L’industrie automobile française se prépare à relever un défi ambitieux : la création d’une voiture du segment B, qui consommerait moins de 2 litres de carburant aux 100 kilomètres d’ici 2020. Ce modèle révolutionnaire serait une citadine polyvalente telle que la Clio ou la 208.
Un objectif écologique audacieux
Cette voiture consommerait moins de 2 litres de carburant mixte selon le cycle d’homologation en vigueur (NEDC). C’est une norme qui diffère considérablement de la consommation réelle des automobilistes, souvent supérieure de 30%. Néanmoins, cette avancée serait considérable puisqu’une citadine diesel consomme actuellement entre 3,2 et 3,5 litres aux 100 kilomètres, tandis qu’une voiture essence consomme entre 4 et 4,5 litres aux 100 kilomètres. Avec une réduction de consommation allant jusqu’à 2,5 litres, cette innovation est loin d’être négligeable.
Une voiture écoresponsable
En termes d’émissions de CO2, une consommation de moins de 2 litres aux 100 kilomètres équivaut à 46 g/km en essence et 53 g/km en diesel. Cette performance permettrait à cette voiture de bénéficier de la classification “véhicule décarboné” du règlement européen relatif au CO2, avec tous les avantages fiscaux qui en découlent. L’objectif est de proposer cette voiture à un prix abordable, proche de celui d’une Clio diesel en 2018, soit environ 15 000 €.
Une collaboration nationale
La Plateforme de la filière automobile française, qui rassemble les constructeurs nationaux PSA Peugeot Citroën et Renault, ainsi que les équipementiers Faurecia, Michelin, Plastic Omnium et Valeo, travaille activement sur ce projet. Leurs avancées, en partie soutenues par l’État français, seront présentées lors du Mondial de l’automobile à travers trois véhicules prototypes.
Des approches différentes
PSA a choisi de modifier des modèles existants, notamment la Peugeot 208 et la Citroën C4 Cactus. Cette solution offre une crédibilité supplémentaire, mais peut limiter les possibilités d’amélioration aérodynamique. De son côté, Renault a opté pour une approche innovante en concevant l’Eolab, un véhicule laboratoire entièrement repensé.
Les axes de développement
Pour atteindre une telle réduction de consommation, quatre axes de développement ont été définis : l’hybridation, l’optimisation du moteur thermique, l’amélioration de l’efficacité globale du véhicule grâce à l’allègement, l’aérodynamisme et les nouvelles technologies d’assistance à la conduite.
Deux solutions d’hybridation
Les deux projets français adoptent l’hybridation, ce qui est surprenant pour Renault, qui déclarait récemment que cette solution était une étape avant l’électrification totale. Les projets français renoncent également au diesel pour respecter le prix de vente visé.
Chez PSA, l’HYbrid Air repose sur un moteur essence 1,2 litre PureTech de 82 chevaux combiné à un groupe hydraulique. L’air comprimé stocké dans un réservoir fournit l’énergie nécessaire à l’entraînement du groupe hydraulique lors des accélérations.
Chez Renault, la solution choisie est une combinaison essence-électricité. Les batteries lithium-ion sont rechargeables sur secteur. Le petit moteur de 999 cm3 et 75 chevaux est associé à un moteur électrique de 40 kW via une boîte à trois rapports.
La voie vers l’efficacité énergétique
Ces projets permettent de réduire le poids des véhicules. Les travaux de PSA sur la 208 et le Cactus ont permis de réduire le poids de 100 kilogrammes grâce à l’utilisation d’aluminium et de composites. De son côté, Renault a réussi à alléger l’Eolab de 400 kilogrammes en optimisant la conception et en utilisant des matériaux plus légers.
L’aérodynamique au service de la consommation
L’Eolab de Renault présente une meilleure aérodynamique avec un SCx record de 0,47 m2. Les modifications apportées à la Peugeot et à la Citroën, telles que l’abaissement de la carrosserie, les volets actifs, les roues carénées et les caméras à la place des rétroviseurs extérieurs, permettent déjà une amélioration de 20 %. L’Eolab, avec sa carrosserie spécialement sculptée, pourrait encore améliorer cette efficacité de 10 %.
Les défis à relever
La réussite de ces projets est encore incertaine. PSA recherche un partenaire pour partager les coûts de développement de la technologie HYbrid Air. De son côté, Renault doit valider une solution hybride rechargeable, idéale en théorie mais plus lourde et difficile à rentabiliser pour un modèle compact. L’avenir dira qui avait raison. En attendant, les automobilistes peuvent se réjouir de voir poindre à l’horizon 2020 des citadines dont la consommation réelle sera vraisemblablement inférieure à 3 litres aux 100 kilomètres.
