En cette période de fin d’année, où la voiture se tourne résolument vers l’électrique, les véhicules hybrides semblent être un cadeau de Noël idéal, n’est-ce pas ? Selon les constructeurs et les autorités publiques, ils permettent de réduire considérablement les émissions de CO2 sans compromettre nos habitudes : grande autonomie et recharge rapide si nécessaire. Cependant, la réalité est plus complexe que cela.
Différences entre hybride rechargeable et non-rechargeable
Il est essentiel de différencier les véhicules hybrides non rechargeables des véhicules rechargeables (VHR). Les premiers sont une amélioration des véhicules thermiques traditionnels, avec une plus grande électrification et une récupération d’énergie. Cependant, ils sont exclusivement alimentés par des carburants pétroliers. Les véhicules hybrides rechargeables, quant à eux, disposent de deux moteurs : thermique et électrique. Ils peuvent fonctionner en mode électrique sur une certaine distance, généralement entre 40 et 70 km. C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse ici.
Les véhicules hybrides rechargeables et les émissions de CO2
Malheureusement, les émissions homologuées (à travers les cycles NEDC ou WLTP) ne reflètent pas les émissions réelles des véhicules hybrides rechargeables. Selon une étude récente de l’ICCT & de l’Institut Fraunhofer, les émissions réelles de ces véhicules sont deux à quatre fois supérieures à celles certifiées ! De plus, les véhicules hybrides sont intrinsèquement plus lourds et plus coûteux que les modèles thermiques équivalents. Cette surcharge pondérale entraîne une consommation d’énergie supplémentaire et donc une moins bonne efficacité énergétique. En effet, il a été démontré que rouler principalement en mode thermique avec un véhicule hybride rechargeable conduit à des émissions plus élevées que celles d’un modèle thermique équivalent, comme le montre le graphique ci-dessous.
Comparaison des émissions de CO2 des véhicules hybrides rechargeables (PHEV) non chargés et de leurs équivalents thermiques (ICE) – gCO2/km
Les limites du kilométrage électrique effectif
De plus, le taux réel de kilométrage électrique des véhicules hybrides rechargeables est bien inférieur à leur taux théorique. Selon l’ICCT, seulement 37% des kilomètres sont effectués en mode électrique pour les voitures particulières, contre 69% selon le cycle NEDC, et 20% contre 63% pour les voitures de fonction. Cette réalité contribue également à des émissions beaucoup plus élevées que celles certifiées.
Le rôle des véhicules hybrides rechargeables
Faut-il pour autant rejeter les véhicules hybrides rechargeables ? Bien sûr que non (la poubelle serait trop petite). Ils permettent de décarboner certains segments spécifiques pour lesquels les voitures électriques ne sont pas adaptées, comme les taxis ou les personnes effectuant souvent de longs trajets professionnels et de courts trajets personnels. Cependant, dans la grande majorité des cas, la voiture électrique répond à 90 à 95% de nos besoins. Il est donc nécessaire de repenser notre rapport à la voiture et à la mobilité en général, en optant pour une petite voiture électrique pour les usages quotidiens et en envisageant d’autres moyens de transport pour les trajets exceptionnels, tels que les extensions d’autonomie, les trains ou la location de voitures… peut-être hybrides ?
En conclusion, les véhicules hybrides rechargeables présentent des avantages spécifiques, mais ne sont pas la solution idéale pour une décarbonation complète des transports routiers. Il est essentiel d’envisager d’autres alternatives, comme les véhicules électriques, pour répondre aux besoins de mobilité tout en préservant l’environnement.
Article rédigé par Nicolas Meunier (Consultant) nicolas.meunier@carbone4.com
