Votre enfant passe des heures sur son smartphone. Il est difficile de le faire décrocher de l’ordinateur. Il se sent perdu sans la 4G ou une connexion wifi… Comme de nombreux parents, vous pensez que votre enfant passe trop de temps devant les écrans. Mais à partir de quel moment devez-vous vous en préoccuper sérieusement ? Quels sont les signes d’alerte ? Et surtout, quelles solutions mettre en place pour remédier à cette pratique excessive ?
Quand faut-il s’inquiéter vraiment ?
Lorsqu’on parle d’addiction aux écrans, les jeux vidéo sont souvent le premier sujet qui vient à l’esprit. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs reconnu le trouble du jeu vidéo comme une véritable pathologie à part entière à l’été 2018.
Même si le sujet fait toujours débat, il est important de se rendre compte qu’une utilisation excessive des écrans, sans contrôle, peut poser problème.
C’est sérieux, docteur ?
En réalité, les jeux, les applications et les réseaux sociaux exercent une forte attraction sur les jeunes. La plupart sont conçus pour captiver l’attention des utilisateurs, certains ont même du mal à se détacher de leur appareil en raison d’une “peur obsessionnelle de rater quelque chose” : une notification, une mise à jour de statut, une breaking news… En ligne, il peut toujours se passer quelque chose d’important, même la nuit !
Si plus d’un tiers des jeunes admettent passer trop de temps en ligne, lorsque leur vie ne tourne plus autour du monde réel mais du monde virtuel, cela peut avoir des conséquences néfastes pour leur avenir.
Alors comment savoir si votre enfant a un usage problématique des écrans ?
Les signes d’alerte
- Votre enfant a du mal à contrôler le temps qu’il passe devant l’écran, il en veut toujours plus car c’est là qu’il se sent bien.
- Il nie ou minimise lorsque vous lui faites remarquer son utilisation excessive des écrans.
- Il devient agressif lorsque vous lui empêchez de se connecter.
- Votre enfant se sent vide ou déprimé lorsqu’il est loin des écrans et n’a aucun intérêt pour d’autres activités, même celles qu’il aimait auparavant.
- Il est plus agité, plus fatigué, moins curieux, moins concentré et ses résultats scolaires baissent.
- Votre enfant se renferme sur lui-même et préfère désormais les échanges en ligne aux interactions réelles…
Attention cependant à ne pas confondre une pratique problématique avec un simple intérêt passager. En effet, les jeunes ont tendance à expérimenter de nouveaux modes relationnels, cela fait partie de leur développement. Ils ont souvent tendance à se lasser au bout d’un certain temps…
Identifier ensemble les causes profondes
La solitude, l’ennui, le mal-être, la faible estime de soi, les difficultés relationnelles à la maison ou à l’école, l’absence de cadre, le sentiment d’échec… Ce sont autant de facteurs qui peuvent pousser votre enfant à se réfugier derrière les écrans pour trouver du réconfort. Les problèmes émotionnels lui semblent plus faciles à surmonter en jouant, en naviguant et en discutant en ligne.
Pourtant, une utilisation excessive des écrans aggrave l’anxiété et la dépression. Il est donc essentiel de ne pas laisser votre enfant tomber dans ce cercle vicieux, mais plutôt de l’encourager à vous parler de ses difficultés avec patience, délicatesse et bienveillance.
Des règles et astuces pour limiter l’excès
Pour lutter contre l’usage excessif des écrans, il serait contre-productif de tout interdire, votre enfant trouverait un moyen de continuer à surfer ailleurs ! L’objectif est de réduire progressivement ses habitudes pour les ramener à un niveau raisonnable.
- Définissez ensemble un cadre : fixez des plages horaires autorisées et un temps de connexion quotidien adapté aux différentes périodes de l’année.
- Prévenez-le un peu avant la coupure : “Il te reste un quart d’heure !”
- Demandez-lui de désactiver les notifications de ses applications sur son téléphone pour limiter les sollicitations intempestives.
- Créez des zones sans écran dans la maison : à table, dans sa chambre, etc.
- Installez un panier pour tous les appareils de la famille la nuit… loin des chambres.
- Faites-lui porter une montre pour qu’il ne regarde pas constamment l’heure sur son téléphone… et équipez sa chambre d’un réveil analogique : pas d’excuse pour garder son portable la nuit !
- Encouragez-le à pratiquer un sport et proposez autant que possible des activités en famille ou avec ses amis loin des écrans.
- Pourquoi ne pas instaurer une journée par semaine sans écran pour toute la famille ?
- Et surtout : montrez l’exemple ! Votre enfant vous écoutera davantage si vous-même adoptez une utilisation raisonnée des écrans.
Si malgré tout, la situation persiste et que les difficultés émotionnelles de votre enfant sont profondes et complexes, n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel ou à consulter votre médecin ! Car l’usage excessif des écrans est souvent le symptôme d’un problème sous-jacent qui doit être résolu.
L’essentiel à retenir
- Soyez attentif aux signes d’alerte : fatigue, repli sur soi, irritabilité loin des écrans…
- L’usage excessif des écrans peut traduire des difficultés émotionnelles ou sociales chez votre enfant, encouragez-le à se confier à vous ou à un professionnel si nécessaire.
- Intéressez-vous aux pratiques en ligne de votre enfant pour comprendre les règles et enjeux.
- Ne confondez pas un simple intérêt passager pour une nouvelle application ou un nouveau jeu avec une utilisation excessive des écrans.
- Il vaut mieux établir un cadre d’utilisation clair et compris par votre enfant plutôt que d’interdire totalement.
À savoir
Le manque de compétences médiatiques augmente le risque de ne pas pouvoir contrôler son utilisation des écrans (étude BLIKK 2017). Pour favoriser une utilisation responsable et critique du numérique, il est important de commencer à éduquer votre enfant dès l’âge de 3 ans en lui donnant une éducation aux médias adaptée à chaque étape de son développement.
En chiffres
- 49% des parents affirment que leur enfant passe toujours plus de temps sur internet que ce qu’ils souhaiteraient.
- 22% des parents estiment que leur enfant devient anxieux ou irrité lorsqu’il essaie de limiter son temps d’utilisation.
Source : Monitorage suisse des addictions, 2015