Une petite histoire du changement climatique : de nouvelles découvertes scientifiques

Une petite histoire du changement climatique : de nouvelles découvertes scientifiques

Publié le 23 mars 2021

La préoccupation de l’homme envers l’action sur le climat remonte bien plus loin que ce que l’on pense. Quelles avancées scientifiques ont conduit à nos connaissances actuelles sur le changement climatique ?

On a souvent l’impression que le changement climatique est une préoccupation récente. Avant les années 80, il n’y avait pas de consensus scientifique sur l’origine anthropique du changement climatique. Il a fallu attendre les années 2000 pour que la société civile et la sphère politique s’emparent massivement de la question. Pourtant, l’homme s’intéresse au climat depuis bien plus longtemps que cela. Dès l’Antiquité, une définition du climat a été donnée, et dès le XVe siècle, il est devenu évident que les humains pouvaient agir sur le climat. Saviez-vous que Christophe Colomb parlait déjà de l’impact humain sur le climat ? Saviez-vous qu’une femme, Eunice Foote, avait été la première à prouver l’existence de l’effet de serre ? Saviez-vous que le réchauffement climatique avait longtemps été considéré comme bénéfique ? Nous approfondirons ces points et bien d’autres dans cette petite histoire du changement climatique.

XVe-XVIIIe : la reconnaissance de l’impact humain sur le climat

Climat et colonialisme

À la fin du XVe siècle, Christophe Colomb est l’un des premiers à rapporter que l’homme peut modifier le climat en modifiant son environnement. C’est ce que Fabien Locher et Jean-Baptiste Fressoz expliquent dans leur livre “Les révoltes du ciel, Une histoire du changement climatique du XVe au XXe siècle”. Lors de l’un de ses voyages aux Caraïbes, Christophe Colomb constate que les pluies diminuent lorsque des arbres sont coupés sur les îles. Cela est perçu comme positif car les pluies font pourrir les réserves de nourriture.

Cet argument va être utilisé pour soutenir la domination coloniale aux XVIe et XVIIe siècles. En Amérique et en Inde, par exemple, les populations autochtones sont accusées de ne pas entretenir leur environnement et de laisser un climat défavorable se développer. Les colons européens déboisent les territoires où ils arrivent, les rendent propices à la culture et ouvrent des chemins dans les forêts. Les colons modifient ainsi leur environnement et, par conséquent, le climat local. Ils justifient ainsi leur prise de possession des nouveaux territoires et l’asservissement des populations autochtones.

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Histoire de l’étude du climat

Le climat est étudié depuis l’Antiquité, où l’on définissait les zones torrides inhospitalières et les zones tempérées propices à la vie en fonction de la latitude et de la présence d’eau. Dans son ouvrage “Histoire naturelle” datant de 77 après J.-C., Pline l’Ancien évoque déjà la possibilité d’un impact de l’homme sur le climat.

À partir du XVIe siècle, les recherches sur le climat s’intensifient, motivées par les besoins du commerce international. Les colons ont besoin de connaître le climat des nouveaux territoires conquis pour savoir où s’installer, et les marchands veulent connaître la météo pour organiser leurs activités commerciales. En France, à partir de 1660, des enregistrements météorologiques réguliers sont réalisés. À partir de 1770, ces enregistrements sont étudiés rétrospectivement, marquant ainsi la naissance de la climatologie. Parallèlement, les chercheurs commencent à étudier les proxies climatiques, c’est-à-dire des indicateurs indirects du climat. Ils s’intéressent, par exemple, à l’évolution des glaciers en Suisse, à la répartition de la végétation ou à la date des vendanges.

Il est surprenant de constater qu’à cette époque, le changement climatique était perçu comme très positif car il améliorait les conditions de vie. Au XVIIe siècle, par exemple, les colons français au Canada ont contribué à un réchauffement du climat local en déboisant, en asséchant les marais et en cultivant les terres. Les récoltes étaient meilleures et les conditions de vie des colons étaient plus agréables. Ce changement climatique local a été utilisé par l’État français pour démontrer l’impact positif de la colonisation française sur le Canada.

Les premières inquiétudes des sciences climatiques

Cependant, les premières voix se sont élevées pour mettre en garde contre un possible impact négatif de l’action de l’homme sur le climat. En 1666, un médecin anglais en Jamaïque, Henry Stubbe, a rapporté que le climat de l’île s’était détérioré du fait de la déforestation causée par l’homme : moins d’arbres signifiait moins de pluie. 133 ans plus tard, le naturaliste Alexander von Humboldt fera le même constat au Venezuela. Il sera le premier à parler de dommages climatiques causés par l’homme.

