’y aura pas de nouveaux appels.

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Lundi 16 avril 2018 – Fin de l’astreinte

La garde d’astreinte se termine pour moi à 10h00. Un collègue du dispositif des familles d’accueil d’urgence prend le relais pour la semaine à venir. À 10h10, je commence à organiser avec les équipes éducatives pluridisciplinaires la suite des accueils pour Laura et Gérald… Une fois de plus, je constate à quel point la vie d’une famille d’accueil d’urgence est imprévisible et exigeante.

Ces récits du quotidien montrent la réalité de ceux qui se dévouent pour accueillir des enfants en situation d’urgence et de vulnérabilité. Leur engagement et leur générosité sont essentiels pour offrir un soutien et un refuge à ceux qui en ont le plus besoin.