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Au début du XIXe siècle, on commence également à parler de catastrophe climatique avec l’éruption du volcan Tambora en 1815. Cette éruption a provoqué l’émission de grandes quantités de cendres et d’aérosols dans la stratosphère, entraînant un hiver volcanique. Cela a conduit à des famines catastrophiques en Chine et en Inde, et à la mort de 90 000 personnes. Le climatologue français Volney fut le seul à faire le lien entre cette éruption et le refroidissement du climat à cette époque. Cependant, les inquiétudes et les questionnements concernant le climat se sont accrues dans la société. En 1821, le ministère de l’Intérieur français a lancé une grande enquête demandant aux préfets si le climat de leur département avait changé au cours des 30 dernières années et si l’homme en était responsable.

En 1824, le physicien français Joseph Fourier a conclu que “la température du sol est augmentée par l’interposition de l’atmosphère”. Il a ainsi découvert l’effet de serre. Mais c’est la chercheuse américaine Eunice Foote qui a prouvé pour la première fois l’existence de ce phénomène en 1856. Elle a également découvert que le CO2 retient particulièrement bien la chaleur. C’est finalement en 1896 que le Suédois Svante Arrhenius a modélisé la contribution du CO2 à l’effet de serre.

Fin du XIXe – milieu du XXe : un désintérêt pour le climat

Malgré ces importantes découvertes scientifiques, la société de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle se préoccupait beaucoup moins du climat. Les préoccupations liées aux changements climatiques potentiels ont été reléguées au second plan. Deux raisons expliquent cela. Tout d’abord, le développement des chemins de fer a rendu les sociétés occidentales moins vulnérables aux variations climatiques. En cas de mauvaises récoltes, elles pouvaient commercer avec les pays voisins. Deuxièmement, la science du climat, après d’importantes avancées, s’est retrouvée dans une impasse. Elle a développé de nombreux outils pour mesurer les changements climatiques, mais n’a pas été en mesure de prouver clairement l’impact de l’homme sur le climat.

1950 – aujourd’hui : la prise de conscience de l’ampleur du problème

L’accélération de la climatologie

La publication d’un article en 1957 a relancé la recherche. Roger Revelle et Hans Suess ont montré dans cet article que l’océan n’absorbe qu’une partie du CO2 : le reste s’accumule dans l’atmosphère. Ils ont décrit le réchauffement climatique comme “une expérience géophysique menée à grande échelle”, une expression devenue célèbre.

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À partir de là, tout s’est accéléré. À partir de 1958, le scientifique américain Charles Keeling a commencé à mesurer le taux de CO2 dans l’atmosphère à Mauna Loa. Dans les années 1970, ses observations montraient déjà une augmentation constante. Cette “courbe de Keeling” a alerté le monde sur la contribution humaine à l’effet de serre et au réchauffement climatique. Parallèlement, les scientifiques ont intensifié leurs efforts pour évaluer l’impact d’une concentration plus élevée de CO2 sur le climat. En 1979, l’Académie nationale des sciences des États-Unis a publié un rapport concluant qu’un doublement de la concentration de CO2 entraînerait une augmentation de la température de surface de 1,5 à 4,5 °C.

C’est également à cette époque que l’on a commencé à s’intéresser aux autres gaz à effet de serre. En 1975, des chercheurs américains ont publié un article montrant que le CO2 n’était pas le seul gaz à effet de serre émis par les activités humaines. Le terme “réchauffement climatique” est apparu pour la première fois cette année-là. Il a été inventé par le climatologue Wallace Broecker dans la revue Science. À la fin des années 1970, la science avait développé des modèles généraux de circulation atmosphérique mondiale. En 1987, la découverte du trou d’ozone stratosphérique a été faite. Le rapport Brundtland “Notre avenir en commun” a été publié.

La création du GIEC

Cette effervescence scientifique a conduit à la création, en 1988, du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat). Celui-ci a publié ses premiers rapports en 1990. Le rapport sur les preuves scientifiques du changement climatique a eu un retentissement mondial. Il a établi la responsabilité des êtres humains dans l’effet de serre. Ces rapports, associés aux événements climatiques extrêmes de la fin des années 1980, ont attiré beaucoup d’attention sur le changement climatique. Les négociations internationales ont pu commencer. En 1992, le Sommet de Rio, première conférence mondiale sur le changement climatique, a eu lieu.

Nous l’avons vu, les êtres humains se préoccupent depuis longtemps des questions climatiques. Depuis l’Antiquité, ils s’interrogent sur l’impact possible de l’homme sur le climat. Les avancées technologiques ont pu les éloigner de leur environnement et écarter temporairement la menace climatique. Cependant, ces dernières décennies, les préoccupations liées aux conditions climatiques ont refait surface. La science a progressé rapidement au cours des 50 dernières années, étant capable de prouver de manière définitive que l’homme est responsable du changement climatique par ses actions. Pourtant, ces découvertes scientifiques ne sont pas accompagnées de mesures politiques. Les négociations internationales sont dans l’impasse et n’aboutissent pas à des décisions efficaces. Il est temps que la réponse politique soit à la hauteur de l’inquiétude scientifique et de la société.

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